Par Wolondouka SIDIBE
Explorer les pratiques agricoles durables et leur impact sur la croissance du secteur, mais aussi le rôle des technologies et de l’innovation dans le façonnement de l’avenir de l’agriculture africaine, un nouveau rapport y consacré dévoile toutes les pistes pour la résilience dudit secteur en Afrique.
Réalisé en collaboration avec le Groupe OCP, leader mondial du marché des engrais phosphatés, le nouveau rapport d’Oxford Business Group (OBG) vient à point nommé au lendemain de la tenue de la COP28 de Dubaï. Ainsi la quatrième édition du focus report, intitulé « Agriculture in Africa 2023 », non seulement est une mine d’informations mais aussi un repère, une boussole pour une résilience du secteur agricole africain.
Le constat est édifiant. En effet, bien qu’elle abrite 60% des terres arables de la planète, l’Afrique n’a pas encore exploité tout son potentiel agricole. Toutefois, indique le document, elle déploie diverses initiatives pour accroître la productivité du secteur, autonomiser les agriculteurs locaux et garantir l’accès aux intrants, à la technologie et au capital grâce aux activités agricoles-projets technologiques.
En outre, les terres cultivées du continent se sont considérablement étendues depuis 2020, contribuant à 52% de l’augmentation mondiale des superficies cultivées, l’Afrique subsaharienne étant en tête de la croissance de la production agricole. Ce qui dénote l’importance de la transition vers des systèmes agricoles basés sur la connaissance grâce à des initiatives d’organisations cherchant à parvenir à une croissance durable, inclusive et productive.
Dans la nouvelle configuration, OBG Focus Report met l’accent sur le rôle clé des femmes et de la jeunesse dans le secteur agricole en Afrique. Ces dernières années, souligne-t-il, ont été marquées par des évolutions notables dans le paysage dynamique de l’agriculture africaine. Pour Karine Loehman, directrice générale d’OBG pour l’Afrique, ce nouveau rapport constitue un instrument stratégique fournissant des directives tangibles pour exploiter la numérisation, autonomiser la jeunesse et promouvoir l’égalité des genres, soit tous des éléments essentiels pour l’avenir de l’agriculture africaine.
Des initiatives du secteur privé et de politiques
En effet, l’autonomisation des femmes reste une question cruciale, les femmes rurales étant confrontées à des disparités de financement fondées sur le sexe. Il convient de prendre des initiatives du secteur privé et de politiques sensibles au genre pour combler cet écart.
En conjonction avec les efforts d’inclusion centrés sur les femmes, les initiatives axées sur les jeunes constituent un élément important de la longévité du secteur. Les programmes encourageant l’entrepreneuriat, la formation et le renforcement des capacités sont devenus monnaie courante pour les jeunes agricoles.
Ce qui fait dire à Abebe Haile-Gabriel sous-Directeur général et Représentant régional pour l’Afrique, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), que pour garantir la participation active et les contributions de tous les jeunes, les décideurs politiques sont encouragés à fournir des plateformes inclusives où les jeunes ont une voix.
Selon lui, il s’agit notamment d’investir dans des programmes de renforcement des capacités qui fournissent les compétences et les connaissances nécessaires pour s’engager efficacement dans l’agriculture et l’agro-industrie, favoriser les réseaux et associations de jeunes dans le secteur agricole. Il est question aussi d’améliorer l’inclusion financière des jeunes, d’établir des programmes de mentorat pour les jeunes, et de promouvoir l’égalité des sexes pour surmonter les défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes.
Accès équitable aux données
En d’autres termes, il faut engager la jeunesse africaine à tirer parti des outils numériques pour transformer les systèmes agroalimentaires puisque ces outils peuvent améliorer l’efficacité, la durabilité et la rentabilité. A cet effet, l’approfondissement de l’adoption nécessite une approche inclusive, telle que des programmes d’alphabétisation numérique et un accès équitable aux données et autres infrastructures numériques.
Dans son analyse, l’expert de la FAO est formel : « l’engagement des jeunes est essentiel pour améliorer l’efficacité, l’équité, la résilience et la durabilité des systèmes agroalimentaires africains, produisant ainsi une meilleure production, une meilleure nutrition et un environnement plus vert ». Dans cette optique, la participation de partenariats public-privé renforce encore ces efforts dans la mesure où ils peuvent fournir un soutien financier et technique essentiel et favoriser l’innovation et le transfert de connaissances.
Les projets de collaboration impliquant les gouvernements, les entreprises et les jeunes agriculteurs peuvent accélérer l’adoption de pratiques durables, moderniser les techniques agricoles et améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, contribuant ainsi à un développement plus vert, plus inclusif et plus résilient en Afrique.
Enfin, les start-ups agro-technologiques en Afrique commencent à se développer. Aujourd’hui, leur financement cumulatif a atteint plus de 864,2 millions de dollars tandis que le nombre d’entreprises en la matière a atteint 145 sur le continent. Celles-ci ont réalisé un total de 353 transactions à travers 366 investisseurs. C’est peu pour un continent mais c’est déjà un bon début.
Wolondouka SIDIBE, Journaliste (lopinion.ma)