Les start-up africaines évoluant dans les domaines de la fintech, de l’Intelligence artificielle (IA) et des technologies climatiques (climate tech) dominent désormais le marché du capital-risque en Afrique. Selon le dernier rapport de l’Association africaine de capital-investissement et du capital-risque (AVCA), intitulé « Venture Capital Activity in Africa Q3 2024 », ces secteurs ont capté 58% des transactions de capital-risque enregistrées sur le continent au cours des neuf premiers mois de 2024. Ce phénomène témoigne de l’appétit croissant des investisseurs pour des entreprises à la fois innovantes, évolutives et durables.
Une concentration des investissements dans les secteurs innovants
Le rapport indique que les start-ups fintech ont attiré une part importante des fonds, représentant 32% de l’ensemble des transactions. Ces entreprises, opérant dans des domaines allant des cryptomonnaies, des paiements électroniques, des portefeuilles mobiles aux services bancaires numériques, ont levé un total de 564 millions de dollars sur la période étudiée. Ces chiffres soulignent l’intérêt croissant pour des solutions financières qui transforment les systèmes de paiement et de services bancaires à travers le continent.
Les start-ups d’intelligence artificielle (IA) et de climate tech ont, quant à elles, capté 26% du total des transactions, chacune représentant 13% des fonds levés. Cette répartition montre clairement une tendance des investisseurs à privilégier des secteurs alliant technologie avancée et durabilité environnementale. L’IA, qui est un moteur d’innovation dans des domaines comme l’automatisation, la santé numérique et l’éducation, et la climate tech, qui cherche à apporter des solutions face aux défis du changement climatique, font désormais partie des secteurs les plus recherchés par les investisseurs en capital-risque.
Une baisse globale des investissements en capital-risque
Malgré cette domination des secteurs technologiques, le rapport révèle une baisse générale des investissements en capital-risque en Afrique. En effet, les fonds injectés par les investisseurs en 2024 s’élèvent à 1,2 milliard de dollars, répartis sur 313 transactions, ce qui représente une chute importante par rapport à l’année précédente. En 2023, les investisseurs avaient injecté 3 milliards de dollars à travers 405 transactions. Cette baisse est largement attribuée au retrait des investisseurs internationaux, notamment ceux provenant d’Amérique du Nord, face à des incertitudes économiques, des tensions géopolitiques, une inflation élevée et des taux d’intérêt accrus.
Le financement par la dette devient une alternative clé pour les start-ups africaines
Un autre point important du rapport est l’augmentation de l’utilisation du financement par la dette. Entre le 1er janvier et le 31 octobre 2024, les start-ups africaines ont levé 755 millions de dollars sous forme de financement par la dette, contre 633 millions de dollars au cours de la même période en 2023. Le financement par la dette, également connu sous le nom de venture debt, est perçu comme une alternative de plus en plus attrayante pour les jeunes entreprises, permettant une croissance non dilutive. La valeur médiane des transactions de dette a atteint 9,5 millions de dollars, en hausse par rapport aux 5 millions de dollars enregistrés en 2023. Cette tendance suggère que les start-ups africaines se tournent de plus en plus vers ce mode de financement pour soutenir leur expansion, tout en conservant leurs parts de capital.
Une dynamique régionale de financement contrastée
En termes de répartition géographique, le rapport indique que l’Afrique du Nord a dépassé toutes les autres sous-régions en matière de volume et de valeur des investissements. En 2024, cette région a levé 368 millions de dollars à travers 78 transactions, soutenue par plusieurs financements de grande envergure au troisième trimestre. Elle a devancé l’Afrique de l’Est, qui a levé 196 millions de dollars répartis sur 75 transactions. En revanche, l’Afrique de l’Ouest, traditionnellement en tête des régions attractives pour le capital-risque, a connu un déclin, avec seulement 185 millions de dollars levés et 73 transactions.
Les autres régions, telles que l’Afrique australe (152 millions de dollars) et l’Afrique centrale (6 millions de dollars), ont levé des fonds plus modestes. En revanche, les start-ups opérant dans plusieurs sous-régions ont attiré 326 millions de dollars à travers 29 transactions, soulignant l’émergence de modèles d’affaires transnationaux et multi-régionaux.
Un marché en mutation, avec des opportunités dans la fintech, l’IA et la climate tech
Le marché du capital-risque en Afrique connaît des évolutions importantes, avec une concentration des investissements dans des secteurs à fort potentiel comme la fintech, l’IA et la climate tech. Cependant, la baisse globale des financements et le repli des investisseurs internationaux montrent que le marché doit faire face à des défis liés aux incertitudes mondiales. Le financement par la dette semble offrir une voie alternative pour les jeunes entreprises africaines à la recherche de capital sans dilution, mais il reste à voir comment cette tendance évoluera dans les années à venir.
Moctar FICOU / VivAfrik