Des scientifiques du monde entier ont réclamé plus de moyens pour la recherche polaire pour face à la problématique de la fonte des pôles, mercredi 8 novembre 2023 au premier jour des travaux du One Polar Summit. En effet, l’Arctique et l’Antarctique sont aujourd’hui des espaces stratégiques majeurs dont l’équilibre de la planète dépend largement. Comme les océans auxquels ils sont intrinsèquement liés, les deux pôles Nord et Sud jouent un rôle central dans la régulation du climat et la préservation de la biodiversité. Des chercheurs et scientifiques de plus de quarante nations glaciaires et polaires se retrouvent, à l’occasion du One Polar Summit, à Paris en France, du 8 au 10 novembre 2023, pour partager leurs constats et formuler des propositions concrètes. Ils vont proposer leurs recommandations aux gouvernements afin de mieux comprendre les zones glaciaires terrestres et ralentir la fonte des glaces.
Face au réchauffement climatique, les pôles font office « d’alarme incendie du climat», résumait Céline Le Bohec, chercheuse spécialisée en biologie polaire, mercredi après-midi. Alors que l’Antarctique et l’Arctique se réchauffent respectivement deux et quatre fois plus vite que le reste du monde, leur rôle dans la régulation du climat est grandement perturbé. La fonte des calottes glaciaires, maintenant irrémédiable, condamne des écosystèmes précieux et participe à la hausse du niveau marin global qui entraînera le déplacement de millions de personnes. Encore mystérieux, le fonctionnement des pôles doit être mieux compris pour pouvoir mieux prédire ses évolutions et mieux les anticiper, ont relayé du nos confrères du site d’information le vert.eco.
La même source ajoute : comme dans d’autres domaines, la recherche sur l’ensemble des masses de glaces terrestres, appelé cryosphère, souffre d’un manque de moyens. « Nous avons besoin de plus d’infrastructures polaires, pour combler les lacunes en matière de connaissances, d’informations et de prévisions sur la cryosphère, a expliqué à Vert, Antje Boetius, chercheuse en sciences polaires, directrice de l’Institut Alfred Wegener, en Allemagne et co-présidente du sommet. Actuellement, les bateaux et les bases nécessaires aux expéditions polaires sont très vieillissants et pas adaptés pour recevoir beaucoup de personnes ». Pour avoir une compréhension précise à large échelle et sur le long terme, les scientifiques ont aussi besoin d’outils à la pointe de la technologie et des modèles performants extrêmement coûteux. Un investissement plus important permettrait aussi de pousser la recherche sur les impacts directs de la fonte de la cryosphère comme l’habitabilité des zones côtières, la sécurité humaine et alimentaire, les écosystèmes et l’économie.
Le vert.eco a renseigné que les programmes de recherche sont souvent menés en équipe. Davantage de moyens permettraient d’engager plus de monde pour aider les études en cours et multiplier les domaines de recherche dans une seule mission. Le sommet met aussi en avant l’importance de valoriser les scientifiques en début de carrière, afin de promouvoir une science innovante, diversifiée, égalitaire et inclusive.
Le manque de moyens et de personnes empêche les études sur le long terme, pourtant essentielles à la compréhension de la cryosphère qui évolue très rapidement et requiert une attention constante et prolongée. Qu’il s’agisse de la physique de la glace de mer, la chimie de l’océan Austral ou le déplacement des populations de Manchots empereur. «Les États doivent réfléchir sur le long terme, pas jusqu’à la prochaine élection », plaisante Antje Boetius dans les colonnes du vert.eco.
Suffisant pour le média en ligne de plaider pour plus de collaboration. Dans les assemblées du One polar summit, chaque scientifique qui appelle à mettre la collaboration au centre des recherches est très applaudi. « Outre le partage nos moyens matériels et financiers, l’important est de partager nos connaissances et notre temps, décrit à Vert, Yan Ropert-Coudert, chercheur spécialiste en biologie marine et directeur de l’institut polaire français Paul-Émile Victor. Des scientifiques veulent encourager les coopérations régionales avec les habitant·es des zones glaciaires – comme les Inuits ou les Sherpas. Le partage de données avec le domaine spatial est également appelé à être renforcée pour mieux étudier l’évolution des glaciers et des pôles depuis l’espace.
Plusieurs membres du sommet ont rappelé qu’il sera impossible d’enrayer la fonte des glaces si les États ne réduisent pas drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre et ne respectent pas les objectifs de l’Accord de Paris.
Moctar FICOU / VivAfrik