La COP16 sur la lutte contre la désertification, qui se déroule à Riyad du 2 au 13 décembre 2024, met en lumière les contradictions environnementales de l’Arabie saoudite, un pays souvent perçu comme un acteur majeur de la pollution climatique. Bien que le royaume affiche des ambitions écologiques ambitieuses, ces efforts se heurtent à des réalités complexes, tant au niveau des politiques internes que des comportements de sa population.
L’événement, qui réunit des représentants de nombreux pays et experts en environnement, présente une scène à la fois prometteuse et paradoxale. En effet, parmi les nombreux stands et projets d’initiatives écologiques, un 4×4 imposant et aux allures militaires attire particulièrement l’attention des visiteurs. Ce véhicule appartient aux « Forces spéciales pour la protection de l’environnement », une unité mise en place pour surveiller et préserver les ressources naturelles du royaume. Cette démonstration de force en matière de préservation de l’environnement semble juxtaposer les efforts pour une transition écologique ambitieuse.
Le royaume saoudien s’engage à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, un objectif impressionnant, accompagné de la promesse de planter dix milliards d’arbres dans les prochaines décennies. Cette initiative ambitieuse vise à créer une forêt d’une taille équivalente à celle de la France, dans le cadre d’un plan de lutte contre la désertification et la dégradation des terres. Pourtant, cet engagement contraste avec le rôle dominant du pays dans l’industrie pétrolière mondiale, un secteur largement responsable de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre.
Si les objectifs environnementaux de l’Arabie saoudite sont à la fois ambitieux et nécessaires face aux enjeux climatiques mondiaux, leur mise en œuvre reste lente et difficile, en particulier avec la population saoudienne qui peine à adopter des comportements plus écologiques au quotidien. De plus, la mise en œuvre de certaines politiques, comme la gestion durable des ressources naturelles et la réduction de l’empreinte carbone, s’accompagne de défis majeurs, tant au niveau politique qu’économique.
À travers cette COP16, le royaume cherche à redéfinir son image sur la scène internationale, en se positionnant comme un acteur clé de la lutte contre la désertification et un défenseur de la biodiversité. Cependant, la transition écologique du pays semble encore loin d’être une réalité concrète, laissant place à de nombreuses interrogations sur les réelles intentions et la capacité de l’Arabie saoudite à concilier ses ambitions environnementales avec sa dépendance à l’industrie pétrolière.
Moctar FICOU / VivAfrik