L’Harmattan, un vent sec et poussiéreux, traverse l’Afrique de l’Ouest chaque année entre décembre et avril, modifiant profondément les conditions climatiques et environnementales des régions qu’il traverse. Originaire du Sahara, ce phénomène est bien plus qu’un simple changement de temps : il a des effets majeurs sur la santé, l’agriculture et les écosystèmes locaux. Mais quelles sont exactement les causes et les impacts de l’Harmattan, et comment les populations peuvent-elles se protéger face à cette menace récurrente ?
Dans cet article, nos confrères du site d’information afriquinfos.com détaillent les origines de l’Harmattan, ses effets sur la santé des populations de l’Afrique de l’Ouest, ainsi que les solutions possibles pour atténuer ses conséquences néfastes. Leurs recherches sur les aléas climatiques dans cette région se concentrent sur l’impact de la saison sèche, et les menaces posées par des phénomènes comme l’Harmattan.
Les origines de l’Harmattan : un vent du Sahara
L’Harmattan est une masse d’air sec et poussiéreux qui prend naissance dans les hautes pressions sahariennes, au sud de l’Algérie, de la Libye et du Tchad, pour se déplacer vers l’Afrique de l’Ouest. Ce vent est particulièrement actif entre décembre et avril, lorsque les conditions météorologiques mondiales favorisent des déplacements d’air sec du nord (Sahara) vers le sud (Golfe de Guinée). Ce phénomène est directement lié à une grande différence de pression atmosphérique entre ces deux zones.
Pendant la saison sèche, l’air transporté par l’Harmattan est extrêmement sec car il traverse des zones désertiques, ce qui limite sa capacité à contenir de l’humidité. Cela engendre un assèchement marqué des régions affectées, contrastant avec la saison des pluies où l’air est plus humide et souvent influencé par la mousson.
L’un des facteurs qui intensifie l’Harmattan est le phénomène diurne, avec des journées très chaudes et des nuits fraîches, surtout entre mars et avril. Ce cycle thermique exacerbe la force du vent, en particulier la nuit, lorsque la stabilité de l’air près du sol permet à l’Harmattan de s’intensifier.
Effets de l’Harmattan sur la santé
L’Harmattan a des conséquences directes et indirectes sur la santé humaine en raison de ses caractéristiques spécifiques : un vent sec, chargé de poussières et de particules fines, souvent porteur de microbes et de parasites. Les principaux problèmes de santé liés à l’Harmattan incluent les infections respiratoires : les particules fines (PM2.5) transportées par le vent peuvent pénétrer profondément dans les poumons, augmentant les risques de bronchites, pneumonies et asthme, et aggravant les conditions respiratoires existantes ; les maladies infectieuses : l’Harmattan favorise la propagation de maladies telles que la tuberculose et la méningite, notamment en augmentant la concentration de bacilles dans l’air ; les problèmes de peau : la sécheresse cutanée, les irritations et les infections sont fréquentes en raison de l’exposition prolongée aux vents poussiéreux et l’augmentation de la mortalité infantile : des études ont montré qu’une hausse de la concentration de particules fines peut entraîner une augmentation significative de la mortalité infantile, notamment en raison des infections respiratoires.
Une étude a quantifié l’augmentation de 15 % de la concentration des particules fines (PM2.5) pendant l’Harmattan, entraînant une hausse de 24 % de la mortalité infantile, en raison de la dégradation de la qualité de l’air.
Impact environnemental et agricole
Outre les effets sanitaires, l’Harmattan a également des répercussions sur l’environnement et les écosystèmes à savoir l’érosion des sols : le vent sec et puissant favorise l’érosion éolienne, affectant la qualité des sols agricoles. Cela a un impact négatif sur la productivité des cultures, en particulier dans les zones sahéliennes ; l’évaporation de l’eau : l’air extrêmement sec accélère l’évaporation des plans d’eau de surface, réduisant les réserves d’eau disponibles pour l’agriculture et la consommation humaine et la réduction de la visibilité : la poussière transportée par l’Harmattan peut limiter la visibilité, perturbant la navigation aérienne et réduisant l’efficacité des panneaux solaires à cause des dépôts de poussière sur les installations photovoltaïques.
Comment se protéger de l’Harmattan ?
Face aux dangers de l’Harmattan, plusieurs mesures de protection peuvent être adoptées pour minimiser ses effets parmi lesquelles la protection des voies respiratoires : il est conseillé de porter des cache-nez ou des masques pour limiter l’inhalation de poussières et de particules fines ; l’hydratation et humidification : l’utilisation de solutions de lavage physiologique peut aider à maintenir l’humidité des voies respiratoires et de la peau et la vaccination : lorsque cela est possible, la vaccination contre des maladies comme la grippe, la tuberculose et la méningite peut réduire les risques de propagation de ces infections.
Renforcer la préparation face à l’Harmattan
Les efforts pour mieux comprendre et anticiper les effets de l’Harmattan sont essentiels pour réduire son impact sur les populations locales. En Afrique de l’Ouest, des scientifiques collaborent avec les services de prévisions météorologiques pour développer des indicateurs adaptés au grand public et mettre en place des systèmes d’alerte précoce simplifiés. Ces initiatives visent à renforcer la résilience des populations face à cette menace climatique récurrente.
Des campagnes de sensibilisation et des programmes d’amélioration de la surveillance de la qualité de l’air sont nécessaires, en particulier dans les zones urbaines où la pollution locale pourrait amplifier les effets néfastes de l’Harmattan.
Moctar FICOU / VivAfrik