Le Congo-Brazzaville se prépare à lancer un projet majeur : la construction du barrage de Sounda, qui sera implanté sur la rivière Sounda, dans le Kouilou, une région stratégique abritant Pointe-Noire, la capitale économique. Ce projet vise à augmenter de façon significative l’offre d’électricité dans un pays où les coupures fréquentes et un réseau insuffisant freinent l’industrialisation. Avec un début de chantier prévu pour janvier 2025, ce barrage devrait produire entre 600 et 800 mégawatts d’électricité, répondant ainsi aux besoins croissants en énergie des foyers et des entreprises.
Un partenariat stratégique avec la Chine pour un projet de 1,3 milliard de FCFA
La construction du barrage sera réalisée par China Overseas Company Limited, une entreprise chinoise, dans le cadre d’un partenariat stratégique de préfinancement. Le coût de ce projet s’élève à environ 1 300 milliards de FCFA (près de 2 milliards d’euros), un montant que le gouvernement congolais, confronté à des contraintes budgétaires, a choisi de financer par l’intermédiaire d’un préfinancement chinois. Selon Thierry Moungalla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, ce projet bénéficie de « mécanismes de financement huilés » grâce aux partenaires chinois.
L’analyste économique Alphonse Ndongo explique que cette formule de préfinancement repose probablement sur le modèle build-operate-transfer (BOT), une formule qui permet à l’opérateur de construire, d’exploiter, puis de transférer la gestion de l’infrastructure après une période de concession définie. Cette approche permettrait au Congo d’accéder à un financement sans alourdir sa dette nationale immédiate, tout en confiant l’exploitation temporaire aux partenaires chinois.
Une opportunité pour renforcer l’industrialisation et attirer les investissements
Avec une capacité de production électrique nationale estimée actuellement à 720 mégawatts, dont une partie se perd en raison d’un réseau de distribution vieillissant et mal entretenu, le barrage de Sounda devrait considérablement améliorer la stabilité et la disponibilité de l’énergie. L’augmentation de l’offre énergétique est cruciale dans un contexte où le Congo souhaite diversifier son économie et attirer des investisseurs internationaux dans le secteur industriel, d’autant plus avec l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
« L’électricité est un élément crucial pour attirer les investissements directs étrangers », indique Mermans Babounga, de l’Observatoire des droits des consommateurs. Avec le barrage de Sounda, le Congo espère devenir une destination attractive pour les grandes entreprises industrielles, ce qui favoriserait la création d’emplois et renforcerait les perspectives économiques du pays.
Une solution aux défis énergétiques internes et régionaux
Bien que le Congo-Brazzaville produise actuellement plus d’électricité que ses besoins de consommation interne, des défis subsistent pour fournir un accès stable et équitable à l’ensemble de la population. Une part de la production actuelle est exportée vers d’autres pays, et le réseau électrique national n’est pas suffisamment développé pour couvrir tout le territoire. Le projet de Sounda vise non seulement à augmenter la production, mais aussi à optimiser le réseau de distribution pour assurer un meilleur service aux ménages et aux industries locales.
Un levier de développement pour les régions rurales
Le barrage de Sounda aura également un impact positif pour les régions reculées et moins desservies du Congo. En fournissant un accès accru à l’électricité dans ces zones, le projet pourrait stimuler la création de petites entreprises locales et l’amélioration des services publics, comme l’éducation et la santé. En intégrant cette nouvelle capacité énergétique, le Congo pourrait aussi envisager de nouvelles lignes de transmission pour desservir les régions isolées et assurer un développement économique plus équitable sur l’ensemble de son territoire.
Moctar FICOU / VivAfrik