Enda Energie en partenariat avec African Climate Foundation (ACF), a organisé, le 10 décembre 2024 à Dakar un atelier régional intitulé « Décryptage des résultats et implications de la COP29 ». Cet événement, inscrit dans le cadre de l’initiative régionale CaPCoP, visait à analyser en profondeur les conclusions de la 29ème Conférence des parties (COP29) qui s’est tenue à Bakou, Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. L’objectif était de permettre aux acteurs étatiques et non étatiques d’examiner les résultats de la COP29, d’identifier les points de blocage et de réfléchir aux perspectives climatiques pour la région ouest-africaine.
COP29 : des avancées, mais des résultats décevants
La COP29 a été marquée par des débats houleux sur plusieurs enjeux climatiques majeurs qui ont dominé l’agenda mondial. Parmi les sujets les plus controversés, on trouve la finance climatique : Les pays se sont engagés à mobiliser 300 milliards de dollars pour financer les actions climatiques. Cependant, ce montant est largement insuffisant par rapport aux besoins mondiaux estimés à 1300 milliards de dollars. Ce fossé entre les promesses et les attentes met en lumière les tensions qui existent entre pays développés et pays en développement sur la question du financement.
Le Fonds pour les pertes et dommages : L’opérationnalisation de ce fonds destiné à soutenir les pays vulnérables face aux impacts du changement climatique a été un autre sujet épineux. Des obstacles financiers et des divergences de vues ont retardé sa mise en place effective.
Les transitions énergétiques justes : Des désaccords persistants entre les pays développés et les pays en développement ont ralenti les progrès sur la question des transitions énergétiques, notamment sur la manière de soutenir les nations en développement dans leur transition énergétique sans compromettre leurs objectifs de croissance.
Le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest : enjeux et perspectives
Pour le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest, les résultats de la COP29 ont mis en évidence un besoin urgent de revoir les stratégies climatiques régionales. Le continent africain reste extrêmement vulnérable aux effets du changement climatique, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’eau, et des infrastructures.
Cependant, comme l’a souligné Antoine Faye, négociateur sénégalais et membre du Comité national sur les changements climatiques (COMNAC), « c’est vraiment compréhensible que les gens ne soient pas contents du résultat parce que, ce qu’il faut retenir, le problème ce n’est pas d’obtenir ce qu’on demande. Le problème c’est négocier ce qu’on veut avoir dans ce genre d’affaires. Pourquoi la frustration et la déception sont grandes ? C’est parce qu’on n’a pas pu gérer les attentes. Quand vous partez avec une demande de 1 300 milliards de dollars, évidemment et que ceux qui doivent fournir les efforts pour les donner ne peuvent fournir que 300 milliards ça devient critique. Mais cela ne veut pas dire qu’objectivement, on n’a pas eu ce qu’on cherche ».
Pour Faye, « On doit redoubler d’efforts d’ici à la COP30. Pendant toute cette année qui nous sépare de la COP du Brésil, il y a ce qu’on a appelé le programme de travail Bakou à Belém. C’est pour faire en sorte que ce qui n’a pas été achevé à Bakou puisse l’être à Belém. Mais si on est immobile, les mêmes résultats vont se présenter ». Ces propos soulignent l’importance de continuer à négocier et de ne pas se laisser décourager par des résultats partiels. Le Sénégal, en particulier, a une responsabilité, étant un des pays les plus avancés en matière de négociations climatiques. Comme l’a souligné Faye, « le Sénégal a une bonne compréhension de comment ces négociations se passent. Il va falloir qu’on se prépare avec tous les acteurs de manière inclusive et participative ».
Un appel à l’action : vers une mobilisation accrue
L’atelier de Dakar a réuni des représentants des institutions publiques, des organisations de la société civile, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des acteurs du secteur privé, afin de réfléchir ensemble aux actions nécessaires pour renforcer la résilience climatique en Afrique de l’Ouest. Ce rassemblement a permis de mettre en lumière des leviers d’action pour relever les défis climatiques régionaux et étendre la coopération régionale face aux impacts du changement climatique.
Il est clair que l’issue de la COP29, bien qu’incomplète, n’est pas une fin en soi, mais un point de départ pour redoubler d’efforts et préparer des stratégies plus solides pour la COP30. Pour les pays en développement, y compris le Sénégal, l’important reste de maintenir la pression sur les pays développés pour qu’ils respectent leurs engagements financiers et qu’ils apportent un soutien concret aux nations les plus vulnérables.
Le chemin vers une COP30 plus inclusive et ambitieuse
L’atelier sur les résultats de la COP29 a permis de jeter les bases d’une nouvelle dynamique de négociation et de réflexion stratégique sur les enjeux climatiques mondiaux. À l’approche de la COP30, les acteurs régionaux, menés par des pays comme le Sénégal, doivent continuer à se préparer, à renforcer les alliances et à défendre avec force les intérêts des pays en développement. L’heure est à l’action, à l’inclusion et à la participation active de tous pour garantir un avenir climatique durable et équitable.
Moctar FICOU / VivAfrik