L’organisation indépendante à but non lucratif Dialogue Earth a été accusée d’avoir tenté de mobiliser une campagne de diffamation contre la plus grande raffinerie d’Afrique, la raffinerie Dangote, qui produit 650 000 barils par jour. L’ONG aurait contacté le journaliste nigérian David Hundeyin pour produire un article affirmant que la raffinerie soulève des questions sur les ambitions climatiques du pays tout en évaluant les implications d’une utilisation accrue des combustibles fossiles au Nigeria. Dans une déclaration publiée sur X, M. Hundeyin décrit l’article pour ce qu’il est : une tentative d’une ONG occidentale d’utiliser une voix africaine pour soutenir la pauvreté énergétique en Afrique.
Représentant la voix du secteur africain de l’énergie et fervent défenseur des voix africaines, la Chambre africaine de l’énergie (AEC) condamne fermement, dans un communiqué diffusé à Johannesburg en Afrique du Sud le 13 août 2024, les tactiques malhonnêtes employées par Dialogue Earth pour embaucher des Africains et les utiliser pour détruire leur propre industrie pétrolière et gazière. L’AEC promeut depuis longtemps le rôle essentiel que jouent le pétrole et le gaz dans le développement économique et l’utilisation de combustibles propres en Afrique. Des projets tels que celui de Dangote – la première raffinerie à grande échelle du Nigeria – devraient transformer l’Afrique de l’Ouest en réduisant la dépendance à l’égard des combustibles importés, en augmentant la disponibilité de pétrole propre et d’origine locale, tout en créant des emplois et des opportunités commerciales. La campagne de Dialogue Earth montre clairement comment l’Occident diabolise l’industrie et empêche tout progrès significatif dans la lutte contre la pauvreté énergétique en Afrique.
Si l’on se fie à la même source, Dialogue Earth aurait proposé à M. Hundeyin 500 USD pour rédiger l’article, qui mettait en évidence plusieurs contradictions et sujets de préoccupation. Tout d’abord, Dialogue Earth aurait indiqué que l’objectif de l’article était d’identifier les implications environnementales de la raffinerie Dangote pour le Nigéria, en particulier dans le contexte de la transition énergétique du pays. Or, le Nigeria a fortement défendu le rôle du pétrole et du gaz dans sa transition, plaidant pour une transition juste par laquelle le pays peut réduire les émissions d’une manière qui protège l’économie et réduit la pauvreté énergétique. En tant que l’un des plus grands producteurs de pétrole d’Afrique, le Nigeria considère que le pétrole et le gaz sont essentiels pour créer les conditions nécessaires à la transition du pays. La croissance de l’industrie générera des revenus, renforcera les activités économiques tout en favorisant la production de carburants à faible teneur en carbone. La raffinerie joue donc un rôle intrinsèque dans la transition énergétique du Nigéria, malgré ce que Dialogue Earth tente d’affirmer.
Deuxièmement, le mémoire comprendrait des objectifs tels que l’étude des conséquences environnementales de la raffinerie dans le contexte de son respect des normes d’émission. Comme l’écrit si bien Hundeyin dans sa déclaration, le Nigeria est depuis longtemps confronté au défi de dépendre du pétrole importé, en grande partie à cause du manque d’installations telles que celle de Dangote. C’est ainsi que les cargaisons de carburant d’Afrique de l’Ouest – raffiné à l’étranger – contiennent des déchets toxiques et une teneur en soufre 200 fois supérieure à la limite légale européenne. Grâce à la raffinerie Dangote, le Nigeria pourra non seulement réduire sa dépendance à l’égard du pétrole importé, mais aussi mettre en place des restrictions claires concernant la teneur en soufre, favorisant ainsi la protection de l’environnement. Pourtant, Dialogue Earth ne semble pas se préoccuper du carburant toxique, mais seulement du fait qu’une raffinerie qui allait transformer l’Afrique de l’Ouest soit abandonnée.
L’histoire vise également à explorer les implications géopolitiques de la croissance de l’industrie pétrolière au Nigeria et les motivations de la raffinerie. Ceci est ironique étant donné le manque de reconnaissance par Dialogue Earth du rôle critique que joue la raffinerie dans le développement de l’économie, contribuant à la stabilité mondiale des carburants tout en renforçant l’industrie de l’énergie au Nigéria. Cette tentative de campagne de diffamation montre que les ONG telles que Dialogue Earth ne défendent la cause du changement climatique que lorsque cela les arrange et qu’elles n’ont aucun problème à maintenir l’Afrique dans l’ignorance, en utilisant des voix africaines pour le faire.
Le président exécutif de l’AEC, NJ Ayuk, a ajouté que « l’AEC soutient pleinement Hundeyin et le félicite de s’être opposé à Dialogue Earth. Nous sommes totalement opposés à ce qu’une ONG occidentale tente d’utiliser des voix africaines pour faire avancer son propre programme biaisé. La tentative d’obtenir qu’un journaliste nigérian bien connu soutienne effectivement une telle campagne de diffamation témoigne d’une approche lâche de la part de l’ONG occidentale pour essayer de détruire l’industrie pétrolière et gazière africaine, tout cela parce qu’elle ne peut pas le faire avec ses propres noms ou organisations ».
La récente tentative de Dialogue Earth n’est qu’une des nombreuses tentatives des ONG basées et financées en Occident pour arrêter les projets pétroliers et gaziers en Afrique. Qu’il s’agisse de l’oléoduc est-africain en Ouganda, de l’exploration offshore en Afrique du Sud ou des projets de GNL au Mozambique, ces organisations semblent déterminées à restreindre l’accès à l’énergie en Afrique. « Nous avons vu comment le pétrole brut africain a été traité, comment le financement du GNL au Mozambique a été traité, comment l’Occident a constamment attaqué l’Afrique du Sud alors qu’elle tente de développer son gaz naturel et comment il a constamment attaqué d’autres projets gaziers et coupé le financement. Ces tactiques nuisent au développement de l’Afrique, à notre lutte contre la pauvreté énergétique et aux jeunes qui veulent construire des démocraties fortes », a conclu M. Ayuk.
Moctar FICOU / VivAfrik