Le mécanisme de commercialisation du cacao en Côte d’Ivoire (premier producteur mondial) à savoir la vente par anticipation, montre « ses faiblesses », a estimé la Plateforme ivoirienne pour le cacao durable (PICD) selon qui « il est difficilement compréhensible » que les producteurs « ne bénéficient pas de la situation actuelle » de surenchère.
La forte hausse des cours du cacao depuis le début de cette année suscite des perspectives d’amélioration des prix aux planteurs dans plusieurs pays fournisseurs. En Côte d’Ivoire, la pression monte pour que la tendance internationale se reflète positivement chez les producteurs.
Suffisant pour la Plateforme ivoirienne pour un cacao durable de demander, le 18 mars 2024, une révision du système de fixation des prix afin de permettre aux planteurs de tirer profit de la hausse actuelle des cours de la fève sur le marché international.
Alors que les prix du cacao ont presque triplé durant l’année en cours franchissant les seuils historiques de 8 000 $ la tonne et de 6 000 livres respectivement à New York et Londres, l’organisme estime que le mécanisme actuel géré par le Conseil du Café-Cacao (CCC) prive les cacaoculteurs de cette manne.
Dans la première économie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le régulateur vend chaque année, depuis plus d’une décennie, 80 % de la récolte par avance sur la base des cours du moment afin de fixer les prix du cacao, au début de chaque campagne principale (octobre) et intermédiaire (avril). Actuellement, le tarif de 1 000 Fcfa fixé pour la petite traite est identique à celui établi au début de la grande saison en octobre dernier.
La PICD a indiqué à Reuters que « dans plusieurs pays, les producteurs de cacao bénéficient directement des prix du marché mondial. Il est difficile de comprendre pourquoi les producteurs de cacao [ivoiriens] n’en bénéficient pas ».
Et si ce tarif officiel est déjà faible par rapport à celui en vigueur au Cameroun (3 000-4 000 Fcfa/kg), l’ONG souligne que la récente sortie du CCC pour mettre en garde les exportateurs contre le dépassement de ce montant pour la livraison de fèves dans leurs installations, pourrait entraîner une suppression des primes perçues par les producteurs et davantage affaiblir leurs revenus.
Plus globalement, si la refonte du système demandée par la PICD part du constat réel des tarifs peu rémunérateurs aux planteurs, cela ne devrait pas occulter le fondement du modèle ivoirien de commercialisation du cacao.
En effet, en cas de chute des cours mondiaux, ce mécanisme permet de réduire la vulnérabilité des producteurs leur garantissant à minima de 50 % du prix CAF, quel que soit le niveau de faiblesse des cours mondiaux, une protection que n’offre pas les systèmes de libéralisation au Cameroun et au Nigeria et où les prix sont directement corrélés aux cotations mondiales pour le meilleur et le pire.
Moctar FICOU / VivAfrik