De jeunes entrepreneurs africains soutenus par la Banque africaine de développement (BAD) ont occupé le devant de la scène, lundi 7 octobre 2024, lors de la Conférence sur le développement durable de Hambourg, en Allemagne.
Un communiqué de la BAD a fait valoir qu’au cours d’une session intitulée « Autonomiser les jeunes entrepreneurs en Afrique », des cadres supérieurs de la Banque africaine de développement et de son partenaire, l’African Guarantee Fund (AGF), ainsi que de jeunes chefs d’entreprise africains ont présenté des approches innovantes visant à combler le déficit de financement des jeunes entrepreneurs du continent.
La conférence de deux jours, qui a réuni à Hambourg des dirigeants internationaux, des institutions du développement et des jeunes créateurs d’entreprise africains, a donné lieu à des discussions de haut niveau sur la refonte des systèmes financiers internationaux et la création d’environnements d’investissement favorables à la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations unies.
Selon le texte, la session a exploré l’impact de l’initiative AFAWA (Affirmative Finance Action for Women in Africa) de la Banque africaine de développement. Par l’intermédiaire de cette initiative, la Banque a approuvé environ 1,8 milliard de dollars de prêts pour les entrepreneures africaines, et environ un milliard de dollars a déjà été décaissé en faveur de plus de 18 000 petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes.
Melanie Keita, PDG et cofondatrice de Melanin Kapital, une société fintech basée à Nairobi qui propose des prêts numériques, et bénéficiaire de l’AFAWA, a parlé de la nécessité de disposer d’options de financement plus accessibles pour les start-up africaines dirigées par des jeunes. Elle a demandé si des plans étaient prévus pour numériser le processus de prêt. « Peuvent-ils avoir accès à des prêts depuis leur salon au lieu d’avoir à parcourir de longues distances, à remplir de nombreuses formalités administratives et parfois à se voir refuser des prêts ? », a-t-elle interrogé.
Maropene Ramokgopa, ministre sud-africaine chargée de la Planification, du Suivi et de l’Évaluation auprès de la Présidence, a salué les jeunes entrepreneurs africains étaient comme des « moteurs du changement ». Elle a exhorté les gouvernements à donner la priorité aux politiques en faveur de l’entrepreneuriat et à réduire les obstacles liés à la bureaucratie.
« De la technologie financière aux solutions de santé numérique, en passant par l’agriculture, les énergies renouvelables et le secteur créatif, les jeunes entrepreneurs africains transforment leurs communautés », a souligné, dans le communiqué, Mme Ramokgopa. « Ils créent également des emplois et remodèlent les économies. »
L’Afrique est confrontée à une évolution démographique importante : le continent devrait compter 1,4 milliard de personnes âgées de moins de 25 ans d’ici à 2063.
Ahmed Attout, directeur du développement du secteur financier à la Banque africaine de développement, a présenté l’initiative des Banques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes (YEIB, de son acronyme en anglais), conçue pour dérisquer les investissements dans les jeunes entrepreneurs, tout en encourageant les talents et l’entrepreneuriat en Afrique.
« [L’initiative des Banques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes] est un guichet unique qui peut donner aux jeunes un accès au financement, aux garanties d’emploi et à l’assistance technique en matière d’emploi », a déclaré M. Attout, ajoutant que l’initiative était en phase de mise en œuvre avancée au Liberia et en Éthiopie.
Jules Ngankam, directeur général de l’African Guarantee Fund, partenaire de mise en œuvre de l’AFAWA, a annoncé des progrès significatifs dans la fourniture de solutions pour les entrepreneurs. Il a déclaré que le Fonds avait émis trois milliards de dollars de garanties, permettant aux banques commerciales de prêter cinq milliards de dollars aux PME.
La session a laissé place à une table ronde visant à stimuler le réseautage entre les institutions de développement et les innovateurs africains. Deux autres bénéficiaires du soutien de la Banque se sont joints à Mme Keita lors de cette table ronde : Chiemela Anosike, fondatrice et PDG de Solaris GreenTech, et Ebun Feludu, PDG de Kokari Coconuts & Company, deux sociétés basées au Nigéria.
Selon Chiemela Anosike, la lutte pour la réussite des start-up est réelle. « L’entrepreneuriat est difficile. L’entrepreneuriat en Afrique est encore plus difficile… Donc, c’est compliqué. Il existe certes des programmes de ce type, mais ils nous donnent un autre emploi à plein temps car nous devons collecter des fonds et cela prend six mois. Il faut un mois et plus pour élaborer une seule proposition [de financement] », a-t-elle signalé dans le communiqué.
Martha Phiri, directrice du capital humain, de la jeunesse et du développement des compétences de la Banque, a expliqué aux entrepreneurs que la Banque intégrait des compétences entrepreneuriales dans ses programmes de formation professionnelle, reconnaissant que tous les diplômés ne trouveraient pas d’emploi sur les marchés du travail existants.
Tapera Muzira, expert principal pour le capital humain, la jeunesse et le développement des compétences à la Banque, a indiqué que le laboratoire d’innovation et d’entrepreneuriat de la Banque – une plateforme en ligne qui relie les entrepreneurs africains à des ressources, des financements et des services de développement des entreprises – comblait le déficit d’information qui limite le potentiel des jeunes à contribuer aux économies et aux communautés.
Anne Beathe Tvinnereim, ministre norvégienne du Développement international, avait assuré plus tôt que son pays était déterminé à soutenir l’entrepreneuriat des jeunes Africains. Elle a fait référence au programme de financement des PME agricoles en Afrique, dirigé par l’USAID et la Norvège, un fonds multidonateurs conçu pour stimuler l’investissement dans la croissance agricole en Afrique.
« La jeunesse africaine représente 60 % de la population du continent, c’est pourquoi l’engagement et la participation des jeunes sont au cœur de la politique étrangère et de développement de la Norvège. Il ne suffit pas de financer les entrepreneurs. Nous devons bâtir une culture entrepreneuriale qui soutienne des cadres institutionnels et réglementaires solides », a déclaré Mme Tvinnereim.
La Conférence de Hambourg sur le développement durable est organisée chaque année par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), la Fondation Michael Otto pour le développement durable et la ville de Hambourg.
Moctar FICOU / VivAfrik