Le secteur agricole au Ghana représente environ 21 % du Produit intérieur brut (PIB) du pays et emploie près de 40 % de la population active. Parmi ses principaux moteurs économiques, le sous-secteur arboricole joue un rôle clé, fournissant des produits agricoles d’exportation vitaux, tels que le cacao, la noix de cajou et la noix de coco. Dans ce contexte, le gouvernement ghanéen a lancé un ambitieux programme visant à renforcer la productivité et la durabilité de l’agriculture arboricole nationale.
Le programme national de diversification des cultures arboricoles (TCDP), d’une valeur de 227,5 millions de dollars, a été officiellement lancé le 14 novembre 2024 par le ministère de l’Agriculture. Ce programme sera financé à 88 % par la Banque mondiale et à 12 % par l’Office national du cacao (Cocobod). Il s’étendra sur six ans, de 2024 à 2030, et vise à moderniser les chaînes de valeur du cacao, de l’anacarde, de la noix de coco et de l’hévéa.
Objectifs du programme : augmenter la productivité et renforcer la résilience climatique
À travers le TCDP, le gouvernement ghanéen ambitionne de stimuler la productivité agricole, d’accroître la valeur ajoutée de ces produits et de renforcer la résilience climatique des exploitations agricoles. Concrètement, le programme mettra en place des soutiens financiers pour des fournisseurs d’intrants agricoles, des producteurs de jeunes plants d’arbres et des agriculteurs. Une assistance technique, des subventions et une meilleure accessibilité aux marchés seront également offerts à plus de 50 000 agriculteurs et à 212 petites et moyennes entreprises (PME) opérant dans ces filières clés.
Les interventions seront déployées dans 11 districts du Ghana, couvrant les régions de l’Oriental, du Nord-Ouest, de Savannah, de Bono et de Bono East. Ce soutien arrive à un moment critique, notamment pour la filière cacao, qui fait face à des défis majeurs comme le vieillissement des plantations, la maladie virale du cacaoyer (Swollen Shoot) et les impacts négatifs de l’exploitation minière illégale (galamsey).
Les défis de la filière cacao : un secteur en crise
La production de cacao, qui représente une part importante des exportations agricoles du Ghana, est actuellement confrontée à des défis majeurs. Selon les données de Cocobod, environ 40 % des plantations de cacao, soit près de 500 000 hectares, ne sont plus productives. Ces plantations affectées par le vieillissement des arbres et la maladie virale représentent un manque à gagner considérable pour l’économie du pays. Le programme TCDP espère inverser cette tendance en revitalisant la filière, tout en adressant les autres problèmes liés à la gestion durable des cultures et à l’adaptation aux changements climatiques.
En 2023, le Ghana a généré plus de 1,8 milliard de dollars grâce aux exportations de cacao et de produits dérivés, faisant du cacao une source essentielle de revenus agricoles. Le TCDP est une initiative stratégique pour sécuriser cette industrie vitale et pour aider à diversifier les cultures arboricoles du pays, afin de réduire la dépendance à une seule culture et d’améliorer la stabilité économique.
Une stratégie cruciale pour l’avenir agricole du Ghana
Le programme TCDP représente une avancée majeure pour l’agriculture du Ghana, en particulier pour la filière cacao, qui constitue un pilier de l’économie du pays. Il propose une approche intégrée visant à améliorer la durabilité des cultures tout en répondant aux enjeux environnementaux et économiques actuels. Cependant, sa réussite dépendra de la mise en œuvre efficace des stratégies et de la collaboration entre les autorités locales, les producteurs et les partenaires internationaux.
Moctar FICOU / VivAfrik