Le gaz restera indispensable malgré le réchauffement climatique, selon TotalEnergies

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Le fournisseur et producteur français privé d’électricité et de gaz, TotalEnergies, n’a pas l’intention de tirer un trait sur le gaz naturel. Il prédit même un bel avenir à ce combustible fossile et émetteur de gaz à effet de serre. Le géant français des hydrocarbures prévoit, dans un rapport publié mardi 14 novembre 2023, que la part du gaz naturel dans la demande mondiale d’énergie se maintiendra autour de 22 à 24% d’ici à 2050, et ce quels que soient le scénario et l’effort mondial pour enrayer le réchauffement climatique.

Le rapport examinant les perspectives d’évolution du système énergétique mondial publié par Totalénergies surprend. La multinationale française qualifie de « plus réaliste » ses prévisions par rapport à celles de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ces prévisions accréditent la stratégie de TotalEnergies, le groupe ambitionnant d’augmenter sa production pour que le gaz représente la moitié de ses ventes en 2030.

« On voit bien que si on veut faire évoluer le système électrique vers moins d’émissions de gaz à effet de serre, et c’est le but, il faut bien évidemment qu’il soit fortement renouvelable » a déclaré Patrick Pouyanné, PDG de Totalénergies.

Dans ce rapport détaillé, Totalénergies établit trois scénarios pour les trente prochaines années. Tous font l’hypothèse d’une croissance démographique portant la population mondiale à 9,5 milliards d’humains, tout ayant besoin d’un approvisionnement énergétique sûr et à prix abordable.

« Le gaz jouera un rôle important pour aider l’Asie – en particulier la Chine et l’Inde – à réduire l’usage du charbon. Et puis le gaz est utilisé dans des secteurs, par exemple industriels, pour lesquels il est difficile de ne miser que sur l’électricité. Maintenant, après 2030-2040, on parle d’un gaz auquel sera associé un système de captage et de stockage de carbone. Cela devrait aider à le décarboner », a souligné Simone Tagliapietra, spécialiste des questions énergétiques et climatiques à l’institut Bruegel, confirmant que le gaz qui va rester nécessaire dans les années, décennies à venir. 

Le captage de carbone, une technologie énergivore et encore coûteuse.  Pour autant, Simone Tagliapietra juge les prévisions de TotalEnergies élevées. « Dans les scénarios de l’Agence internationale de l’énergie – ou par d’autres -, conformes à un scénario de neutralité climatique, le rôle du gaz reste significatif, mais c’est de l’ordre de 10 à 15%, pas de 25%. Ça, ça me paraît beaucoup ».

TotalEnergies assume cette divergence dans ce rapport publié à seulement deux semaines de l’ouverture de la COP28. Une COP où, souligne Simone Tagliapietra, les géants pétrogaziers ne devraient pas manquer d’accentuer le rôle du gaz dans la transition.

Dans le scénario le plus délétère et insoutenable pour le climat, le monde devra lever le pied sur le pétrole et le charbon, mais pas du tout sur le gaz. La part des énergies fossiles dans l’énergie mondiale passera de 80% (chiffre stable depuis 2000) à 70%. Ce scénario irait avec une augmentation supérieure à 3°C de la température d’ici à 2100.

Deuxième possibilité, les pays riches renoncent au charbon, la Chine en réduit sa consommation, parallèlement à une électrification de la mobilité. La part des fossiles tombe à 55% du mix énergétique mondial et la hausse de la température mondiale atteint entre 2,1°C et 2,2°C en 2100.

Troisième possibilité, la plus vertueuse, le charbon devient une énergie du passé, représentant 6% de la demande mondiale d’énergie en 2050 (contre 27% en 2021). On réduit aussi la consommation de pétrole pour plus de solaire et d’éolien.

Moctar FICOU / VivAfrik

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