Les négociations internationales visant à établir un traité mondial contre la pollution plastique se sont soldées par un échec à Busan, en Corée du Sud, après une semaine de discussions intenses. Les représentants des plus de 170 pays présents n’ont pas pu parvenir à un accord final. Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, président du processus, a annoncé que les discussions seraient reportées à une date ultérieure, soulignant que plusieurs questions critiques demeuraient sans réponse.
Des divergences profondes entre les pays
Depuis le début des négociations le 25 novembre 2024, la conférence a été marquée par un fossé grandissant entre les pays en faveur d’un traité ambitieux et les nations producteurs de pétrole, dont la Russie, l’Arabie Saoudite et l’Iran. Ces derniers ont persisté à bloquer les propositions visant à réduire la production de plastique, notamment en s’opposant à des mesures contraignantes sur la réduction de la production de plastiques à usage unique.
« Nous sommes inquiets de l’obstruction continue », a déclaré la ministre française de l’Énergie, Olga Givernet, à propos des pays producteurs de pétrole qui ont freiné les négociations. Selon un diplomate européen, les discussions ont été marquées par de longues heures de débats infructueux, où chaque phrase du projet d’accord était minutieusement modifiée, souvent sans aucun compromis concret.
Un groupe minoritaire et sa tactique de blocage
Le groupe des pays récalcitrants, comprenant principalement des producteurs de pétrole, a été accusé de pratiquer la « tactique de l’écrasement » en usant du veto de manière excessive. Parfois, jusqu’à 60 interventions de cinq minutes étaient nécessaires pour modifier une simple phrase dans le texte de l’accord. « On préfère partir sans accord que de signer un mauvais traité », a commenté un diplomate sous anonymat, résumant la frustration de nombreux délégués.
Les positions des pays en faveur d’un traité ambitieux
Les pays en faveur d’un traité ambitieux, réunis au sein de la « Coalition des hautes ambitions », insistaient pour que le traité couvre l’ensemble du cycle de vie du plastique. Cela inclut non seulement la gestion des déchets plastiques, mais également la production de polymères à partir de produits pétroliers. Ce groupe a exprimé son mécontentement face à la position des pays producteurs de pétrole, qui souhaitaient limiter les discussions à la gestion des déchets plastiques et au recyclage.
Les avancées réalisées malgré les blocages
Malgré ces tensions, des progrès ont été réalisés. Juliet Kabera, chef de la délégation rwandaise, a souligné que des avancées importantes avaient été faites concernant des questions cruciales liées à la protection de la santé humaine et de l’environnement contre les effets nocifs de la pollution plastique. Cependant, elle a également exprimé de vives inquiétudes face aux tentatives d’éliminer des dispositions contraignantes essentielles à l’efficacité du traité. Lors de son intervention, 85 pays ont manifesté leur soutien en se levant pour applaudir.
L’ampleur de la crise plastique mondiale
Si aucun accord n’est atteint, les experts estiment que la pollution plastique pourrait tripler d’ici 2060, avec une production mondiale de plastique atteignant 1,2 milliard de tonnes, contre 460 millions de tonnes en 2019. Cette prévision alarmante a renforcé les appels à des actions immédiates pour limiter la production et la gestion des déchets plastiques.
Des positions divergentes sur l’objectif du traité
Le délégué koweïtien a mis en avant la position de son pays, soulignant que l’objectif principal du traité ne devait pas être de réduire la production de plastique, mais de s’attaquer à la pollution qu’il génère. « Ce traité doit viser à éliminer la pollution plastique, pas à interdire le plastique lui-même », a-t-il déclaré. Ce point de vue a été largement soutenu par les pays producteurs de pétrole, qui ont insisté sur le fait qu’il n’existait aucune alternative viable au plastique dans de nombreux secteurs industriels.
Une reprise des négociations incertaine
Malgré l’impasse, un représentant iranien a exprimé l’espoir que les négociations puissent reprendre sur une base constructive, en tenant compte des divergences existantes. Les discussions seront ainsi suspendues, avec l’espoir d’une nouvelle session pour tenter de parvenir à un accord global sur la pollution plastique.
Moctar FICOU / VivAfrik