Un communiqué diffusé au Caire en Egypte a informé que la propagation du conflit, les difficultés d’accès et les inondations généralisées entravent gravement les efforts de réponse d’urgence de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à travers le pays. C’est du moins ce qu’a alerté le sous-directeur général et représentant régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, AbdulHakim Elwaer.
Plus de la moitié de la population – soit 25,6 millions de personnes – sera confrontée à une situation de crise ou pire (phase 3 ou plus de l’IPC) entre juin et septembre 2024, coïncidant avec la période de soudure, ont relevés les derniers chiffres du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publiés en juin 2024. Ce chiffre inclut 755 000 personnes en situation catastrophique de faim aiguë (phase 5 de l’IPC) réparties sur 10 États. Le comité d’examen de la famine de l’IPC a confirmé pour la première fois que des conditions de famine (phase 5 de l’IPC) étaient actuellement présentes dans le camp de Zamzam, au Darfour du Nord.
En visite au Soudan pour évaluer la situation sur le terrain et exhorter une attention internationale à l’aggravation de la crise au Soudan et un appui aux interventions de l’Organisation, M. Elwaer a déclaré que « la rapidité et l’ampleur de la détérioration de l’insécurité alimentaire sont alarmantes et les difficultés pour atteindre les populations touchées augmentent de jour en jour. Cependant, il est encore possible d’agir – si et seulement si nous prenons des mesures unies et immédiates ».
Selon le communiqué, les précipitations sans précédent durant cette saison ont entraîné des inondations généralisées dans tout le pays, entravant les efforts humanitaires et provoquant de nouveaux déplacements de population. Depuis juin 2024, selon le tableau de bord des inondations au Soudan, 90 300 ménages (soit 499 619 personnes) ont été touchés par les fortes précipitations et les inondations dans 69 localités réparties dans 15 États. L’agriculture, les moyens de subsistance ruraux et les systèmes de commercialisation des produits alimentaires sont en première ligne du conflit et subissent des dommages et des perturbations avec des conséquences en cascade sur la sécurité alimentaire.
Le sous-directeur général et représentant régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord a insisté sur la nécessité d’une livraison rapide. « La FAO et ses partenaires se sont engagés à assurer la livraison rapide de l’aide agricole dans tout le pays, y compris dans les zones les plus durement touchées, là où les besoins sont les plus importants. Nous ne négligeons aucun effort pour faire face à cette situation critique ».
Réponse d’urgence de la FAO à l’insécurité alimentaire
Depuis l’avènement du mois de juin 2024, la FAO, avec le soutien de ses partenaires, a distribué près de 3 900 tonnes de semences de cultures et de légumes à plus de 400 000 ménages vulnérables dans neuf États (le Nil Blanc, Sennar, l’État du Nord, Kordofan du Nord, Gedaref, Kassala, l’État du Nil, la Mer Rouge et le Nil Bleu). Cet effort crucial vise à stimuler la production alimentaire locale et à rétablir les moyens de subsistance en cette période de crise, a précisé le communiqué.
La réponse de la FAO inclut également un soutien à grande échelle à l’élevage et à la pêche en fournissant aux ménages des équipements d’urgence pour l’élevage et la pêche, le repeuplement des animaux, la vaccination et le traitement du bétail, ainsi que la fourniture de pierres à lécher pour nourrir le bétail. En 2024, la FAO et ses partenaires ont vacciné avec succès près de 2,8 millions d’animaux contre les maladies courantes du bétail, touchant ainsi près de 558 000 ménages agropastoraux.
Avec la famine qui menace d’autres parties du pays, des ressources sont requises urgemment pour répondre aux besoins croissants, réduire l’insécurité alimentaire et relancer la production alimentaire locale. À ce jour, la FAO n’a mobilisé que 32,2 millions de dollars pour financer son Plan de réponse aux besoins humanitaires de 104,1 millions de dollars sur l’année 2024, soit un écart de 71,9 millions de dollars, a conclu le communiqué de presse de la FAO.
Moctar FICOU / VivAfrik