Pourquoi le Bassin du Congo mérite une attention financière accrue

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En dépit de leur importance écologique et climatique, les forêts du Bassin du Congo ne reçoivent pas assez de financements internationaux pour assurer leur conservation et soutenir le développement socio-économique légitime des populations locales. Il est donc crucial de mettre en place de nouvelles approches pour remédier à cette situation.

Malgré leur importance écologique et climatique, les forêts du Bassin du Congo ne reçoivent que 4% des financements alloués à la conservation des forêts, surtout en comparaison avec d’autres régions de forêts tropicales du monde. Des ateliers organisés en 2024 dans plusieurs pays du Bassin du Congo par l’initiative COMIFAC/WWF ont souligné le besoin de nouvelles approches de financement qui valorisent les efforts de conservation de la région tout en répondant aux besoins de développement socio-économique.

Les forêts du bassin du Congo, souvent appelées le « deuxième poumon de la planète », jouent un rôle crucial dans la régulation du climat mondial. Ces forêts sont des puits de carbone et des habitats de biodiversité exceptionnels.

Cependant, malgré son importance écologique, le Bassin du Congo ne reçoit qu’une fraction des financements disponibles pour la conservation des forêts, soit environ 4% par rapport à d’autres régions comme l’Amazonie et le Bornéo Mékong. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les forêts du Bassin du Congo ont un taux de déforestation extrêmement faible, variant de 0,01% à 0,33%.

Le rapport de Climate Focus/COMIFAC/WWF publié en 2023 révèle que les financements pour le bassin du Congo sont principalement constitués d’aides publiques au développement (68%) et de prêts (24%). Cette répartition montre que les mécanismes de financement actuels sont complexes et souvent inadaptés aux besoins spécifiques de la région.

Par exemple, le marché du carbone, bien qu’efficace pour les forêts dégradées et les processus de restauration, est inadapté pour les forêts du bassin du Congo en raison de leur faible taux de déforestation. Le seuil de rentabilité pour un projet carbone est de plus de 2% en termes de taux de déforestation, ce qui exclut de facto les forêts du bassin du Congo de ce type de financement.

Depuis le Sommet de Rio sur le développement durable en 1992 et le Protocole de Kyoto sur le climat en 1997, les pays du Bassin du Congo ont consenti d’énormes efforts en termes de politique, de législation et d’actions pour conserver leurs écosystèmes forestiers.

Ces efforts ont permis de limiter le taux de déforestation et de maintenir des forêts parmi les plus riches en carbone et en biodiversité du monde. Cependant, ces efforts ne sont pas suffisamment reconnus et soutenus financièrement. Les revenus indexés aux flux de séquestration du carbone ne suffisent pas à couvrir les charges d’investissement, encore moins à contribuer au développement économique de ces pays.

L’Initiative WWF-COMIFAC (Commission des forêts d’Afrique centrale), lancée lors de la 27ème Conférence des Parties (COP27) de la CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) à Sharm el-Sheikh en 2022, vise à augmenter les flux internationaux de financements des forêts pour soutenir la transition vers une économie verte tout en évitant la dégradation des forêts et en maintenant des écosystèmes forestiers qui contribuent à la stabilisation du climat.

Les pays du Bassin du Congo sont confrontés à des choix difficiles. Ils doivent répondre aux besoins légitimes de leurs populations tout en protégeant leurs forêts. Cette double exigence pose un défi majeur, car ils ne peuvent sacrifier leur développement socio-économique. Il est donc impératif pour eux de développer de nouvelles approches de financement qui reconnaissent les efforts consentis par les Etats pour la conservation, la protection et la gestion durable des écosystèmes forestiers.

Ces points ont été présentés et discutés lors d’une série d’ateliers organisés dans le cadre de l’initiative WWF-COMIFAC en juillet et août 2024 en République du Congo, en République démocratique du Congo, au Gabon et en République centrafricaine, et animés par Jonas Kemajou Syapze, Directeur financier du Paysage TRIDOM du WWF. Les résolutions prises au cours de ces ateliers invitent les pays à un plus grand engagement politique de leur part et à créer la synergie nécessaire sous la coordination de la COMIFAC et de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) pour améliorer les capacités de négociation qui permettront d’augmenter les flux de financements vers le Bassin du Congo.

Il est impératif que les forêts du Bassin du Congo reçoivent l’attention financière qu’elles méritent. Il est temps que la communauté internationale reconnaisse l’importance écologique du bassin du Congo et soutienne financièrement les efforts des pays de la région pour conserver ces précieuses forêts tout en répondant aux aspirations légitimes de développement socio-économique des populations.

(fdrc.org)

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