Une méga-ferme pour répondre à l’ambition laitière de l’Est libyen

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En Libye, les autorités de Benghazi qui ambitionnent produire localement du lait frais et des yaourts pourrait voir leur rêve se réaliser avec l’annonce d’une méga-ferme laitière de 30 000 vaches. Le marché a été confié à un groupe privé azéri-turc qui a déjà fait venir un premier lot de mille génisses françaises, pour une phase test.

Rappelons que pour le premier voyage effectué en mars 2024, mille génisses de race prim’holstein, la « Rolls-Royce » des vaches laitières, ont été rassemblées dans le port de Sète, au sud de la France. Suffisant pour Christian Durris, un négociant en bétail et Président-directeur (PDG) de la société EuropeAgri, qui a choisi ces vaches avec son fils de détailler qu’« elles viennent de toute la France, depuis le Finistère jusqu’aux Hauts-de-France en passant par l’Alsace et le centre de la France. Pour faire un volume comme celui-ci, il faut voyager beaucoup ».

Une à une, les bêtes ont pris la passerelle pour embarquer sur un navire bétailler, destination la Libye. Trois jours de voyage, avec à bord, tout pour supporter l’exil en Libye comme l’a expliqué Frédéric Casasola, directeur du développement de B3 Group, un groupe azéri-turc, qui a remporté le marché. « Avec les vaches, on apporte 52 tonnes de nourriture française, pour limiter leur stress à l’arrivée ainsi que tous les médicaments pour une année ».

Le coût de ce premier voyage est d’un peu moins de 3 millions d’euros. Un montant qui s’ajoute au coût de la réhabilitation de la ferme de Ghot Sultan, située au sud-Est de Benghazi et presque abandonnée depuis la guerre. Un projet financé par le gouvernement de l’est libyen dont l’ambition est l’autosuffisance en produit laitier.

« L’État de Benghazi a tourné la page de la révolution et souhaite redresser l’économie, l’ambition, à terme, c’est d’avoir 30 000 vaches laitières pour produire du lait frais, des yaourts et du fromage fabriqué en Libye. L’objectif, c’est aussi de former des libyens au travail de la ferme », a expliqué Frédéric Casasola.

Des centaines de veaux déjà nés sur place

Des prototypes de pots de yaourts ont déjà été dessinés. Mais les Libyens devront encore faire leurs preuves pour rivaliser avec les mega-fermes d’Arabie saoudite et du Qatar. L’activité laitière est très technique, a rappelé Laurent Tremoulet, directeur de la SEPAB, la société d’exploitation du parc à bestiaux de Sète.

A cet effet, M. Tremoulet a laissé entendre que « chaque génisse va faire un veau qu’il va falloir engraisser aussi. Et après, il y a toutes les préoccupations sanitaires relatives aux animaux, une régularité, une alimentation équilibrée. Pour qu’elle produise du lait, il faut lui donner les bonnes choses au bon moment. Sur un engraissement, on peut se louper pendant quelques semaines, sur une génisse, on ne peut pas, car sa carrière laitière va dépendre de ses premières semaines de lactation ».

Depuis l’arrivée du premier lot de vaches en Libye, plusieurs centaines de veaux sont déjà nés. À terme, la ferme de Ghot Sultan, qui s’étend sur 17 kilomètres, a aussi l’ambition d’accueillir 6 millions de poulets. Pour le port de Sète, ce nouveau marché qui s’ouvre en Libye pourrait être une petite bouffée d’air : le premier port bétailler d’Europe a vu ses résultats financiers s’effondrer depuis le gel du marché algérien, suite à l’apparition de la MHE en septembre dernier en France, un marché qui représentait ces cinq dernières années 80 à 90% de l’activité. En février 2024, après le Maroc et la Tunisie, la Libye a rouvert ses frontières au bétail vivant français. Mais le blocage persiste avec Alger.

Moctar FICOU / VivAfrik

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