Les populations de Diocadou ont mis en place un comité de surveillance pour lutter contre l’exploitation et le trafic illicite de bois, dans ce village de la commune de Djibidione (Bignona, nord), frontalier à la Gambie.
« Un trafiquant qui entre automatiquement dans notre secteur est aussitôt signalé, interpellé et parfois même livré aux forces de défense », informe A.B., un natif de cette localité pour qui la sensibilisation est de mise dans leur zone.
« Ici même la culture de chanvre indien, question sensible au niveau de la bande frontalière, est interdite », a-t-il averti. La sensibilisation, une démarche mise en branle également par le maire d’Oulampane pour venir à bout de ce fléau.
« Il y a des comités de veille dans certains villages qui ont dit niet à la coupe de bois dont ceux de Djalankine et de Kaloubalou où une grande partie de la forêt est aujourd’hui préservée grâce à la farouche opposition des populations à la coupe de bois », a indiqué l’édile d’Oulampane.
Sagar Coly qui est d’avis que les populations doivent continuer à faire la sensibilisation et que l’armée doit également renforcer sa présence et ses moyens pour pouvoir jouer son rôle de police de sentinelle voire mettre hors d’état de nuire les trafiquants à n’importe quel moment de la journée.
« Parce que si ces trafiquants moins armés que nos militaires osent pénétrer dans la zone avec leurs camions en pleine journée, piller nos forêts et repartir tranquillement, l’armée doit pouvoir mettre en branle des stratégies pour les traquer », soutient-il.
En attendant, au nom des populations du Fogny, Sagar Coly promet de s’atteler aux reboisements et mettre également fin à la carbonisation du bois. « Car si les grands arbres ont été ravagés par le trafic international les arbustes qui restent sont la proie des charbonniers qui s’installent dans nos forêts pour tout carboniser », déplore-t-il.
D’où, la pertinence de mener aujourd’hui, selon Mamadou Lamine Bodian, des opérations de plantations et de reboisement, des plantations d’enrichissement dans les forêts naturelles pour essayer de faire revenir ces espèces qui se sont raréfiées.
« Dans la commune d’Oulampane nous avons produit environ 15 mille plants essentiellement des espèces locales car nous avons remarqué que plusieurs espèces sont en train de disparaître », soutient-il.
Et pour l’ex-colonel des Eaux et forêts dont l’association « Karamba » a pour but d’accompagner les collectivités territoriales dans le cadre de la gestion des ressources forestières et la formation des élus, les conséquences sont terribles car certaines espèces sont en train de disparaître de la forêt et cela ; est dramatique comme situation car elle enlève à la forêt, selon lui, sa valeur économique.
« Les programmes qui s’investissent dans la région dans le cadre de la protection de l’environnement doivent mettre l’accent sur les plantations d’enrichissement à partir des espèces locales que nous avons recensées et qui sont en train de se raréfier ; au lieu de faire des plantations massives avec des espèces exotiques », plaide-t-il.
L’ex-colonel des Eaux et forêts estime que l’Etat a fait des efforts importants dans le cadre de la décentralisation de la gestion des ressources forestières. « Parce que l’Etat a décentralisé environ 52% de l’ensemble des ressources forestières qui devraient être gérées par les collectivités territoriales », note-t-il.
Et selon Mamadou Lamine Bodian, les communautés continuent malheureusement à incriminer les services des Eaux et forêts qui gèrent les forêts du domaine classé contrairement aux autres forêts protégées dont la gestion relève des collectivités.
« Les communes ne mettent pas l’accent justement sur la protection de ces forêts et sur la valorisation des filières forestières notamment les fruits forestiers. Si on met l’accent sur cet aspect et que les populations voient qu’elles peuvent améliorer sensiblement leurs revenus à partir de ces fruits-là, elles contribueraient à la protection de ces forêts », espère-t-il.
Moctar FICOU / VivAfrik