Des centaines de milliers de personnes, au Burundi, ont été contraintes de se déplacer à cause des inondations provoquées par les fortes pluies. Ces pluies n’ont quasiment pas cessé depuis septembre 2023, au lieu des deux saisons des pluies habituelles. Le gouvernement et la représentante de l’ONU sur place appellent à l’aide.
L’Afrique de l’Est connaît ces dernières semaines des pluies torrentielles qui ont causé la mort d’au moins 58 personnes en Tanzanie et 13 autres au Kenya.
Au Burundi, ces pluies dévastatrices ont provoqué des inondations, glissements de terrain, vents violents et grêle ayant affecté plus de 203 900 personnes « entre septembre 2023 et le 7 avril 2024 ».
Suffisant pour le gouvernement du Burundi et la représentante de l’ONU sur place de lancer un appel à une aide financière pour faire face aux « effets dévastateurs » des pluies saisonnières qui, exacerbées par le phénomène climatique El Niño, ont fait près de 100 000 déplacés.
Le Burundi, pays le plus pauvre au monde en termes de Produit intérieur brut (PIB) par habitant selon la Banque mondiale et l’un des vingt pays les plus vulnérables au changement climatique selon l’Organisation internationale pour les migrations, les pluies ont été quasiment ininterrompues depuis septembre, au lieu des deux saisons des pluies habituelles (septembre-janvier et mars-mai).
« Le nombre de déplacés internes a augmenté de 25 % pour atteindre les 96 000 personnes », ont souligné mardi 16 avril 2024, dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur, Martin Niteretse, et la coordinatrice résidente du Système des Nations unies au Burundi, Violet Kenyana Kakyomya.
Le communiqué fait également état de « pertes en vies humaines », sans donner de bilan, de « destructions des champs de culture, des moyens de subsistances, d’habitations et d’infrastructures socio-économiques ».
Pour Joachim Ntirampeba, victime des inondations, « depuis l’année dernière, les pluies et les niveaux d’eau augmentent ici. Petit à petit, les terres sont gorgées d’eau. Maintenant, le niveau d’eau est très élevé et nous n’avons jamais vu une situation aussi grave. C’est terrible. C’est la première fois de ma vie que je vois ça ».
Déclaration d’un « état d’urgence » ?
Alors que les prévisions météorologiques annoncent des précipitations « sensiblement au-dessus de la normale » jusqu’en mai, « le gouvernement et les acteurs humanitaires ont besoin de ressources financières pour faire face aux défis croissants en vue d’éviter une aggravation » de la situation, appellent-ils. Au total, 306 000 personnes sont « en besoin d’assistance humanitaire ».
Le gouvernement du président Evariste Ndayishimiye fait face depuis plusieurs semaines aux critiques, notamment, de la société civile et de l’opposition, qui l’appellent à déclarer un « état de catastrophe naturelle » ou un « état d’urgence ».
A Bujumbura, capitale économique et principale ville du pays, située sur la rive nord du lac Tanganyika, plusieurs quartiers ont été inondés, des routes et des ponts détruits et certains hôtels et hôpitaux abandonnés en raison de la montée des eaux.
Les eaux du deuxième plus grand lac d’Afrique ont atteint 777,04 mètres au 12 avril, à 36 centimètres de la crue record de 1964, a alerté vendredi le responsable de la protection civile, le général Anicet Nibaruta, cité par des médias burundais.
El Niño, qui a débuté mi-2023 et pourrait durer jusqu’au mois de mai, a régulièrement des conséquences dévastatrices en Afrique de l’Est. En décembre 2023, plus de 300 personnes avaient péri dans diverses catastrophes causées par des pluies diluviennes. D’octobre 1997 à janvier 1998, de gigantesques inondations avaient fait plus de 6 000 morts dans cinq pays de la région.
Le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde selon la Banque mondiale et l’un des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le « besoin d’assistance humanitaire » dans ce pays concerne 306 000 personnes.
Moctar FICOU /VivAfrik