Un atelier de clôture marquant la fin du projet intitulé « Interventions ciblées sur les émissions de méthane des déchets en Afrique du Nord et de l’Ouest », est organisé à Dakar au Sénégal le jeudi 19 décembre 2024. Ce projet a été mis en œuvre par le Global Green Growth Institute (GGGI), en partenariat avec le Global Methane Hub. L’objectif principal du projet est de réduire les émissions de méthane issues des déchets, un gaz à effet de serre responsable d’une part importante du réchauffement climatique. L’atelier est présidé par Sana Diop, Conseillère technique du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique du Sénégal.
Contexte et enjeux du projet
Les émissions de méthane issues du secteur des déchets représentent une part considérable des Gaz à effet de serre (GES) produits dans le monde, contribuant à près de 20% des émissions mondiales de méthane d’origine anthropique. Le méthane, bien que possédant une durée de vie plus courte que le dioxyde de carbone, est environ 25 fois plus puissant pour piéger la chaleur dans l’atmosphère, contribuant ainsi de manière significative au réchauffement climatique.
Dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest et du Nord est confrontée à des défis environnementaux croissants, ce projet a pour objectif de réduire les émissions de méthane, en particulier à travers une meilleure gestion des déchets organiques. Le Global Methane Hub a lancé ce programme pour soutenir les initiatives de réduction du méthane dans plusieurs pays en développement, dont le Maroc, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
Les objectifs du projet et ses composantes
Le projet a pour ambition d’aider ces pays à adopter des politiques et des technologies visant à réduire les émissions de méthane des déchets. Au Sénégal, le projet cible principalement l’industrie alimentaire et agroalimentaire, secteur clé du pays, où une grande quantité de déchets organiques peut être valorisée pour réduire les émissions.
Trois composantes principales ont été mises en place dans le cadre de ce projet à savoir l’élaboration de politiques et réglementations visant à la réduction des émissions de méthane, avec un focus particulier sur l’utilisation du biodigestat au Maroc ; le développement d’outils pour suivre les émissions de méthane des déchets en Côte d’Ivoire et la création d’un pipeline d’investissement pour réduire le méthane issu des déchets et effluents générés par l’industrie agroalimentaire au Sénégal.
Focus sur le Sénégal et l’industrie agroalimentaire
Le Sénégal, avec sa forte industrie agroalimentaire, offre un potentiel considérable pour la réduction des émissions de méthane grâce à la valorisation des déchets organiques. Des secteurs comme les usines de boissons, les abattoirs ou la transformation des fruits génèrent une quantité importante de déchets qui peuvent être transformés en bioénergie ou en compost, contribuant ainsi à la réduction des émissions de méthane tout en apportant des bénéfices économiques.
Alors qu’elle présidait la cérémonie officielle de cet atelier de clôture, Sana Diop, conseillère technique du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique (METE), a souligné l’importance stratégique de ce projet pour le Sénégal.
« Nous voulons ériger notre pays en modèle dans la marche vers la transition écologique. Ce qui est révélateur dans la mise en œuvre de ce projet reste le ciblage de ces entreprises agro-alimentaires avec leur forte émission de gaz à effet de serre et particulièrement du méthane. À travers cette intervention, le GGGI leur a offert une opportunité unique d’assumer leur responsabilité à travers la conception d’une mise à niveau qui, non seulement leur permettrait de s’aligner à leur responsabilité sociétale, mais aussi de réaliser des gains économiques substantiels à travers la transformation des déchets organiques en bioénergie ou en compost par la mise en place de technologies précises. »
Cette initiative permet aux entreprises de réduire leur empreinte carbone tout en adoptant des solutions écologiques qui génèrent des revenus.
Activités menées et mise en œuvre du projet
Depuis janvier 2024, plusieurs activités ont été menées au Sénégal pour mettre en œuvre ce projet. Ces activités incluent la sélection des entreprises agroalimentaires éligibles au projet, l’identification des technologies de valorisation appropriées et la réalisation d’études de préfaisabilité en collaboration avec un cabinet externe. Ces études ont permis de mieux comprendre les barrières financières, techniques et réglementaires à la mise en œuvre de projets de valorisation des déchets. Un processus innovant et participatif a été adopté, impliquant des partenaires locaux tels que le ministère de l’Environnement, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le Bureau de mise à niveau, l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (ANER) et plusieurs entreprises privées et organisations locales.
Un projet phare pour la réduction des émissions de méthane en Afrique
Le projet « Interventions ciblées sur les émissions de méthane des déchets » représente une étape importante dans la lutte contre le changement climatique en Afrique. Grâce à des politiques favorables, des technologies de valorisation des déchets et une collaboration étroite avec les acteurs locaux, ce projet offre une opportunité unique de réduire les émissions de méthane tout en générant des bénéfices économiques pour les entreprises et les communautés locales.
L’atelier de clôture sera une occasion de réfléchir à la durabilité des actions entreprises et de tracer la voie pour des solutions pérennes en matière de gestion des déchets et de réduction des émissions de méthane, en particulier dans des secteurs aussi stratégiques que l’agro-industrie.
Moctar FICOU / VivAfrik