La transition vers une économie verte en Afrique pourrait transformer radicalement le marché de l’emploi. Bien qu’elle menace de réduire le nombre d’emplois dans le secteur des énergies fossiles, cette transition recèle un potentiel considérable pour générer des emplois stables et qualifiés pour les jeunes, dans des secteurs dynamiques comme l’énergie solaire et les technologies agricoles intelligentes.
Selon un rapport intitulé « Forecasting Green Jobs in Africa », publié fin juillet 2024 par FSD Africa (une agence soutenue par le gouvernement britannique) et le cabinet de conseil en ressources humaines Shortlist, l’économie verte pourrait créer de 1,5 à 3,3 millions d’emplois directs d’ici à 2030 dans des sous-secteurs clés de l’économie africaine. Les domaines les plus prometteurs sont le solaire, les véhicules électriques, et les technologies agricoles adaptées aux changements climatiques.
Le rapport met l’accent sur cinq secteurs principaux dans lesquels l’Afrique montre déjà un fort potentiel : énergie et électricité, mobilité et transport, agriculture et nature, construction et immobilier, ainsi que fabrication et matériaux. Ces domaines, regroupant douze sous-secteurs tels que l’énergie solaire, l’éolien, la géothermie, et le recyclage des déchets, ont été identifiés comme prioritaires pour la création d’emplois en raison des avantages comparatifs dont dispose le continent et de leur potentiel pour une création rapide d’emplois verts.
Emplois verts : un potentiel énergétique et agricole
Le secteur de l’énergie et de l’électricité devrait être la principale source d’emplois verts en Afrique, pouvant générer jusqu’à 2 millions d’emplois d’ici 2030. L’énergie solaire dominera avec environ 1,7 million d’emplois potentiels, représentant 57 % de la création d’emplois dans ce domaine, tandis que le transport et la distribution d’électricité pourraient générer 197 000 emplois supplémentaires.
Dans le secteur agricole, la demande de technologies climato-intelligentes pourrait créer jusqu’à 700 000 emplois (25 % du total). Le sous-secteur des technologies agricoles devrait fournir près de 377 000 emplois, suivi par l’aquaculture et la production de volailles avec environ 189 000 emplois.
Les cinq pays à fort potentiel
Les modélisations de FSD Africa et Shortlist prévoient que cinq pays africains, à savoir la RDC, l’Éthiopie, le Kenya, le Nigeria, et l’Afrique du Sud, créeront ensemble jusqu’à 700 000 emplois verts, soit 22 % des emplois directs que l’économie verte pourrait générer en Afrique d’ici 2030.
Afrique du Sud : jusqu’à 275 000 emplois, dominés par l’énergie solaire.
Nigeria : jusqu’à 240 000 emplois, principalement dans l’aquaculture et la production de volailles.
Kenya : jusqu’à 240 000 emplois, largement soutenus par le secteur solaire.
Éthiopie : jusqu’à 130 000 emplois, notamment dans l’hydroélectricité.
RDC : jusqu’à 45 000 emplois, avec une concentration sur l’hydroélectricité.
Ces prévisions révèlent une diversité des secteurs qui pourraient contribuer à la création d’emplois en fonction des avantages naturels et des priorités économiques de chaque pays.
Un investissement nécessaire pour capitaliser sur les emplois verts
Le rapport indique que 60 % des emplois verts en Afrique nécessiteront des travailleurs qualifiés. De ces postes, 10 % seront des emplois hautement qualifiés (demandant des diplômes universitaires), 30 % seront spécialisés (requérant une certification professionnelle), et 20 % relèveront d’emplois administratifs. Les emplois non qualifiés seront également plus stables, offrant aux travailleurs des perspectives de progression.
Pour maximiser ces opportunités, les pays africains devront mobiliser plus de 100 milliards de dollars par an pour investir dans la formation et le développement d’infrastructures adaptées. Les auteurs du rapport encouragent les décideurs africains à promouvoir une collaboration renforcée entre le gouvernement, les entreprises, les institutions éducatives et les investisseurs afin de créer un cadre réglementaire attrayant pour le secteur privé.
La transition écologique en Afrique offre des perspectives uniques de création d’emplois pour le continent. Pour que ces emplois verts se matérialisent, il est essentiel de renforcer les formations et d’optimiser l’environnement des affaires, assurant ainsi une transition juste et inclusive vers une économie plus durable.
Moctar FICOU / VivAfrik