Le Soudan fait face à une crise humanitaire de grande ampleur, avec des milliers de déplacés et un risque de famine généralisée, ont rapporté les Nations Unies, plus précisément l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette situation dévastatrice est principalement due aux affrontements violents entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dirigé par Mohamed Hamdan Daglo.
Des milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers dans le sud du Soudan, principalement dans la région du Kordofan-Nord, où des combats intenses ont éclaté entre les forces gouvernementales et les FSR. Selon l’OIM, entre 1 000 et 3 000 foyers ont été déplacés de la ville d’Oum Rawaba, la deuxième plus grande ville de la région, à environ 100 km à l’est d’El Obeid, capitale du Kordofan-Nord. Les affrontements se sont intensifiés la semaine dernière, lorsque l’armée soudanaise a avancé vers l’État d’Al-Jazira, situé à quelque 300 km à l’est.
À ce jour, plus de 205 000 personnes ont été déplacées dans la région du Kordofan-Nord, portant à 11,5 millions le nombre total de déplacés à l’échelle nationale, dont 2,7 millions de personnes déplacées par les conflits précédents. Cette situation fait du Soudan la plus grande crise de déplacements forcés au monde.
Le conflit, qui a éclaté en avril 2023, a également causé des dizaines de milliers de morts et a plongé le pays dans une grave crise alimentaire. Cinq régions du Soudan sont actuellement en situation de famine, selon les évaluations de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et du Système de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Cette situation pourrait empirer, avec des prévisions annonçant une extension de la famine dans cinq autres districts du Darfour d’ici à mai 2025. La violence continue dans cette région a grandement contribué à l’aggravation de la situation humanitaire.
L’IPC a également indiqué que 350 000 personnes dans le Kordofan-Nord sont actuellement en « phase d’urgence » en raison de l’insécurité alimentaire. À ce stade critique, la malnutrition aiguë est extrêmement élevée et la mortalité atteint des niveaux alarmants. La crise alimentaire touche de manière disproportionnée la population soudanaise, avec près de la moitié des 24,6 millions de personnes dans le pays confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë.
Les Nations Unies et les agences humanitaires appellent à une réponse urgente pour venir en aide aux populations touchées par le conflit, la famine et les déplacements massifs. Le besoin de soutien alimentaire, d’abris et de soins médicaux est devenu vital pour éviter une catastrophe humanitaire de plus grande envergure.
Le Soudan, plongé dans cette crise sans fin, voit son avenir incertain alors que la guerre continue d’opposer le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise, à son ancien allié et adjoint, Mohamed Hamdan Daglo, leader des FSR. Les conséquences de ce conflit risquent de se faire sentir pendant de nombreuses années, à moins d’une résolution rapide et efficace du conflit et d’une aide humanitaire substantielle.
Moctar FICOU / VivAfrik
