COP16 désertification : Le blocage sur la sécheresse retarde la déclaration finale à Riyad

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Les négociations de la COP16 sur la désertification, qui se tiennent actuellement à Riyad, en Arabie saoudite, n’ont pas encore abouti à une conclusion. Bien que la conférence soit censée se clore aujourd’hui, la déclaration finale tarde toujours à être adoptée. Le principal point de friction concerne les mesures à prendre face à la sécheresse, un enjeu crucial pour la gestion de la désertification mondiale.

Le contexte de la sécheresse et de la dégradation des sols

La situation est critique : 40 % des terres mondiales sont actuellement dégradées, en grande partie à cause de l’agriculture intensive et du réchauffement climatique. Celui-ci entraîne une intensification et une fréquence accrues des sécheresses, affectant directement les écosystèmes et l’agriculture. Chaque année, des pays comme l’Égypte perdent des surfaces agricoles précieuses. La dégradation des sols entraîne une baisse de la productivité agricole, alors que la population mondiale continue de croître, augmentant ainsi les besoins alimentaires.

Les experts estiment qu’il sera nécessaire de doubler la production agricole d’ici 2050 pour répondre aux besoins mondiaux, mais ce défi est confronté à des sols de plus en plus pauvres. La situation appelle à une action urgente et décisive pour lutter contre la dégradation des sols et la sécheresse.

Le blocage sur la sécheresse : une question de protocole

Les négociations ont presque toutes été finalisées vendredi soir, mais les discussions sur la sécheresse demeurent suspendues. C’est un point de blocage majeur. Le groupe africain, soutenu par la Convention ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN), plaide en faveur d’un protocole juridiquement contraignant pour la gestion de la sécheresse. Cependant, les pays occidentaux, alliés à certains pays d’Amérique latine, s’opposent fermement à cette approche. Selon eux, la sécheresse doit être abordée de manière transversale, en lien avec le climat, la biodiversité, et la lutte contre la dégradation des sols, et n’implique pas nécessairement un protocole légal.

Les États africains, cependant, restent inflexibles. Ils estiment avoir été désavantagés lors des précédentes COP, notamment celles sur le climat et la biodiversité. À Riyad, ils souhaitent obtenir des engagements fermes pour la désertification, une problématique particulièrement pertinente pour le continent africain.

Les peuples autochtones à l’honneur : une avancée historique

Malgré ce point de blocage, certaines avancées notables ont été réalisées. L’un des moments forts de cette COP16 a été la création d’un organe dédié à la représentation des peuples autochtones dans les négociations. C’est la première fois en 31 ans que cette mesure est adoptée, et elle permet désormais aux peuples autochtones de participer activement aux discussions sur la désertification. Hindou Oumarou Ibrahim, présidente de l’Association des femmes Peuls et des peuples autochtones du Tchad, a salué cette décision historique. « Cela va changer la participation des autochtones dans cette COP, nous aurons nos accréditations et serons officiellement présents dans les discussions avec les États. C’est une avancée majeure pour la reconnaissance de nos droits. »

De plus, la question du droit foncier a été reconnue comme étant cruciale pour la lutte contre la dégradation des sols, tout comme la connexion entre la migration et la désertification. Ces avancées, bien que limitées, montrent qu’il y a des signes d’une prise en compte accrue des enjeux sociaux et environnementaux dans les négociations.

Un accord politique sous tension

L’Arabie saoudite, pays hôte de cette conférence, met une pression considérable pour obtenir un accord ambitieux, non seulement pour son image internationale, mais aussi pour affirmer son rôle dans la lutte contre la désertification. En tant que président de la COP16, le royaume cherche à se positionner comme un acteur clé dans les discussions environnementales mondiales, malgré sa réputation de frein à certaines initiatives climatiques dans le passé. Ce contexte politique crée une dynamique particulière autour des négociations.

À ce jour, l’issue des discussions reste incertaine, et la déclaration finale de la COP16 sur la désertification pourrait prendre encore quelques jours pour être finalisée.

Moctar FICOU / VivAfrik

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