Sénégal : L’ONG LSD soutient l’adaptation des femmes du Delta du Saloum face aux effets du changement climatique

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L’Organisation non gouvernementale (ONG) Lumière synergie pour le développement (LSD) contribue à la Contre-COP des peuples africains ou assemblées populaires décentralisés, en organisant un rassemblement de deux jours (les 21 et 22 septembre 2023) avec les femmes et les jeunes filles leaders du Delta du Saloum. Ce rencontre fait suite à la tenue, depuis 3 ans maintenant, par le biais de l’Africa climate justice group (Groupe africain pour la justice climatique) des activistes, et défenseurs des droits des communautés et les communautés en question des rassemblements visant à partager les connaissances sur les perspectives pouvant construire une compréhension commune et un plaidoyer en faveur de solutions réelles pour l’Afrique.

L’objectif principal de la LSD lors de cette action populaire qui a pour thème : « Soutenir l’adaptation des femmes du Delta du Saloum face aux effets du changement climatique ! » est de mobiliser et sensibiliser les associations de femmes vivant dans les Îles du Saloum sur la justice climatique et les défis liés à l’exploitation du pétrole de Sangomar.

Suffisant pour l’ONG d’organisons les Contre-COP un peu partout en Afrique. La première édition a eu lieu en 2021. L’objectif de la Contre-COP édition est de donner la possibilité aux communautés de s’exprimer sur les sujets qui les affectent notamment les changements climatiques, leurs impacts sur leurs activités, leur façon de vie mais aussi de l’exploitation pétrolière.

Le village Mar Soulou, situé dans l’île Mar qui compte 4 villages (Mar Lothie, Mar Soulou, Mar Fafaco et Mar Wandié) accueille cet événement. Et le choix est loin d’être gratuit. Car « Mar Soulou se trouve dans le Delta du Saloum. Quand on parle du Delta du Saloum, on pense directement à l’exploitation du pétrole et du gaz de Sangomar avec des enjeux qui impliquent les femmes de la communauté, qui depuis des années, contribuent à la restauration de la mangrove et luttent contre les effets pervers des changements climatiques », a dit Fatoumata Kiné Niang Mbodj, Chargée de plaidoyer et de communication à l’ONG LSD.

Au menu de la Contre-COP, le repiquage de la mangrove. Les femmes, regroupées autour de l’union locale des femmes de l’ île de Mar, ont répliqué 17 000 propagules sur une superficie de 3,5 hectares. « Nous avons planté 17 000 propagules sur une superficie de 3,5 hectares. Notre ambition est de travailler pour le bien-être des populations mais aussi de l’environnement pour contrer les effets néfastes des changements climatiques. Nous, les femmes du Delta du Saloum, nous sommes engagées à mener des opérations de reboisement et de repiquage de la mangrove pour, encore une fois de plus, préserver l’environnement et prendre les devants en perspective de l’ exploitation du pétrole et du gaz de Sangomar », a laissé entendre Mariama Diome, Secrétaire générale de l’union locale des femmes de Mar Soulou, jeudi 21 septembre 2023 au terme du repiquage de la mangrove.

S’exprimant sur le suivi de la mangrove, Mme Diome a confié à qui veut l’entendre qu’une commission est mise en place. « Nous avons mis en place une commission de suivi des mangroves reboisés ou repiqués notamment la mairie qui se charge de surveiller les enfants mais aussi les filets des pêcheurs au-dessus des jeunes plants. Grâce à ces mangroves, les poissons vont vite se reproduire, les huîtres et autres fruits de mer vont accroitre au profit des populations. Elles vont également contribuer à la séquestration du carbone», a-t-elle ajouté toute souriante.

« Nous sommes très heureuses aujourd’hui. Pourquoi notre joie ? Parce que tout simplement nous organisons, dans le cadre de la Contre-COP, le repicage de la mangrove. Un travail que nous faisons depuis des années. Mais le travail de cette année 2023 revêt un cachet particulier vue la mobilisation des femmes et des jeunes filles mais aussi des objectifs visés et des résultats déjà obtenus», s’est-elle réjouie.

Dans l’après midi, elles ont organisé une table ronde sur les changements climatiques, la justice climatique, les enjeux de l’ exploitation du pétrole. Au cours de cette table ronde, les femmes ont plaidé pour l’implication des jeunes filles leaders qui, elles aussi, ont leur rôle à jouer dans l’épanouissement des populations par le biais de la sensibilisation sur les méfaits de l’ exploitation pétrolière.

« Le choix des jeunes filles est aussi loin d’être fortuit. Il y a déjà une disparité entre les hommes et les femmes. Les changements climatiques ont exacerber l’illégalité entre les deux genres. Dans les communautés africaines, les femmes sont les plus affectées par les changements climatiques, elles souffrent plus des conséquences du dérangement climatique, notamment des problèmes liés à l’accès à la terre, l’accès à l’eau. Ces raisons font que nous privilégeons de travailler avec les femmes et les jeunes filles mais les retombées de cette lutte seront bénéfiques pour toute la communauté » a poursuivi la Chargée de plaidoyer et de communication à l’ONG LSD.

Rappelons que les femmes de la zone du Delta du Saloum dépendent étroitement des ressources naturelles de la région (52,7% du secteur de la pêche) et sont présentes dans toutes la chaine de valeurs de l’exploitation des ressources naturelles de leur terroir.

Cependant, du fait des changements climatiques, les femmes sont actuellement très affectées par la rareté des ressources naturelles et sont moins résilientes en termes d’adaptation. De toute évidence, elles seront parmi les plus touchées par les impacts de l’exploitation pétrolière.

En outre, elles participent activement à la conservation et restauration de l’écosystème du Delta du Saloum, qui profite à l’enrichissement de la biodiversité du Sénégal. Avec les enjeux liés à l’exploitation du pétrole, il est plus que nécessaire que leurs préoccupations soient prises en compte mais que leurs actions endogènes en matière d’adaptation au changement climatique soient valorisées et partagées. Il est aussi primordial de continuer à sensibiliser les femmes sur l’importance de se mobiliser autour de la justice climatique surtout avec les enjeux majeurs qui englobe l’exploitation du pétrole de Sangomar.

« Cette exploitation petro-gazière nous fait peur si l’on considère ce qui se passe dans d’autres pays africains comme le Nigeria qui a vu ses terres polluées à cause de l’exploitation du pétrole. Ce syndrome nous hante les esprits et nous craignons que le Sénégal soit aussi victime de cette malédiction du pétrole. Je pense que le moment propice pour faire entendre nos voix contre cette exploitation du pétrole en cette période de Contre-COP », a mis en garde Mariama Diome.

A l’en croire, la finalité de cette lutte, c’est l’épanouissement des populations et le bien-être de l’ environnement. L’autre objectif est que nous pensons aux générations actuelles et futures.

Moctar FICOU / VivAfrik

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