Le forum civil a exprimé une vive inquiétude, vendredi 29 novembre 2024, concernant la grave pollution du fleuve Gambie causée par les activités des entreprises minières semi-industrielles opérant à Tomboronkoto, une commune située dans la région de Kédougou, au sud-est du Sénégal. Selon Doudou Dionne Dramé, coordonnateur de l’Observatoire territorial du secteur extractif (OTSE) de la commune, les entreprises exploitant l’or dans cette zone ont complètement pollué les eaux du fleuve, entraînant une détérioration écologique alarmante.
Une pollution grave de l’eau et de l’environnement
Lors d’un point de presse tenu en présence de l’Association de Protection du Fleuve Gambie, Doudou Dionne Dramé a dénoncé l’impact environnemental des activités minières dans les villages de Tambanoumouya, Koutoufinkoto et Kerekonko, situés à proximité du fleuve. « Le fleuve est totalement agressé, et la couleur de l’eau a changé pour devenir jaunâtre, un phénomène similaire à ce que l’on observe sur la Falémé, ce qui n’est absolument pas normal », a-t-il déclaré.
Il a également souligné que les maraîchers installés près du fleuve ont vu leurs activités agricoles complètement s’effondrer en raison de la dégradation de la qualité de l’eau. Selon lui, ces pollutions ont un impact direct sur les communautés locales, car elles dépendent de l’eau pour leur subsistance.
Le bruit des machines et les dangers pour la biodiversité
Dionne Dramé a évoqué l’impact sonore des machines et des pompes placées dans le fleuve par les entreprises minières. Ces équipements déversent de l’huile dans les eaux profondes du Gambie, ce qui aggrave la pollution et menace la biodiversité aquatique.
« Ces entreprises n’ont même pas de plan de gestion environnementale et elles opèrent dans l’illégalité totale. À Mako et dans ses environs, une grande partie de l’eau est désormais de couleur rougeâtre », a-t-il ajouté, appelant l’État du Sénégal à appliquer strictement le décret interdisant les activités minières semi-mécanisées dans un rayon de 500 mètres autour du fleuve.
Une situation confirmée par les autorités environnementales
En réponse à ces alertes, le directeur régional de l’environnement et des établissements classés de Kédougou, Maurice Coly Ndior, a confirmé que les entreprises minières opérant dans cette région ne respectent aucune norme environnementale. Lors d’un entretien avec l’Agence de presse sénégalaise (APS), il a indiqué que des analyses de l’eau ont confirmé la présence de pollution dans le fleuve Gambie, suite aux activités minières dans la zone.
« Ces entreprises sont totalement illégales et ne respectent aucune norme environnementale. Il est urgent que l’État intervienne pour mettre fin à ces pratiques destructrices », a-t-il précisé. Maurice Coly Ndior a appelé à une interdiction immédiate de ces activités minières et à la mise en place d’une évaluation environnementale approfondie pour évaluer l’étendue des dégâts.
Appels à l’action pour une meilleure régulation
Les autorités environnementales, tout comme les membres du forum civil, demandent des mesures urgentes pour préserver l’écosystème du fleuve Gambie et protéger les communautés locales. La pollution par l’orpaillage semi-industriel met en danger non seulement la qualité de l’eau mais aussi les moyens de subsistance des populations qui dépendent du fleuve pour l’agriculture et la pêche.
Les discussions actuelles soulignent la nécessité d’une régulation plus stricte des activités minières semi-industrielles au Sénégal, notamment en ce qui concerne leur impact sur les écosystèmes sensibles et la santé publique. Les autorités sont ainsi appelées à prendre des mesures correctives immédiates pour protéger les ressources naturelles du pays et garantir un avenir plus durable pour les générations futures.
Moctar FICOU / VivAfrik