En 2020, plus de 350 éléphants ont trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses dans le delta de l’Okavango, au Botswana. Cette tragédie, qui a ému le monde entier, a donné naissance à de nombreuses spéculations sur les causes de ce phénomène. Cependant, une étude récente, publiée le 16 novembre 2024 dans la revue Science of the Total Environment, a enfin levé le voile sur cette catastrophe écologique. Selon les chercheurs, ces éléphants ont été victimes d’intoxication par des cyanobactéries présentes dans l’eau, et le réchauffement climatique aurait joué un rôle majeur dans la contamination de leurs points d’eau.
Une hypothèse soutenue par des données scientifiques
Les chercheurs, issus du Botswana et du Royaume-Uni, ont analysé les données satellitaires et les corps retrouvés des éléphants pour étudier les causes de cette mortalité massive. Leur étude a mis en évidence que les éléphants étaient principalement concentrés autour des points d’eau où une prolifération importante de cyanobactéries, aussi appelées algues bleues, avait été observée en 2020. Ces cyanobactéries peuvent produire des toxines puissantes, entraînant des intoxications graves chez les animaux, voire leur mort.
Le rôle du réchauffement climatique dans l’intoxication
L’étude montre que cette épidémie d’intoxication est directement liée à des changements climatiques. En 2019, une année particulièrement sèche en Afrique australe, a exacerbé les conditions de sécheresse. En 2020, les pluies abondantes ont favorisé l’augmentation des sédiments et des nutriments dans l’eau, créant ainsi un environnement propice à la prolifération des cyanobactéries. Le réchauffement climatique, en augmentant la fréquence des périodes de sécheresse et d’humidité, a ainsi favorisé la croissance de ces algues nuisibles, posant un danger pour les animaux qui dépendent de ces ressources en eau.
Une tendance inquiétante pour la biodiversité
Le Dr Niall McCann, directeur de la conservation à l’organisation britannique National Park Rescue, a qualifié cette explication de « convaincante ». Selon lui, ce type d’événement met en lumière une tendance alarmante : la montée des maladies et intoxications liées au changement climatique. En effet, ce n’est pas la première fois que de tels incidents sont rapportés. En 2020, 35 éléphants sont morts au Zimbabwe, victimes d’une bactérie dans leur sang, également liée aux conditions climatiques extrêmes.
De plus, des événements similaires ont eu lieu dans d’autres régions du monde, comme en 2015 au Kazakhstan, où une épidémie de septicémie hémorragique a tué 200 000 antilopes saïga, une autre espèce en danger. Ces incidents, de plus en plus fréquents, soulignent l’impact du dérèglement climatique sur la faune mondiale.
La nécessité de renforcer la prévention
Les chercheurs appellent à une surveillance renforcée de la qualité de l’eau dans les zones sensibles. Davide Lomeo, doctorant en géographie au King’s College de Londres et principal auteur de l’étude, insiste sur le fait qu’il existe des preuves irréfutables que de tels événements peuvent se reproduire pour d’autres espèces animales. Face à ces risques, la mise en place de mesures de prévention, notamment un suivi constant de la santé des points d’eau et une meilleure gestion des ressources naturelles, devient indispensable pour préserver la biodiversité.
En somme, cette tragédie soulève une question cruciale : celle de la capacité de la planète à protéger ses écosystèmes face à un réchauffement climatique en rapide accélération. La situation des éléphants au Botswana pourrait n’être que la première alerte d’une crise écologique plus large, si des actions concrètes ne sont pas entreprises pour endiguer la dégradation de l’environnement.
Moctar FICOU / VivAfrik