Le Niger, comme beaucoup d’autres pays d’Afrique subsaharienne, repose sur les céréales comme pilier de son alimentation de base. Parmi ces céréales, le riz joue un rôle encore mineur dans l’approvisionnement local, malgré une demande en constante augmentation. Le gouvernement nigérien, conscient de la nécessité de diversifier et sécuriser son approvisionnement alimentaire, a décidé de mettre l’accent sur la production de riz local dans sa stratégie de développement agricole. Cet objectif s’inscrit dans une volonté d’atteindre une sécurité alimentaire durable pour la population du pays.
Le riz local, un pilier stratégique de la sécurité alimentaire au Niger
Lors de la cérémonie de clôture de la semaine de vente promotionnelle de riz local qui s’est tenue du 21 au 27 janvier 2024, le ministre de l’Agriculture, Ousmane Mahamane, a affirmé que le riz local devait devenir un pilier central de la stratégie nationale pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays. Cette initiative fait partie intégrante d’une politique plus large visant à augmenter la production alimentaire et à répondre aux besoins croissants d’une population en pleine expansion.
Le Programme grande irrigation : un projet clé pour doubler la production de riz
Le développement de la riziculture au Niger s’appuie sur plusieurs projets ambitieux, notamment le Programme Grande Irrigation (2024-2027). Ce programme vise à augmenter la production de riz paddy à plus de 300 000 tonnes par an d’ici 2027, soit deux fois la récolte de 142 500 tonnes enregistrée en 2023, selon les données de la Direction des statistiques agricoles. Ce programme bénéficie d’un financement important et s’inscrit dans une logique de durabilité et de modernisation des pratiques agricoles à grande échelle.
La Stratégie nationale de développement de la riziculture : une feuille de route ambitieuse
Dans le cadre de sa « Stratégie nationale de développement de la riziculture » (SNDR), lancée en 2022 avec un budget total de 653 millions de dollars, le gouvernement nigérien prévoit d’augmenter considérablement la production de riz. L’objectif est d’atteindre près de 1,4 million de tonnes de riz paddy d’ici 2032, un objectif ambitieux qui vise à réduire l’écart entre la production locale et les besoins croissants de consommation. Si cette ambition est réalisée, elle pourrait faire du riz local un produit essentiel sur le marché intérieur, tout en réduisant la dépendance aux importations.
Un marché local encore dominé par le mil et le sorgho
Cependant, malgré les ambitions du gouvernement, le riz demeure encore marginal dans la production locale de céréales. En 2023, la production totale de céréales au Niger s’est élevée à plus de 5 millions de tonnes, dont à peine 3 % étaient du riz, selon le ministère de l’Agriculture. Le mil et le sorgho, qui sont des cultures traditionnelles adaptées aux conditions climatiques du pays, dominent encore largement la production céréalière locale.
Croissance de la consommation et nécessité d’une production accrue
Il est toutefois important de noter que la consommation de riz par la population nigérienne est en forte croissance. Selon les données officielles, la consommation annuelle de riz par habitant est estimée à plus de 20,4 kg depuis 2018, avec une demande nationale atteignant environ 435 150 tonnes. Cette consommation devrait augmenter de manière significative dans les années à venir. Le ministère de l’Agriculture prévoit que les besoins en riz du pays pourraient atteindre 692 859 tonnes d’ici à 2030, en raison de l’augmentation de la population et de l’évolution des habitudes alimentaires.
Les défis à surmonter pour un approvisionnement local suffisant en riz
Le principal défi auquel fait face le Niger pour développer une production de riz suffisante est la réduction du déficit de production. Actuellement, le pays dépend largement des importations pour combler l’écart entre la production locale et les besoins de consommation croissants. Cette situation expose le pays à des vulnérabilités économiques et alimentaires, particulièrement face aux fluctuations des prix mondiaux du riz. En outre, les conditions climatiques et les défis liés à l’irrigation et à la gestion des ressources en eau compliquent davantage l’expansion de la riziculture.
Un avenir incertain mais prometteur pour la riziculture locale
Le Niger met donc un accent important sur la promotion de la riziculture locale pour renforcer la sécurité alimentaire, mais de nombreux défis subsistent. L’ambition du gouvernement de doubler la production de riz d’ici 2027 et de devenir un acteur majeur de la production rizicole en Afrique de l’Ouest repose sur des investissements significatifs dans l’irrigation et les infrastructures agricoles. Si ces projets ambitieux sont mis en œuvre avec succès, le riz pourrait devenir une culture clé pour l’autosuffisance alimentaire du pays, réduisant ainsi la dépendance aux importations et favorisant un développement agricole durable.
Moctar FICOU / VivAfrik