Une étude récemment publiée dans l’International Journal of Primatology met en lumière le rôle primordial du Parc National de la Salonga pour la survie des bonobos, l’un des grands singes les plus menacés. Cette recherche, menée sur plus de 42 000 km² de forêt tropicale en République Démocratique du Congo (RDC), confirme que le parc est un refuge essentiel pour cette espèce en danger. Classé Patrimoine Mondial de l’UNESCO, le Parc de la Salonga est l’une des plus grandes réserves de forêt tropicale d’Afrique centrale. Cependant, cette étude alerte également sur des signes préoccupants de déclin de la population de bonobos, appelant à une vigilance accrue.
Le Parc de la Salonga : un bastion pour les bonobos
Le Parc National de la Salonga représente environ 27 % de l’habitat adapté aux bonobos, une espèce endémique de la RDC. Menée par l’équipe de Mattia Bessone de l’Université John Moores de Liverpool, l’étude, qui a analysé des données collectées entre 2002 et 2018, révèle que la population de bonobos dans le parc se situe entre 8 244 et 18 308 individus matures. Ces chiffres pourraient représenter la quasi-totalité de la population mondiale de bonobos, selon les estimations minimales de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
« Nos résultats confirment que la Salonga est un refuge essentiel pour les bonobos, et peut-être même l’un des derniers bastions de l’espèce », déclare Mattia Bessone. Cependant, bien que les résultats soient encourageants, l’étude met également en évidence un déclin potentiel de la population de bonobos entre les périodes 2002-2008 et 2012-2018. Si cette baisse n’est pas encore statistiquement significative, elle soulève des préoccupations majeures, notamment en raison des menaces grandissantes telles que l’exploitation illégale des ressources naturelles et l’expansion des terres agricoles.
Facteurs influents sur la densité et la répartition des bonobos
L’étude identifie plusieurs facteurs qui influencent la répartition des bonobos dans le Parc de la Salonga. Les forêts primaires intactes représentent un habitat idéal pour les bonobos, favorisant leur survie. Par contre, la proximité des villages humains et des rivières semble nuire à leur présence, probablement à cause des activités humaines liées à la chasse ou à l’agriculture. Toutefois, l’impact des postes de gardes forestiers est un élément clé dans la conservation. Ces stations jouent un rôle crucial en réduisant les activités illégales comme le braconnage, qui menace directement les bonobos.
Le rôle des traditions culturelles et des communautés locales
Un autre facteur de protection pour les bonobos est le tabou culturel observé par les communautés locales qui interdisent la consommation de viande de bonobo. Ces pratiques traditionnelles jouent un rôle vital dans la réduction des pressions anthropiques sur l’espèce. Les chercheurs soulignent également l’importance de renforcer les mesures de conservation existantes pour assurer la survie à long terme des bonobos. Selon Barbara Fruth, co-auteure de l’étude : « La préservation du Parc de la Salonga et de son patrimoine culturel est un enjeu primordial pour l’avenir des bonobos. »
L’avenir des bonobos : un défi de conservation en Afrique Centrale
Pour assurer un avenir aux bonobos dans le Parc de la Salonga, il est essentiel de maintenir et de renforcer les actions de préservation en cours. La lutte contre la déforestation illégale, l’amélioration des capacités des gardes forestiers, ainsi que la coopération avec les autorités locales, sont des priorités absolues. L’étude rappelle également l’importance d’intégrer les communautés locales dans les efforts de conservation pour prévenir un déclin supplémentaire de la population.
Le Parc de la Salonga demeure l’un des derniers refuges des bonobos dans leur habitat naturel. La survie de cette espèce emblématique dépend désormais de l’engagement des autorités et des communautés locales à protéger cet écosystème fragile face aux menaces croissantes. Le défi de la conservation en Afrique centrale est complexe, mais la vigilance continue et les efforts soutenus sont essentiels pour garantir un avenir aux bonobos. La situation de cette espèce met en lumière les défis de la conservation dans un contexte où les pressions humaines sont de plus en plus fortes.
Moctar FICOU / VivAfrik