Dans un contexte de réorganisation et de révision des politiques foncières à Dakar et à Thiès, le Premier ministre sénégalais a ordonné l’annulation de plusieurs attributions foncières après les rapports du Comité technique sur la gestion du foncier. Cette décision survient après une évaluation de la situation foncière menée par le gouvernement, qui a suscité un débat sur la transparence et l’équité de certaines opérations.
Annulation des attributions dans les zones sensibles
Le Premier ministre a demandé au ministre des Finances et du Budget (MFB) d’annuler les attributions des lotissements Eogen et Eogen-Extension, situés dans une zone militaire. L’argument principal étant que ces projets sont « implantés sur une zone militaire », une mesure qui semble être une réponse à la nécessité de protéger les zones stratégiques et sensibles du pays. En outre, il a également été ordonné l’annulation des attributions sur certaines parcelles situées entre l’océan Atlantique et la Voie de dégagement nord (VDN), dans des zones telles que les Plans d’urbanisme de détail (PUD) de Guédiawaye, Yeumbeul-Malika-Tivaouane Peulh, ainsi que la Nouvelle Ville de Thiès.
Les objectifs des annulations
Les décisions de réaménagement font suite à une série de préoccupations environnementales et d’aménagement du territoire. Le Premier ministre a proposé que les équipements publics, tels que les infrastructures de transport et les espaces publics, soient réimplantés dans les projets d’aménagement. Il a également insisté sur la nécessité de mener à terme les études d’impact environnemental pour assurer la durabilité de ces projets.
Concernant le PUD de Yeumbeul-Malika-Tivaouane Peulh, un réaménagement est prévu, prenant en compte les demandes des collectifs locaux, avant toute levée de suspension de construction. Le Premier ministre a demandé que des mesures correctives strictes soient appliquées, notamment pour les attributions multiples et celles portant sur de grandes surfaces, afin de garantir une gestion foncière plus transparente et équitable.
Impact sur le secteur foncier à Dakar et Thiès
Ces annulations affectent plusieurs projets immobiliers à Dakar et à Thiès, notamment les lotissements comme Hangar des pèlerins, Boa, Recasement 2, Pointe Sarène, Ndiébène-Gandiole, ainsi que ceux des PUD de Guédiawaye et de la Nouvelle Ville de Thiès. Le gouvernement a annoncé une prolongation de la mesure suspensive de 45 jours sur ces projets, avec pour objectif de réévaluer leur conformité et de lever la suspension pour les projets en règle.
Les propriétaires des terrains devront remplir un formulaire d’identification de lots auprès de la Direction générale de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DGSCOS) pour pouvoir récupérer leurs droits. Toutefois, cette situation pourrait entraîner des tensions juridiques et affecter davantage la confiance des investisseurs dans le secteur foncier, déjà en crise à la suite des précédentes décisions de gel de construction initiées par le gouvernement de Diomaye-Sonko.
Conséquences potentielles pour le secteur de la construction
Le secteur du BTP (bâtiment et travaux publics) a été particulièrement touché par ces décisions. De nombreux acteurs du secteur se retrouvent dans l’incertitude, ce qui pourrait aggraver la crise déjà présente. Les annulations d’attributions risquent d’intensifier les contentieux juridiques, d’autant plus que certaines décisions sont perçues comme étant prises dans un contexte de révision systématique des pratiques foncières. Le gel des constructions avait d’ailleurs marqué un tournant dans la gouvernance de la gestion foncière, amorcée par l’équipe gouvernementale actuelle.
Prochaines étapes
Le gouvernement prévoit que les rapports finaux lui parviennent avant le 31 janvier 2025, et a demandé une application stricte des recommandations pour chaque lotissement. Les mesures d’annulation visent à restaurer une gestion foncière plus rigoureuse et transparente, mais elles risquent également d’aggraver la situation de nombreux citoyens et investisseurs dans la région de Dakar et Thiès.
Moctar FICOU / VivAfrik