La réserve animalière Manovo-Gounda Saint Floris créée en 1933 en Centrafrique a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1988. Mais depuis le coup d’État de 2013 et la longue période d’insécurité qui a suivi, les braconniers étrangers, les groupes armés et les chasseurs locaux y déciment les espèces protégées de ce parc et poussant l’Unesco à le classer parmi les patrimoines en périls. En 2019, grâce au financement de la Norvège, le gouvernement centrafricain, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’ONG Wildlife conservation society program (WCS), a lancé un vaste projet pour sauver ce patrimoine.
Le jour se lève progressivement sur la réserve animalière du Manovo-Gounda Saint Floris. Comme par enchantement, un calao vient se poser sur la pancarte de l’entrée du parc et chante la bienvenue.
Selon Radio France internationale (RFI), qui a fait une incursion dans le parc, ce joyau de la nature s’offre sur une étendue de 17 400 km2. Abandonné après la crise militaro-politique de 2013, il est aujourd’hui classé parmi les patrimoines en péril de l’Unesco. Lui redonner une seconde vie, c’est à quoi se sont attelés le gouvernement et ses partenaires. Jérémie Ndallot-Olobanda est expert à la direction Générale des Eaux, Forêts, Chasse et Pêche.
« L’état a jugé mieux de signer un accord de partenariat public et privé avec WCS pour gérer durablement le complexe des aires protégées, qui était un écosystème fragile. WCS est en train de faire un travail soigné et les animaux qui avaient fui le parc commencent à revenir. Nous sommes en train d’aller vers une gestion durable de nos biodiversités, notamment la faune et la flore », a relayé RFI dans ses colonnes.
Mais sur le terrain, la mission de la Wildlife Conservation Society s’avère difficile. Felin Twagirashyaka, directeur Pays de WCS RCA évoque les défis à relever.
« Le parc étant déjà abandonné depuis plusieurs années, nous sommes en train de le récupérer petit à petit. Nous espérons que d’ici à deux ou trois ans, nous allons récupérer la totalité. Parce que si on ne fait pas ça, le site risque de perdre son statut. Notre principal défi reste la sécurité parce qu’elle est encore volatile dans la zone. »
« Un retour progressif de la faune »
Le média relève que l’équipe de l’UNESCO a constaté des avancées significatives. Aujourd’hui, le site est sécurisé sur un rayon de 8 000 km2, le braconnage a baissé grâce au travail des écogardes, les infrastructures détruites sont en cours de réhabilitation. Des caméras de surveillance ont même signalé le retour de populations d’éléphants, de lions, de léopards, de girafes, de buffles et autres.
« Ce sont des signes probants qui témoignent du retour progressif de la faune. Lors de la 45e session du patrimoine mondial, l’échéance a été donnée jusqu’en 2025 à la RCA pour évaluer l’état de la faune et le progrès réalisé, et surtout d’avoir un programme réaliste pour le retrait du parc Saint Floris de la liste du patrimoine mondial en péril », a confie à RFI Dodé Houehounha, chef du secteur culture de l’UNESCO pour l’Afrique centrale.
Mais un autre défi majeur s’impose. Dans cette zone, les communautés vivent essentiellement de chasse, de pêche et de cueillette. Grâce au financement de la Norvège, L’Unesco et WCS continuent de sensibiliser les autorités locales ainsi que les habitants sur la préservation de la faune et de la flore tout en développant des activités socioprofessionnelles pour donner du travail à cette population démunie.
Moctar FICOU / VivAfrik