Les négociations internationales sur un traité mondial contre la pollution plastique à Busan, en Corée du Sud, ont fait des progrès significatifs, bien qu’aucun accord n’ait pu être conclu dans le délai imparti. C’est ce qu’a affirmé lundi 2 décembre 2024 Inger Andersen, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans une interview à nos confrères de l’Agence France presse (AFP). Selon elle, les avancées réalisées lors de cette session montrent clairement qu’il ne s’agit pas d’un échec, malgré l’absence d’un accord définitif à ce stade.
Un processus ambitieux malgré les défis
Inger Andersen a salué le processus engagé depuis deux ans, qualifiant le délai de deux ans pour parvenir à un traité contraignant de « très ambitieux » et rappelant que des progrès notables ont été réalisés dans les discussions entre plus de 170 pays. Bien que la question de la pollution plastique soit de plus en plus urgente, avec plus de 90 % du plastique mondial non recyclé et des millions de tonnes se retrouvant dans l’environnement chaque année, le processus de négociation n’a pas encore permis de surmonter les divergences majeures.
Les négociateurs se sont heurtés à des désaccords profonds concernant l’objectif du traité. Une majorité des pays souhaite que ce dernier inclue des mesures contraignantes limitant la production de plastique, interdisant certains plastiques à usage unique et réduisant la production de produits dangereux. Cependant, un groupe minoritaire de pays producteurs de pétrole, dont l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran, a insisté pour que le traité se concentre uniquement sur le recyclage, la gestion des déchets et la conception des produits.
Des avancées concrètes malgré les divergences
Malgré ces désaccords, des progrès ont été réalisés lors de la réunion de Busan. Inger Andersen a mis en avant une avancée significative : la réduction du texte du projet d’accord de 77 pages à une version beaucoup plus concise d’une vingtaine de pages, ce qui a permis de poser une base de négociation plus claire. « Nous sommes passés d’un projet gigantesque à un texte plus rationnel », a-t-elle déclaré, soulignant que cette simplification représente un véritable progrès. Cependant, même cette nouvelle version du projet comporte encore de nombreuses contradictions, et certains pays ont insisté pour que ce texte soit renégocié ou amendé lors du prochain cycle de négociations.
Les organisations environnementales se montrent toutefois préoccupées, redoutant que les prochains pourparlers ne soient marqués par les mêmes blocages observés à Busan. Elles appellent à des « conversations significatives » entre les pays pour réduire les divergences avant de nouvelles négociations.
L’importance de poursuivre les négociations
Inger Andersen a reconnu que des discussions constructives entre les pays étaient nécessaires pour réduire leurs divergences et éviter que les négociations futures ne reproduisent la situation actuelle. « Il est clair qu’il existe un groupe de pays représentant un secteur économique, l’industrie pétrolière et pétrochimique », a-t-elle déclaré. Cependant, elle reste optimiste et assure que les négociations peuvent avancer. « Les pays ont des intérêts différents, ils les exposent, et alors des conversations doivent avoir lieu pour chercher un terrain d’entente », a-t-elle précisé.
Des perspectives pour 2025
Bien que la reprise des négociations n’ait pas encore de date fixée, Inger Andersen a exprimé une détermination sans faille à voir un accord émerger d’ici 2025. « Le plus tôt sera le mieux, car nous avons un énorme problème », a-t-elle averti, rappelant l’urgence de la situation. Le calendrier de la prochaine phase de négociations reste encore flou, mais le PNUE reste convaincu qu’un traité mondial efficace contre la pollution plastique est encore possible.
Moctar FICOU / VivAfrik