Traité mondial contre le plastique : Un dernier cycle de négociations à Busan (Corée du Sud) pour sauver la planète, ou un échec annoncé ?

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Le traité mondial contre le plastique sera-t-il signé lors des négociations en cours à Busan, en Corée du Sud ? Depuis le 25 novembre 2024, un nouveau cycle de discussions a débuté à Busan pour tenter de finaliser un traité international juridiquement contraignant destiné à lutter contre la pollution plastique. En présence de 175 nations, ce texte pourrait marquer un tournant dans la gestion mondiale des déchets plastiques. Toutefois, de profondes divergences d’intérêts menacent l’adoption d’un accord ambitieux. Quelles sont les chances de succès de cette négociation mondiale ?

Une réduction drastique de la production de plastique vierge

Le cœur de ce traité est d’instaurer une réduction significative de la production de plastique vierge, au-delà des objectifs déjà insuffisants des politiques nationales actuelles. Les partisans de cet accord, parmi lesquels l’Allemagne, le Sénégal et le Rwanda, se basent sur des données alarmantes pour justifier leurs demandes. En 2020, la production plastique mondiale a atteint un niveau record de 460 millions de tonnes, et si aucune action n’est prise, ce chiffre pourrait tripler d’ici 2060, menaçant d’aggraver la pollution des océans, la perte de biodiversité et la crise climatique.

Voici un aperçu du scénario actuel par rapport à un futur avec une production réduite :

Production de plastique (2060)         1 milliard de tonnes (pas d’action)

Émissions de CO₂        5 % des émissions mondiales

Coûts environnementaux et sanitaires         Plus de 500 milliards d’euros/an

Les obstacles : les producteurs de plastique et le lobby pétrolier

Mais cette ambition se heurte aux intérêts puissants de pays producteurs de plastique et de pétrole, tels que l’Arabie Saoudite, le Brésil et la Russie. Ces pays, dont les économies sont fortement dépendantes de l’industrie pétrochimique, plaident pour un accord moins contraignant, soulignant les risques économiques d’une limitation de la production de plastique.

Les États-Unis, premiers consommateurs mondiaux de plastique, adoptent également une position ambiguë : tout en reconnaissant l’urgence d’agir, ils se montrent réticents à signer un traité contraignant, par crainte des impacts économiques sur leurs industries.

Des conséquences dévastatrices pour la planète

La pollution plastique a dépassé les limites physiques de la planète, envahissant les océans, menaçant la biodiversité et se retrouvant dans nos corps. Des études récentes ont révélé la présence de microplastiques dans le lait maternel et dans le système reproducteur humain, témoignant de la pollution invisible qui imprègne tous les aspects de la vie quotidienne. En parallèle, la production plastique est responsable de 5 % des émissions mondiales de CO₂, soit deux fois plus que l’ensemble du trafic aérien, contribuant ainsi de manière majeure à l’accélération du changement climatique.

L’accord en danger : un compromis impossible ?

À quelques jours de la fin des négociations, les perspectives d’un traité ambitieux sont incertaines. Le projet actuel de 70 pages ne satisfait ni la France, ni ses alliés. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a d’ailleurs prévenu : « Nous n’accepterons pas un traité qui ne réduise pas la production de plastique. » Toutefois, un compromis pourrait voir le jour, repoussant les décisions à des sessions futures et retardant ainsi l’action face à cette crise environnementale.

Les conséquences d’une inaction seraient lourdes : si les nations échouent à trouver un accord, le coût de l’inaction sera bien plus élevé que celui des mesures nécessaires pour stopper cette crise. La planète, la biodiversité et la santé humaine en dépendent.

La K-Pop et la pollution plastique en Corée du Sud

Ironiquement, la Corée du Sud, hôte des négociations internationales, n’est pas un modèle en matière de gestion de la pollution plastique. Le succès mondial de la K-pop a contribué à l’augmentation de la production de déchets plastiques. Les labels de K-pop continuent de vendre massivement des CD, souvent accompagnés de produits dérivés tels que des cartes-photos ou des bons pour des appels vidéo. Bien que ces stratégies marketing rencontrent un grand succès auprès des fans, elles génèrent une forte empreinte carbone, en raison des matériaux non recyclables utilisés pour fabriquer les albums, souvent en polycarbonate.

En 2023, les ventes de CD ont franchi le cap des 100 millions d’exemplaires, avec un impact environnemental conséquent. Bien que des efforts soient faits pour recourir à des matériaux plus écologiques, les actions gouvernementales en matière de réglementation restent insuffisantes, et les fans, attachés à leurs artistes, sont réticents à envisager un boycott.

Moctar FICOU / VivAfrik

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