Le projet « Élimination des polluants organiques persistants (POP) et des pesticides obsolètes et renforcement de la gestion du cycle de vie des pesticides au Bénin » a connu une phase d’évaluation finale permettant de dresser un bilan des actions menées et de proposer des recommandations pour une gestion plus durable des pesticides dans le pays. Ce projet, soutenu par plusieurs organisations internationales, a été mis en place pour répondre aux défis environnementaux et sanitaires liés à l’utilisation excessive de pesticides et à la gestion des polluants organiques persistants, substances hautement toxiques et persistantes dans l’environnement.
Contexte et objectifs du projet
L’usage des pesticides au Bénin, comme dans de nombreux pays en développement, a conduit à une contamination généralisée des sols et des ressources en eau, affectant ainsi la santé humaine et l’environnement. De plus, certains pesticides périmés ou non utilisés, souvent stockés de manière inappropriée, sont devenus des polluants organiques persistants. Ces produits chimiques sont connus pour leur grande toxicité, leur capacité à s’accumuler dans les chaînes alimentaires et leur persistance dans l’environnement pendant plusieurs décennies. Le projet visait donc à éliminer ces substances dangereuses et à renforcer les capacités nationales pour la gestion du cycle de vie des pesticides, depuis leur importation jusqu’à leur élimination finale.
Réalisations et résultats du projet
Au terme de sa mise en œuvre, plusieurs avancées significatives ont été enregistrées :
1 – Élimination des stocks de pesticides obsolètes et des polluants organiques persistants : Le projet a permis l’élimination de plusieurs tonnes de pesticides obsolètes et de substances chimiques dangereuses, qui étaient stockées dans des conditions précaires. Des incinérateurs et des procédés de dégradation sûrs ont été utilisés pour détruire ces produits chimiques de manière environnementalement responsable.
2 – Renforcement des capacités institutionnelles et techniques : des formations ont été dispensées aux autorités nationales, aux gestionnaires d’entrepôts et aux agriculteurs pour améliorer la gestion des pesticides, de leur stockage à leur utilisation. Un accent particulier a été mis sur la gestion du cycle de vie des pesticides, avec des outils de gestion et des mécanismes de contrôle renforcés.
3 – Sensibilisation et changement de comportement : des campagnes de sensibilisation ont été menées pour informer les communautés sur les risques associés à l’utilisation de pesticides obsolètes et aux dangers des polluants organiques persistants. L’objectif était de promouvoir des pratiques agricoles durables et de réduire l’utilisation excessive de produits chimiques dangereux.
4 – Mise en place d’une politique nationale de gestion des pesticides : le projet a joué un rôle clé dans l’élaboration et l’adoption de politiques et de réglementations nationales visant à encadrer l’utilisation des pesticides au Bénin. Une meilleure réglementation et un suivi renforcé permettent désormais de limiter les risques d’abus et d’améliorer la traçabilité des produits chimiques importés et utilisés dans le pays.
Défis rencontrés
Bien que des résultats positifs aient été obtenus, plusieurs défis sont apparus au cours de la mise en œuvre du projet. L’un des principaux obstacles a été la gestion des stocks de pesticides obsolètes dans des zones rurales éloignées, où l’accès aux infrastructures de stockage appropriées reste limité. De plus, la sensibilisation des agriculteurs aux dangers des pesticides, souvent favorisés pour leur efficacité, s’est heurtée à des résistances culturelles et économiques. La dépendance à ces produits chimiques, perçus comme indispensables pour garantir de bons rendements agricoles, demeure un frein important à une adoption plus large de pratiques agricoles durables.
Recommandations pour l’avenir
L’évaluation finale du projet a permis de formuler plusieurs recommandations pour pérenniser les résultats obtenus et garantir une gestion plus durable des pesticides au Bénin :
1 – Renforcer l’application des réglementations : il est essentiel que les autorités renforcent les mécanismes de contrôle et d’application des normes relatives à la gestion des pesticides. La mise en place d’une structure de supervision indépendante pourrait jouer un rôle clé dans la lutte contre les produits chimiques non conformes et les pratiques de stockage inadéquates.
2 – Promouvoir les alternatives écologiques : les agriculteurs doivent être encouragés à adopter des pratiques agricoles durables, comme l’agriculture biologique et l’utilisation de pesticides écologiques. Des programmes de formation supplémentaires sur ces alternatives pourraient contribuer à réduire la dépendance aux produits chimiques.
3 – Suivi et évaluation continus : le suivi de la gestion des stocks de pesticides, ainsi que des activités de sensibilisation, doit être poursuivi après la fin du projet. Cela permettrait de suivre l’évolution de la situation et d’adapter les interventions en fonction des besoins émergents.
4 – Améliorer la gestion des déchets chimiques : le gouvernement et les partenaires internationaux doivent poursuivre leurs efforts pour développer des infrastructures adéquates pour la gestion des déchets chimiques, en particulier dans les zones rurales. Des centres de collecte et de traitement des déchets chimiques doivent être établis à l’échelle nationale.
Le projet « Élimination des polluants organiques persistants et des pesticides obsolètes et renforcement de la gestion du cycle de vie des pesticides au Bénin » a atteint des résultats notables dans l’amélioration de la gestion des pesticides et la réduction des risques environnementaux. Cependant, pour garantir la pérennité des résultats obtenus et continuer à protéger la santé publique et l’environnement, des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment en matière de réglementation, de formation et de gestion des déchets.
Moctar FICOU / VivAfrik