Le Fonds africain de développement a lancé le deuxième appel à propositions dans le cadre de son Guichet d’action climatique (CAW, pour Climate Action Window en anglais) en marge des 59ème Assemblées annuelles du Conseil des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) qui se tiennent du 27 au 31 mai 2024 à Nairobi, la capitale du Kenya.
Si l’on se fie au communiqué de la BAD parvenu à VivAfrik, ce guichet a été créé lors de la 16ème reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FAD-16) pour aider 37 pays africains à faible revenu et vulnérables à accélérer et à élargir l’accès aux financements climatiques pour des mesures visant à faire face aux impacts et aux chocs des changements climatiques.
Le deuxième appel se concentrerait sur les projets d’atténuation des changements climatiques visant à réduire ou à éviter les émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est de promouvoir des approches qui contribuent à atteindre l’objectif de zéro émission nette, a déclaré le vice-président de la Banque africaine de développement chargé de l’Électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte qui se prononçait lors d’une session spéciale des donateurs lundi 27 mai 2024.
Kevin Kariuki a évoqué, dans le communiqué, les effets des changements climatiques sur le continent — les inondations au Kenya et en Tanzanie en début mai, l’impact dévastateur du cyclone Freddy en Afrique du Sud l’année dernière et les sécheresses actuelles en Afrique australe.
Les besoins massifs de financement climatique de l’Afrique — qui s’élèvent actuellement à environ 277 milliards de dollars — ne peuvent être satisfaits que grâce à des outils innovants. Ceux-ci comprennent des mécanismes de garantie, l’émission d’obligations hybrides durables, et le Guichet d’action climatique de la Banque, qui vise à mobiliser quatre milliards de dollars au cours du cycle actuel du FAD-16, a ajouté M. Kariuki, annonçant que le Conseil des gouverneurs avait approuvé l’affectation de 13,2 millions de dollars provenant de son revenu net du Guichet d’action climatique.
Au nom des pays émargeant au guichet concessionnel du Groupe de la Banque, M. Kariuki a également remercié les pays donateurs fondateurs — Pays-Bas, Allemagne, Suisse et Royaume-Uni —, pour avoir « cru en notre rêve ».
« Le premier appel à propositions pour le Guichet d’action climatique a reçu 359 projets éligibles d’une valeur de quatre milliards de dollars, démontant ainsi l’ampleur des besoins en matière d’adaptation. Les projets couvrent tous les pays émargeant au Fonds africain de développement avec 31 projets nationaux et 10 projets multinationaux », a rappelé M. Kariuki dans le texte officiel.
De son côté, Anthony Nyong, directeur du Département des changements climatiques et de la croissance verte à la Banque africaine de développement a estimé que ces projets — « la plus grande réserve de projets d’adaptation sur le continent » — couvrent divers secteurs, notamment l’agriculture, la sécurité de l’eau, les systèmes d’alerte précoce et d’information climatique, la finance verte et les infrastructures résilientes.
La Banque s’est engagée à allouer au moins 40 % de ses investissements annuels totalisant 25 milliards de dollars sur la période 2020-2025 au financement climatique et est en passe d’atteindre cet objectif si le rythme actuel des prêts se maintenait, lit-on dans le communiqué. En 2023, la BAD a engagé 5,85 milliards de dollars au titre du financement climatique, a indiqué M. Kariuki. Le « triple A » du financement climatique, à savoir la disponibilité (availability), l’accès (access) et l’abordabilité (affordability), guidera les efforts de la Banque, a-t-il promis.
Le Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement a ouvert le Guichet d’action climatique pour répondre aux besoins de financement climatique des pays à faible revenu avec un financement initial de 429 millions de dollars. Le fonds devrait atteindre 14 milliards de dollars à termes.
Le deuxième appel est ouvert aux entités gouvernementales, ministères, départements, organismes, services de la Banque africaine de développement, organisations non gouvernementales, organisations communautaires et organisations intergouvernementales (y compris les agences des Nations unies, les communautés économiques régionales, les centres climatiques régionaux des bassins fluviaux), a précisé le communiqué.
Signalons que le Guichet d’action climatique alloue environ 64 millions de dollars pour cet appel à propositions en matière d’atténuation. Les financements se feront sous forme de dons. Les demandes de financement pour un seul projet ou programme peuvent varier de trois à cinq millions de dollars. Le comité d’évaluation indépendant peut recommander l’octroi de dons au-delà ou en deçà de ces limites dans des cas exceptionnels.
Moctar FICOU / VivAfrik