Lors de la cérémonie de la rentrée académique des auditeurs de la promotion 2024-2025 des programmes de Masters en défense et sécurité nationale, organisée par le Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS), le ministre Sénégalais des Forces armées, Birame Diop, a invité, jeudi 23 janvier 2025, les pays africains à adopter des stratégies efficaces et basées sur des expertises approfondies pour mieux gouverner leurs ressources naturelles. Il a souligné que la mauvaise gestion de ces ressources est l’une des principales causes des conflits récurrents sur le continent.
« Pour atteindre cet objectif, il est impératif d’élaborer une stratégie adaptée aux enjeux environnementaux et à la gouvernance des ressources naturelles. Et une stratégie efficace ne peut être mise en œuvre qu’avec une expertise de haut niveau », a déclaré le ministre. Cette déclaration s’inscrit dans le cadre du thème de la leçon inaugurale de l’année : « Environnement et gouvernance des ressources naturelles : quels enjeux sécuritaires et perspectives pour l’Afrique ? ».
Le Général Birame Diop a insisté sur la nécessité d’une prise de conscience collective face aux défis complexes et en constante évolution. « Les solutions ne peuvent être que globales et inclusives », a-t-il affirmé, appelant à une synergie des actions pour « repenser » la gestion des ressources naturelles en Afrique. Il a précisé que les enjeux étaient de taille et qu’il était crucial d’éviter que les décisions d’aujourd’hui ne compromettent l’avenir des générations futures.
Le ministre a également souligné que, bien que la coopération régionale et sous-régionale soit essentielle, elle ne suffira pas à elle seule. Il a plaidé pour une approche qui inclut tous les acteurs, de la société civile aux experts en sécurité, afin de garantir une gouvernance des ressources naturelles qui soit bénéfique pour l’ensemble du continent.
Le directeur général du CHEDS, le général de brigade Jean Diémé, a relevé la complexité croissante de la gestion des ressources naturelles, qui devient de plus en plus multidimensionnelle. Il a expliqué que la mauvaise gouvernance de ces ressources est directement responsable de nombreux conflits qui déstabilisent l’Afrique. « Ces défis pèsent lourdement sur la paix et la sécurité des pays de la région, d’autant plus que les changements environnementaux exigent des réponses coordonnées et intégrées », a-t-il ajouté.
Le professeur Cheikh Mbow, directeur général du Centre de Suivi Écologique (CSE), a ensuite livré une analyse approfondie sur les liens entre environnement et gouvernance des ressources naturelles. Selon lui, les richesses pétrolières d’un pays peuvent constituer à la fois un avantage économique et un facteur de vulnérabilité pour la sécurité nationale. Il a également évoqué les tensions générées par l’exploitation minière, soulignant que de nombreuses communautés, souvent soutenues par des organisations de la société civile et des défenseurs de l’environnement, s’opposent aux projets miniers en raison de leurs impacts environnementaux dévastateurs.
Le professeur Mbow a insisté sur le fait que l’idée selon laquelle l’instabilité de l’Afrique serait exclusivement liée à ses ressources naturelles est trop simpliste. « La réalité est que l’exploitation des ressources naturelles en Afrique façonne les relations socio-économiques et politiques dans un contexte de pauvreté qui fragilise nos États », a-t-il précisé. Il a aussi noté que de nombreux conflits armés et tensions géopolitiques sur le continent, notamment en Angola, en Libye, au Darfour, au Soudan, dans le delta du Niger (Nigéria) et dans la ceinture de cuivre du Zambèze, sont souvent liés à la présence de ces ressources naturelles.
Ainsi, Birame Diop et ses homologues ont mis en lumière l’importance d’adopter des stratégies de gouvernance des ressources naturelles qui soient à la fois inclusives, durables et fondées sur une expertise pointue pour garantir la stabilité et le développement durable en Afrique.
Moctar FICOU / VivAfrik