Sommet Mission 300 : Le secteur privé plaide pour une ouverture du marché de l’électricité en Afrique pour le transport et la distribution

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Lors du Sommet de l’électricité en Afrique, Mission 300, qui s’est tenu du 27 au 28 janvier 2025 à Dar es Salaam en Tanzanie, des investisseurs privés majeurs du secteur de l’énergie ont réclamé l’ouverture du marché du transport et de la distribution de l’électricité en Afrique. Ils ont plaidé devant des dirigeants africains et des responsables d’institutions multilatérales pour un accès accru du secteur privé à ces domaines, jusqu’alors largement réservés aux entreprises publiques dans de nombreux pays africains. L’objectif : attirer davantage d’investissements pour résoudre la crise énergétique qui prive encore des millions d’Africains d’accès à l’électricité.

Parmi les intervenants de premier plan, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies ; Hussain AlNowais, président du groupe AMEA Power, géant émirati de l’énergie ; Aminu Umar-Sadiq, PDG de la Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA) ; et Makhtar Diop, directeur général de la Société financière internationale (SFI), ont unanimement souligné la nécessité de permettre au secteur privé de jouer un rôle actif dans le transport et la distribution de l’électricité, domaines clés pour assurer un accès énergétique fiable et pérenne à l’ensemble du continent.

Le Sommet, coorganisé par la Tanzanie, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), le Groupe de la Banque mondiale et l’Union africaine, a réuni une trentaine de chefs d’État et de responsables gouvernementaux, ainsi que des leaders d’institutions multilatérales, des philanthropes et des investisseurs, pour discuter des solutions aux défis énergétiques de l’Afrique.

Le rôle essentiel du secteur privé dans l’infrastructure énergétique

Lors du panel intitulé « Le rôle de l’investissement privé dans le secteur de l’énergie en Afrique », Makhtar Diop a fait valoir que le secteur privé est insuffisamment impliqué dans le financement du secteur de l’énergie en Afrique, notamment en ce qui concerne les infrastructures de transport de l’électricité. « Le premier défi est d’impliquer le secteur privé dans le financement du transport de l’électricité, qui est essentiel et critique », a souligné Diop. Il a rappelé que, si la production d’énergie est souvent financée par des acteurs privés, le transport et la distribution demeurent largement sous contrôle public dans de nombreux pays africains, freinant ainsi la capacité de développement des projets énergétiques.

Patrick Pouyanné a ajouté que la construction de centrales d’énergie renouvelable ne suffit pas. « Quand vous construisez une centrale d’énergie renouvelable, vous devez ensuite transporter cette électricité, et c’est là que réside le défi ». Il a regretté que plusieurs projets énergétiques se heurtent à des blocages faute de réseaux de transport adéquats pour acheminer l’électricité produite.

Des solutions pour surmonter les obstacles et accélérer la transition énergétique

Hussain AlNowais a insisté sur la nécessité pour les gouvernements d’investir dans les réseaux de distribution afin de maximiser l’impact des projets de production d’énergie. « La production est facile, mais comment évacuer l’électricité si le réseau est défaillant ? », a-t-il questionné. Il a cité des exemples réussis de réformes énergétiques, comme celles menées au Maroc, en Égypte et en Afrique du Sud, pour souligner l’importance de la réforme structurelle dans le secteur énergétique africain.

Les discussions ont également porté sur les garanties souveraines nécessaires pour développer les projets énergétiques. Patrick Pouyanné a mis en lumière l’importance d’établir des instruments de garantie pour encourager l’investissement privé, notamment dans les énergies renouvelables comme l’hydroélectricité et le solaire, où le potentiel est considérable. « Les institutions de financement ne devraient pas avoir peur, il n’y a pas de défaut de paiement dans ces projets », a-t-il insisté.

Dans ce cadre, la Société financière internationale (SFI) a annoncé un nouveau fonds d’un milliard de dollars destiné à prendre des participations dans des entreprises privées investissant dans les énergies renouvelables décentralisées, avec une première allocation de 70 millions de dollars pour des investissements au Nigeria.

Le gaz naturel, une composante clé de la transition énergétique

Le sommet a aussi abordé la question de l’évolution du secteur gazier en Afrique. Patrick Pouyanné a précisé que le gaz joue un rôle indispensable dans la transition énergétique, notamment pour assurer une fourniture d’électricité fiable et continue. « Si vous avez besoin d’électricité 24h/24, 7j/7, sans intermittence, vous devez combiner avec le gaz », a-t-il déclaré. Le GPL (gaz de pétrole liquéfié), selon lui, constitue une énergie propre et abordable, en particulier pour les besoins domestiques comme la cuisson.

La mobilisation du capital local et la convertibilité des monnaies

Aminu Umar-Sadiq a également insisté sur la nécessité de mobiliser davantage de capital local pour financer les infrastructures énergétiques, soulignant l’importance d’attirer des fonds propres en monnaie locale. Selon lui, la structure de capitalisation est essentielle pour garantir la durabilité des projets énergétiques en Afrique.

Le rôle des monnaies et de la convertibilité des devises a été également abordé. Hussain AlNowais a évoqué la difficulté pour les investisseurs de prendre des risques dans des marchés où la convertibilité des devises reste un obstacle majeur. Il a cité l’exemple du Togo, où AMEA Power a réussi à mettre en œuvre un projet en seulement quatorze mois, grâce à des réformes administratives favorisant la réduction des lourdeurs bureaucratiques.

Mission 300 : un objectif ambitieux pour l’accès à l’électricité en Afrique d’ici à 2030

Le Sommet Mission 300 a réuni des dirigeants africains et des investisseurs pour discuter d’une ambition commune : fournir un accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici 2030. Cet objectif sera atteint grâce à la mise en place de Pactes nationaux par les gouvernements, avec le soutien des partenaires techniques et financiers et des investissements privés.

Le sommet a permis de mettre en lumière l’importance de la coopération entre les secteurs public et privé pour assurer un avenir énergétique durable pour l’Afrique, en surmontant les obstacles financiers, en réformant les infrastructures et en exploitant les ressources naturelles du continent pour un développement inclusif.

Moctar FICOU / VivAfrik

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