La cinquième édition de « African Economies », un rapport sur les perspectives économiques du continent en 2024, récemment publié en collaboration avec l’Agence française de développement (AFD) a indiqué que le financement nécessaire pour faire face au changement climatique en Afrique s’élève à 2 500 milliards de dollars. Pour aider les pays à mettre en place des stratégies climatiques, les banques de développement s’efforcent de réduire cet écart considérable.
Le continent africain est particulièrement exposé aux impacts du changement climatique. La dépendance économique à l’égard de secteurs se situant en première ligne tels que l’exploitation minière et l’agriculture – 30 des 40 économies les plus dépendantes de l’agriculture au monde au regard de son poids dans le Produit intérieur brut (PIB) se situent en Afrique – ainsi que l’intensification des événements climatiques extrêmes (cyclones, sécheresses, inondations…) nous le rappellent constamment.
La dépendance de l’Afrique à l’égard des ressources naturelles telles que l’agriculture et l’exploitation minière rend de nombreuses économies africaines de plus en plus vulnérables aux effets du changement climatique.
C’est pourquoi des ressources financières importantes sont nécessaires pour aider les pays à faire face. La Climate Policy Initiative (CPI) estime que quelque 2 800 milliards de dollars seront nécessaires entre 2020 et 2030 pour que l’Afrique atteigne ses objectifs en matière de prévention du réchauffement climatique. Cependant, les ressources engagées jusqu’à présent pour mettre en œuvre les Contributions déterminées au niveau national (CDN) (plans climatiques nationaux) ne s’élèvent qu’à 300 milliards de dollars, soit un peu plus de 10 % des besoins totaux.
« Sachant qu’il manque donc 2 500 milliards de dollars pour concrétiser les CDN, il faudra mobiliser chaque année au moins 250 milliards de dollars, soit environ 10 % du PIB africain. Et bien sûr l’Afrique a besoin de financements allant bien au-delà de ceux nécessaires pour faire face au changement climatique », a souligné Colin Bermingham, économiste à la Banque européenne d’investissement (BEI), dans L’Économie africaine 2024 (Éditions La Découverte), ouvrage réalisé en collaboration avec l’AFD.
Bien que l’écart reste important, le financement de l’action climatique a connu une croissance lente et continue ces dernières années. Quelque 22,5 milliards de dollars ont été atteints en 2020, soit une hausse de près de 6 % depuis 2019. La responsabilité de l’Afrique dans le réchauffement climatique est minuscule : le continent ne représente que 7 % des émissions cumulées de gaz à effet de serre depuis le milieu du XIXe siècle, contre 45 % pour les pays développés.
L’essentiel de cet effort financier est porté par les banques multilatérales de développement, qui ont déployé plus de 10 milliards de dollars de financements climat en Afrique en 2020 (contre 6,4 milliards en 2019), soit 45 % du total. Ces financements sont en augmentation, mais le chemin à parcourir est encore long.
M. Bermingham a ajouté que « le continent dépend largement des financements externes pour les initiatives climatiques. Les données de la CPI montrent que près de 90 % des investissements liés au climat ont été financés par des entités étrangères ».
Moctar FICOU / VivAfrik