Un échange dette-nature d’une valeur de 450 millions $ lancé au Gabon

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Le Gabon a lancé, mardi 25 juillet 2023, un échange dette-nature qui devrait lui permettre de réduire sa dette extérieure d’environ 450 millions de dollars en contrepartie d’un engagement à protéger un milieu marin abritant d’innombrables espèces marines menacées.

Libreville a lancé, le 25 juillet 2023, un appel d’offres pour le rachat au comptant d’euro-obligations arrivant à échéance en 2025 et en 2031 en vue de les convertir en obligations bleues ayant des « retombées positives pour l’environnement, l’économie et le climat ». Selon une annonce du gouvernement publiée sur le site de la London Stock Exchange, le pays espère à travers cette opération obtenir une réduction de sa dette extérieure d’environ 450 millions de dollars, en échange d’engagement à protéger son milieu marin.

En mai 2023, Bloomberg avait rapporté que l’échange dette-nature dont bénéficiera le Gabon serait arrangé par Bank of America (BofA).

Cette opération, faisant du Gabon le premier État africain à s’y lancer, sera conduite, selon des sources citées par Reuteurs, par Bank of America (BofA). En contrepartie, le Gabon s’engagera à protéger 26 % des eaux territoriales, avec le soutien de The Nature conservancy (TNC). On parle d’un réseau de 20 parcs marins et réserves aquatiques s’étendant sur 53 000 kilomètres carrés, soit près du double de la surface couverte par les parcs nationaux terrestres.

Rappelons que le Gabon a créé ces dernières années le plus grand réseau de réserves marines protégées d’Afrique abritant d’innombrables espèces marines menacées, parmi lesquelles les populations reproductrices les plus importantes de tortues luths et de tortues olivâtres, ainsi que 20 espèces de dauphins et de baleines.

Composé de 20 parcs marins et réserves aquatiques, ce réseau s’étend sur 53 000 km2, soit 26% des eaux territoriales du pays.

« Au 25 juillet 2023, le montant nominal en circulation des obligations 2025 était de 700 000 000 USD, le montant nominal en circulation des obligations de février 2031 était de 1 000 000 000 USD et celui des obligations de novembre 2031 était de 800 000 000 USD. Tous les billets achetés par la République conformément aux invitations seront annulés et ne seront ni réémis ni revendus », précise la Bourse de Londres où l’échange dette-nature a été lancé.

Un échange dette-nature est l’une des techniques d’allègement de la dette des pays en développement aux côtés de l’allongement des délais de paiement, de la diminution des taux d’intérêt, de l’octroi de nouveaux crédits à des taux bas et de l’annulation de créances.

Cette technique, dont la paternité revient à Thomas Lovejoy, un biologiste de conservation de renommée qui a dirigé la section américaine du Fonds mondial pour la nature (WWF), consiste à échanger une partie de la dette extérieure contre des investissements locaux dans des mesures de protection de l’environnement comme la décarbonation de l’économie, l’investissement dans des infrastructures résilientes au climat ou la protection des forêts ou des récifs biodiversifiés, selon l’International Fonds monétaire (FMI). Dans leur forme la plus simple, les échanges dette-nature remplacent des obligations ou des prêts coûteux par un financement moins cher, généralement avec l’aide d’une garantie de crédit ou d’une assurance-risque d’une banque multilatérale de développement. Les économies ainsi réalisées sont destinées à financer la conservation de la nature.

Ces mécanismes ont récemment gagné en popularité dans le financement de la conservation, en particulier après que l’Équateur a conclu le plus gros accord de ce type et refinancé 1,6 milliard de dollars de sa dette commerciale.

A signaler que la Bolivie a été le premier Etat à bénéficier d’un tel échange en 1987, avec l’appui de l’ONG Conservation International. Les échanges dette-nature ont également permis au Belize, aux Seychelles et plus récemment à l’Equateur de bénéficier de réductions de leurs dettes extérieures et d’investir des centaines de millions de dollars dans la protection des écosystèmes naturels menacés.

Moctar FICOU / VivAfrik

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