Le prix des denrées alimentaires flambe au Nigeria où le riz est la deuxième céréale la plus consommée après le maïs. Comme pour le maïs et le sorgho, les prix de la céréale sont à des niveaux importants depuis le début de l’année 2024. Pour soutenir les plus démunis, le Sénat propose au gouvernement de mettre en place, provisoirement, un nouveau dispositif : des bons alimentaires.
Il s’avère qu’au Nigeria, le coût d’accès au riz est de plus en plus élevé pour les consommateurs. Les données du Bureau national des statistiques (NBS) indiquent en effet que, le prix moyen du kilogramme du riz local commercialisé en vrac a atteint environ 1 022 nairas (0,65 $) durant le mois écoulé, soit le double du tarif un an plus tôt.
Sur la même période, le tarif pour les brisures de riz a augmenté de plus de 95 % à 1 107 nairas (0,70 $) alors que le prix du riz importé a connu une hausse de 78 % pour s’établir à 1 322 nairas (0,84 $).
Pour stopper la saignée, le Sénat tente de trouver des réponses à une inflation record. Il a demandé, mardi 27 février 2024, au gouvernement nigérian de mettre en place des bons alimentaires, rapporte le journal Daily Post Nigeria. Cette mesure serait mise en place de façon provisoire pour tenter de faire reculer l’insécurité alimentaire qui grandit dans le pays. Selon les projections des autorités, elle devrait concerner plus de 26 millions d’habitants en 2024, soit plus d’un Nigérian sur dix.
Ce bon alimentaire doit permettre aux personnes au faible revenu ou sans revenu d’acheter de la nourriture malgré la hausse des prix. D’après le sénateur Ali Ndumé, qui a présenté cette motion au Sénat, c’est un dispositif plus efficace qu’une aide financière. « Donner de l’argent aux Nigérians, c’est un système que je ne soutiens vraiment pas. Nous y avons goûté, en particulier sous le régime de l’ancien président Muhammadu Buhari et il a donné lieu à une corruption massive. S’il s’agit d’un bon alimentaire, il vous est normalement donné, soit pour acheter du gari, soit pour acheter du riz, ou un autre produit alimentaire. Vous vous rendez dans les points prévus à cet effet, vous présentez votre bon alimentaire et en échange, vous recevez de la nourriture. De cette façon, il y aurait une sorte de contrôle et cela garantirait que cet argent serve bien aux personnes dans le besoin », a-t-il clarifié.
Notons que cette forte hausse des prix du riz sur le marché local s’inscrit dans un contexte économique marqué par une progression de l’inflation annuelle qui a atteint 29,9 % en janvier 2024, son niveau le plus élevé depuis 28 ans. L’inflation alimentaire, principal moteur de cette croissance, a atteint 35,41 %, en janvier, contre 24,32 % un an plus tôt.
Il faut noter que le coût de la préparation du riz jollof, le principal plat traditionnel nigérian, a presque doublé par rapport à l’année précédente avec la hausse des prix de la tomate et l’oignon entrant dans la composition de ce mets, respectivement de 77,6 % et de 42,13 %.
Le pays qui produit environ 70 % de sa consommation, a importé pour plus de 2,3 milliards $ de riz en 2022 pour satisfaire ses besoins, d’après les données compilées sur la plateforme Trade map.
Moctar FICOU / VivAfrik