Le 19 novembre 2024, une journée entière a été consacrée à l’agriculture lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, soulignant l’importance de ce secteur vital dans la lutte contre le changement climatique. Alors que les agriculteurs sont en première ligne face à des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes, des solutions durables émergent pour les aider à s’adapter aux bouleversements.
L’agriculture en première ligne face à la crise climatique
Les agriculteurs du monde entier subissent les conséquences de plus en plus graves du dérèglement climatique : sécheresses, inondations et conditions météorologiques extrêmes. Ce sont eux qui ressentent directement les effets de ces changements, perturbant la production alimentaire. À la COP29, des voix comme celle de Karen Nekesa Samukoya, une agricultrice kenyane qui cultive du maïs, ont pris la parole pour défendre la cause des pays vulnérables.
Karen témoigne des défis immenses auxquels elle fait face chaque année : « Les choses ont changé, on enchaîne les sécheresses et les inondations, et on ne sait même plus quand tomberont les prochaines pluies. En 2021, la situation a été particulièrement mauvaise. Je suis allée à Baringo, dans le nord du pays : il n’y avait plus de pluie, plus de nourriture, et les troupeaux sont morts. »
Adaptation grâce aux semences résistantes au climat
Pour faire face à ces défis, Karen Samukoya milite pour la conservation des semences traditionnelles africaines, connues pour leur résilience face aux conditions climatiques extrêmes. « Nous essayons de retrouver nos semences traditionnelles, car elles s’adaptent à tous les climats. Même si vous n’avez pas d’eau pendant cinq mois, elles poussent, et vous aurez quand même à manger », explique-t-elle. L’agricultrice insiste sur l’importance d’adopter des pratiques agricoles durables et résilientes pour permettre aux communautés agricoles de résister aux effets du changement climatique tout en préservant la sécurité alimentaire.
Cependant, Karen souligne un point crucial qui revient régulièrement dans les discussions des pays vulnérables à la COP29 : « Ce que nous demandons, c’est de la finance sur toute la ligne. » Un appel répété par de nombreuses autres délégations de pays en développement, qui appellent à des financements adaptés pour soutenir l’agriculture durable.
Le rôle des systèmes alimentaires dans les émissions de méthane
Un autre enjeu majeur pour l’agriculture et le climat est la réduction des émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre responsable d’environ un tiers du réchauffement de la planète. Les systèmes alimentaires, en particulier l’élevage, sont responsables d’environ 60 % des émissions mondiales de méthane. À la COP29, des initiatives ont été proposées pour réduire ces émissions, notamment en améliorant les pratiques dans le secteur de l’élevage.
Le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a publié un guide pour aider les pays en développement et les agriculteurs à réduire ces émissions de manière efficace. Juan Carlos Mendoza, directeur climat du FIDA, explique que la réduction des émissions de méthane peut être une « stratégie gagnant-gagnant » : « Contrairement à ce que l’on pense généralement, réduire les émissions de méthane ne nécessite pas de sacrifices importants. » Selon lui, une grande partie des émissions de méthane provient des pets et rots des animaux d’élevage.
Solutions pour réduire les émissions de méthane et améliorer la productivité
Le FIDA recommande des pratiques simples, comme l’amélioration des services vétérinaires pour les petits éleveurs, qui peuvent réduire les émissions tout en améliorant la santé des animaux et la productivité. « En améliorant la santé des animaux, ils seront plus sains, produiront plus de protéines et donc, cela rapportera de l’argent aux éleveurs et améliorera leur qualité de vie », explique Juan Carlos Mendoza. Selon les projets, chaque dollar investi pourrait rapporter entre deux et huit dollars en retour.
En conclusion, la COP29 a permis de mettre en lumière les défis urgents auxquels le secteur agricole est confronté face au changement climatique. Cependant, elle a également montré que des solutions existent pour aider les agriculteurs à s’adapter, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Les financements et les investissements dans les pratiques agricoles durables sont essentiels pour garantir la résilience des communautés agricoles face à la crise climatique.
Moctar FICOU / VivAfrik