L’Afrique australe se joint aux efforts pour faire progresser la construction d’un front continental contre la malnutrition

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Des représentants de la Banque africaine de développement (BAD), de l’initiative African Leaders for Nutrition (ALN), de la Commission de l’Union africaine (CUA) et du gouvernement du Botswana se sont réunis à Gaborone, au Botswana, pour élaborer une approche unifiée de la lutte contre la malnutrition en Afrique australe, a révélé un communiqué de la BAD paru dans son site internet.         

Le document officiel rappelle que l’événement, tenu les 10 et 11 septembre 2024, a également attiré des experts en nutrition de 15 pays de la région pour soutenir l’élaboration du tout premier cadre politique multisectoriel de nutrition (MNPF de son acronyme en anglais) de l’Afrique. Les participants ont également discuté des interventions à fort impact, de la mise en place de mécanismes de financement durables pour les programmes de nutrition et des objectifs de financement.

Les résultats de la consultation devraient guider la formulation des politiques et promouvoir un accroissement des investissements dans le domaine de la nutrition dans toute la région.

Ayons à l’esprit que l’élaboration d’un cadre politique multisectoriel et d’un objectif d’investissement pour assurer un financement adéquat des initiatives en matière de nutrition a été lancé lors de la 41ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine, qui s’est tenue en juillet 2022 à Lusaka, en Zambie.

Les impacts économiques et sociaux de la malnutrition ont occupé une place centrale dans les discussions. Un tiers des enfants africains de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance, alors même que l’obésité constitue un défi croissant, avec des taux atteignant 55 % dans certains pays, lit-on dans le communiqué.

« La région est toujours à la traîne dans la réalisation des objectifs fixés dans le cadre de l’Agenda 2063 pour l’Afrique, en particulier lorsqu’il s’agit d’éradiquer la faim, d’assurer la sécurité alimentaire et d’améliorer la nutrition. Bien qu’il y ait eu récemment une certaine amélioration des taux de malnutrition dans la région de la SADC, la dénutrition infantile reste une préoccupation majeure. La plupart des États membres affichent des taux de retard de croissance supérieurs à 25 % et des taux d’émaciation supérieurs à 5 %. Cela nécessite donc une action immédiate et concertée », a souligné le secrétaire aux Soins de santé primaires au Botswana, Mareko Ramotsababa, dans son allocution.

Pour sa part, le professeur Julio Rakotonirina, directeur de la santé et des affaires humanitaires au Département de la santé, des affaires humanitaires et du développement social de la Commission de l’Union africaine a déclaré que « ces statistiques doivent nous inquiéter, car elles font obstacle à la réalisation de notre aspiration à l’Agenda 2063, l’Afrique que nous voulons. Ces statistiques montrent clairement qu’investir dans la nutrition de nos populations pour créer une société saine et productive est un impératif économique et devrait être au cœur du programme de transformation de l’Afrique. Investir dans une meilleure nutrition est également judicieux d’un point de vue financier. Pour un pays africain type, chaque dollar investi dans la réduction de la dénutrition chronique chez les enfants rapporte 16 dollars ».

Dans des propos relayés par le texte officiel, M. George Ouma, coordinateur de l’African Leaders for Nutrition à la Banque africaine de développement, a évoqué l’importance de l’événement dans le contexte du 60ème anniversaire de la Banque, qui s’est déroulé les 9 et 10 septembre 2024. « Cette consultation régionale illustre l’engagement durable de la Banque africaine de développement à promouvoir des stratégies nutritionnelles multisectorielles. Alors que nous célébrons les 60 ans d’impact de la Banque, nous nous souvenons que le mandat de la 41e session ordinaire de Lusaka en 2022 est le point d’ancrage de notre rassemblement », a-t-il déclaré. « L’urgence d’une approche unifiée et multisectorielle pour lutter contre la malnutrition s’aligne parfaitement sur le parcours de la Banque qui, depuis six décennies, favorise des initiatives de développement collaboratives et intersectorielles ».

La consultation régionale pour l’Afrique australe fait suite à celle pour la région de l’Afrique de l’Ouest qui s’est tenue à Dakar, au Sénégal, en août 2024. Dans le cadre du MNPF continental, des consultations régionales auront lieu dans les cinq régions d’Afrique et aboutiront à l’élaboration d’une politique unifiée et d’un objectif d’investissement pour l’ensemble du continent.

Ces consultations aideront également à mobiliser le soutien des pays africains en amont du sommet « Nutrition for Growth » (Nutrition pour la croissance), qui se tiendra en France en 2025. Ce sommet, un événement mondial organisé tous les quatre ans dans le pays hôte des Jeux olympiques, réunit les gouvernements et d’autres parties prenantes clés afin d’accélérer les progrès vers l’éradication de la malnutrition d’ici à 2030, a conclu le communiqué de la Banque africaine de développement.

Moctar FICOU / VivAfrik

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