La 29e Conférence des Parties (COP29) sur le climat, sous l’égide des Nations Unies, se tiendra à Bakou, Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Pour la première fois depuis la COP18 au Qatar et la COP28 aux Émirats arabes unis, c’est de nouveau un pays producteur d’hydrocarbures qui accueille cette grande conférence internationale. Dans un contexte global de crise énergétique et de tensions géopolitiques, cette édition de la COP suscite des débats bien au-delà des seules questions environnementales.
Les objectifs collectifs qualifiés (OQC) : renforcer le financement climatique
La COP29 abordera un sujet phare : la révision des Objectifs Collectifs Qualifiés (OQC) pour le financement climatique. Depuis 2009, les pays développés, responsables de la majorité des émissions de CO₂, avaient convenu d’allouer 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique. Cependant, cet objectif n’a jamais été atteint, et dans un contexte de crise climatique croissante, cette somme semble aujourd’hui largement insuffisante. Les attentes sont donc fortes pour que les pays développés s’engagent à augmenter cette enveloppe financière, bien que le contexte économique actuel rende ces discussions particulièrement ardues.
Révision de l’article 6 de l’Accord de Paris : un marché mondial des émissions à restructurer
Un autre sujet prioritaire à l’ordre du jour sera la révision de l’article 6 de l’Accord de Paris, qui régule les échanges de droits d’émissions entre pays. Cette révision vise à renforcer la transparence et l’efficacité de ces échanges pour permettre aux pays en développement de bénéficier davantage de ces financements et de mieux s’intégrer dans la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Cette section est cruciale pour établir des normes claires et assurer que les crédits carbone générés soient correctement évalués et réellement bénéfiques pour la planète.
La stratégie de l’Azerbaïdjan : initiatives écologiques et plateforme de dialogue
En amont de la COP29, l’Azerbaïdjan a lancé plusieurs initiatives écologiques, destinées à renforcer son rôle en tant qu’hôte engagé dans la protection de l’environnement. Bakou a mis en place une plateforme de dialogue réunissant acteurs privés, gouvernementaux et ONG pour favoriser la collaboration internationale et soutenir les pays en développement dans la préparation de leurs rapports biennaux de transparence (BTR). Dès cette année, ces rapports devront être soumis tous les deux ans et fournir des mises à jour sur les progrès des pays dans leurs engagements climatiques.
Critiques et controverses : les hydrocarbures et le régime politique de l’Azerbaïdjan
Malgré ses initiatives vertes, l’Azerbaïdjan fait face à des critiques en raison de sa dépendance aux hydrocarbures. Socar, la compagnie nationale pétrolière, prévoit d’augmenter sa production de gaz pour remplir ses engagements envers l’Europe, ce qui soulève des questions sur la crédibilité du pays en tant qu’hôte de la COP29. En effet, alors que Bakou aspire à remplacer la Russie comme principal fournisseur d’énergie, beaucoup craignent que cela limite son engagement réel dans les objectifs climatiques de la COP29.
De plus, l’Azerbaïdjan est sous les feux de la critique pour son régime politique. Le règlement de la COP29 stipule que les lois locales doivent être respectées, une mention interprétée par certains comme un obstacle potentiel à la liberté d’expression, notamment pour les ONG et autres voix critiques envers le gouvernement. Cette restriction pourrait affecter la transparence et la prise de décision lors de la conférence. Le gouvernement azerbaïdjanais a néanmoins déclaré que toute ingérence étrangère dans le déroulement de la COP serait rejetée, insistant sur son souhait de conduire une « COP de la paix » en dépit de sa position dans le conflit armé avec l’Arménie.
Une cop sous tension : vers une « COP de la paix » dans un climat de crises géopolitiques
La situation géopolitique tendue ajoute un défi supplémentaire à cette COP. Bakou entend promouvoir la paix dans la région du Caucase et souhaite lier cette COP29 aux crises régionales et mondiales, comme les conflits en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. Cependant, beaucoup d’observateurs redoutent que les objectifs climatiques puissent être éclipsés par des préoccupations politiques.
Enjeux environnementaux, financiers et politiques pour la COP29
La COP29 de Bakou s’annonce comme une conférence cruciale pour l’avenir de la finance climatique, la révision de l’Accord de Paris et la gestion des relations entre pays développés et en développement. Si l’Azerbaïdjan parvient à équilibrer ses propres intérêts énergétiques avec les objectifs climatiques internationaux, la COP29 pourrait marquer une avancée significative pour l’environnement mondial. Cependant, les défis restent importants, et la société civile appelle à la vigilance face aux implications politiques qui pourraient interférer avec les priorités environnementales et financières de la conférence.
Moctar FICOU / VivAfrik