Après plus de 30 ans d’inactivité, la mine de Kipushi, située en République Démocratique du Congo (RDC), a officiellement repris ses activités en juillet 2024. La cérémonie d’inauguration a eu lieu le 18 novembre dernier, sous la présidence de Félix Tshisekedi. Ce retour à l’exploitation de cette mine, l’un des plus grands gisements de zinc au monde, constitue une avancée majeure pour l’industrie minière congolaise et le marché international du zinc.
Un gisement stratégique pour la production mondiale de zinc
La mine de Kipushi, quatrième plus grande réserve de zinc au monde, est désormais en production après plusieurs décennies d’arrêt. Le minerai extrait sera d’abord concentré sur place avant d’être exporté via la Zambie, contribuant ainsi à la diversification des routes commerciales. Ce projet est une joint-venture entre la société publique Gécamines et la société minière canadienne Ivanhoe Mines.
Selon les experts, cette reprise est une excellente nouvelle pour les marchés mondiaux. En effet, la mine de Kipushi devrait, dans ses premières années de production, contribuer à hauteur de 2 % de la production mondiale de zinc. Une aubaine pour les marchés, notamment en période de fortes tensions géopolitiques et de coûts énergétiques élevés, qui impactent l’approvisionnement en métaux à l’échelle mondiale.
Une relance bénéfique pour le marché du zinc
Pour Roxana Lazar, spécialiste des métaux chez Argus Media, la reprise de Kipushi est particulièrement opportune. « Cette nouvelle source d’approvisionnement aidera à atténuer les contraintes d’approvisionnement actuelles sur le marché du zinc, » explique-t-elle. « L’impact de la relance de cette mine pourrait être significatif, en particulier dans un contexte où les coûts de production sont élevés et les tensions géopolitiques persistent. »
Des avantages environnementaux et économiques
La richesse du minerai extrait de Kipushi, avec une très haute concentration de zinc, représente également un atout important. Patrice Christmann, consultant indépendant et ancien du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), souligne que cette concentration élevée permet de réduire la gestion des déchets miniers, un défi environnemental majeur dans l’industrie. « Moins de déchets par tonne extraite signifie un impact environnemental réduit, ce qui est un atout considérable pour une exploitation minière durable. »
La reprise des activités à Kipushi devrait également créer de nombreux emplois et générer des rentrées fiscales importantes pour la RDC. La mine pourra ainsi soutenir le développement économique local tout en contribuant à l’approvisionnement mondial en zinc, un métal essentiel pour les industries de la construction, de l’électronique et des énergies renouvelables.
Une demande croissante en zinc pour l’avenir
Les perspectives pour le zinc sont particulièrement prometteuses, avec une demande croissante attendue dans des pays comme la Chine et l’Inde. Selon les experts, cette demande devrait augmenter dans les années à venir, soutenue par l’urbanisation et l’industrialisation rapide dans ces régions. Cependant, les réserves mondiales de zinc sont limitées, et la mine de Kipushi représente donc une ressource stratégique pour les années à venir, avec des réserves estimées à moins de 20 ans d’exploitation à pleine capacité.
En conclusion, la relance de la mine de Kipushi marque un tournant majeur pour la RDC, non seulement sur le plan économique, mais aussi dans la compétition mondiale pour l’approvisionnement en zinc. Grâce à sa richesse en minerai et son potentiel de production, cette mine pourrait jouer un rôle clé dans la stabilité des marchés mondiaux de métaux stratégiques.
Moctar FICOU / VivAfrik