25 GW d’ici à 2050 : Comment l’Afrique peut devenir un leader mondial de la géothermie et relever les défis énergétiques du continent

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L’Afrique, un continent où près de 600 millions de personnes vivent sans électricité, pourrait devenir d’ici à 2050 le leader mondial de la géothermie, selon un rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). À une époque où les objectifs climatiques mondiaux exigent une transition vers des énergies plus propres, la géothermie se présente comme une solution clé pour répondre à la demande énergétique croissante tout en contribuant à la décarbonation du secteur énergétique. Ce potentiel, selon l’AIE, reste largement sous-exploité, malgré les ressources géothermiques abondantes que possède le continent.

L’énorme potentiel géothermique de l’Afrique : un objectif de 25 GW d’ici à 2050

D’après le rapport de l’AIE intitulé « The Future of Geothermal Energy », l’Afrique pourrait se hisser au sommet du classement des régions avec la plus grande capacité géothermique installée d’ici 2050. Grâce à des réformes macroéconomiques favorables et à un soutien politique renforcé, l’Afrique pourrait débloquer jusqu’à 25 GW de capacité géothermique, un volume supérieur à celui de toute autre région au monde. L’Agence prévoit deux scénarios de croissance pour la géothermie mondiale. Dans le premier, la capacité géothermique mondiale pourrait croître de près de 50 % d’ici 2030, atteignant 22 GW, et 60 GW d’ici 2050. En revanche, dans un scénario plus optimiste, la capacité mondiale pourrait dépasser 80 GW si des projets sont accélérés et que des forages sont autorisés dans le monde entier.

Une géothermie clé pour répondre à la demande croissante d’énergie

L’Afrique devrait connaître la plus grande expansion de capacité géothermique au monde, en raison de la présence de vastes ressources géothermiques, notamment dans la région de la Vallée du Rift, une zone volcanique traversant des pays comme le Kenya, l’Éthiopie et la Tanzanie. Ces ressources géothermiques conventionnelles sont encore largement inexploitées, ce qui présente une opportunité de croissance considérable pour l’Afrique. En réponse à une demande énergétique en forte croissance, ces ressources pourraient être exploitées de manière rentable, bien que le déploiement rapide des énergies solaires et éoliennes dans plusieurs pays africains puisse entraîner des défis d’intégration en raison des infrastructures de réseau insuffisantes.

Le rôle du Kenya dans l’expansion géothermique en Afrique

Le Kenya occupe déjà une place prépondérante dans la production géothermique en Afrique. En 2023, le pays faisait partie des trois principaux contributeurs à l’expansion mondiale de la capacité géothermique, aux côtés de la Turquie et de l’Indonésie. Le Kenya prévoit de presque doubler sa capacité géothermique d’ici 2030, ce qui pourrait inspirer d’autres nations africaines disposant de ressources similaires, telles que l’Éthiopie et la Tanzanie. Ces deux pays bénéficient déjà de subventions directes pour soutenir les activités de forage, et pourraient capitaliser sur les avancées technologiques récentes dans le secteur géothermique.

Technologies innovantes : un levier pour l’avenir de la géothermie en Afrique

Les récentes avancées technologiques, telles que les systèmes géothermiques améliorés (EGS) et les systèmes à boucle fermée (AGS), jouent un rôle clé dans l’accessibilité des ressources géothermiques jusque-là inexploitables. Ces technologies permettent de percer des réservoirs géothermiques plus profonds et d’accroître le potentiel de nombreux pays africains. Par ailleurs, l’industrie pétrolière et gazière, forte de son expertise en forage profond et en gestion de grands projets, pourrait également faciliter l’expansion de la géothermie en Afrique, contribuant ainsi à la transition énergétique durable du continent.

Les obstacles au développement de la géothermie en Afrique : coûts et financements

Malgré le potentiel considérable, le développement de la géothermie en Afrique fait face à plusieurs obstacles, notamment les coûts élevés des projets et la rentabilité lente à atteindre. Pour surmonter ces défis, l’AIE recommande la mise en place de politiques publiques claires, de mécanismes de réduction des risques, ainsi que des subventions, des prêts subventionnés et des incitations fiscales. Sans un cadre favorable, le potentiel géothermique du continent risque de rester largement inexploité.

L’appel à des investissements massifs et une accélération des projets géothermiques

L’AIE souligne également que la croissance mondiale de la capacité géothermique a été inégale ces dernières années, avec une moyenne annuelle d’ajout de capacité de 0,4 GW entre 2018 et 2022, qui est tombée à seulement 0,1 GW en 2023. Toutefois, l’AIE estime qu’une dynamique de croissance pourrait s’accélérer après 2030, à condition que des mécanismes d’atténuation des risques soient mis en place pour attirer les investisseurs. Avec un soutien politique accru et des innovations technologiques réduisant les coûts de production, les investissements dans la géothermie pourraient atteindre 2,5 trillions de dollars d’ici à 2050.

Répondre aux besoins énergétiques en Afrique et contribuer aux objectifs climatiques mondiaux

Cette dynamique géothermique pourrait offrir une solution face à la demande énergétique croissante en Afrique, où environ 600 millions de personnes vivent encore sans accès à l’électricité. De plus, la géothermie pourrait contribuer à la décarbonation du mix énergétique africain, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles fossiles. Selon Climate Analytics, les 49 pays d’Afrique subsaharienne devront ajouter 260 gigawatts de capacités d’énergies renouvelables d’ici 2030 pour atteindre leurs objectifs climatiques.

Cependant, il est essentiel de noter que l’avenir énergétique de l’Afrique ne pourra pas se reposer uniquement sur la géothermie. Pour réussir cette transition énergétique, la géothermie devra faire partie d’une stratégie globale combinant diverses sources d’énergies renouvelables et des investissements massifs dans les infrastructures. L’Afrique pourrait ainsi jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux tout en satisfaisant ses besoins énergétiques internes.

Moctar FICOU / VivAfrik

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