Après deux semaines de négociations intenses, la COP16 sur la dégradation des terres, qui s’est tenue à Riyad en Arabie Saoudite depuis le 2 décembre 2024 a pris fin dans la nuit du vendredi 13 décembre 2024. Alors que les discussions sur la sécheresse occupaient une place centrale, aucun accord n’a été trouvé. Les négociateurs ont décidé de repousser cette question cruciale à la prochaine COP désertification, prévue dans deux ans en Mongolie, laissant un vide préoccupant sur un enjeu majeur pour la planète.
Un bilan accablant sur l’état des sols
Lors de cette COP, le comité scientifique de la convention a publié un rapport alarmant sur l’état des sols à travers le monde. Plus de trois quarts des terres émergées ont connu des conditions de sécheresse accrues au cours des trois dernières décennies, avec des impacts dramatiques pour l’agriculture, la biodiversité, et les populations locales. Selon ce rapport, 2,3 milliards de personnes souffrent déjà des conséquences de la sécheresse et de l’aridité. Bien que la science ait clairement établi l’urgence d’agir, ce sujet crucial n’a pas été inscrit en tête de l’agenda politique mondial.
L’échec multidimensionnel de la COP16
La conférence de Riyad est un échec retentissant sur plusieurs fronts. D’abord, c’est un échec du multilatéralisme. Le groupe Afrique, qui plaidait pour des mesures concrètes et contraignantes face à la sécheresse, n’a pas réussi à faire entendre sa voix. Ce groupe, qui considère la COP désertification comme un espace stratégique pour aborder ses enjeux spécifiques, n’a pas obtenu de résultats concrets. Les États africains, en particulier, n’ont pas réussi à faire respecter leurs positions, malgré les attentes qu’ils nourrissaient pour cette conférence qui, pour eux, devait répondre à des besoins pressants.
Ensuite, c’est un échec des pays occidentaux, qui ont privilégié leurs propres intérêts économiques au détriment de l’intérêt commun et de la lutte contre la désertification. L’absence de volonté politique de certains pays développés a contribué à l’impasse sur la question de la sécheresse. Enfin, c’est un échec de l’Arabie Saoudite, pays hôte, qui cherchait à obtenir un accord ambitieux pour affirmer son rôle d’acteur environnemental majeur, mais qui a échoué à faire avancer la cause de la désertification. Le royaume, bien que présidant la conférence, a peiné à convaincre ses partenaires internationaux de l’urgence climatique liée à la désertification et à la sécheresse.
Un silence accablant de la part des délégations
Malgré les lourdes attentes et l’incapacité à parvenir à une décision sur ce sujet crucial, aucune délégation ne s’est risquée à commenter publiquement la situation, étouffée par la honte du manque d’avancées concrètes. À l’issue des négociations, aucune déclaration officielle n’a été faite par les délégations présentes, renforçant l’impression d’un consensus qui tarde à émerger. La question de la sécheresse, si importante pour l’avenir des terres et des populations, est désormais reportée à la prochaine COP désertification, qui aura lieu en 2026 en Mongolie.
Cet échec met en lumière les faiblesses persistantes du système multilatéral, où les intérêts économiques l’emportent souvent sur la solidarité internationale et l’urgence climatique.
Moctar FICOU / VivAfrik