L’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) prévoient de lancer une banque dédiée au financement des projets gaziers et pétroliers en Afrique, d’ici à fin 2023, a rapporté le site d’information Pulse Nigeria le 4 mai 2023, citant le secrétaire général de l’APPO, Omar Farouk Ibrahim et repris par l’Agence Ecofin.
« Les pays membres de l’APPO collaborent avec Afreximbank pour lancer une banque de l’énergie, d’ici à la fin de l’année en cours (2023), afin de réduire les besoins en financements étrangers », a déclaré Omar Farouk Ibrahim qui a ajouté que « le processus de création de la banque a atteint un niveau avancé. La décision relative à l’emplacement du siège de cette institution et à la date exacte de son lancement sera prise prochainement ».
Le secrétaire général a déclaré dans un message de bonne volonté prononcé lors de la sixième édition du Sommet international de l’énergie du Nigéria (NIES) qui s’est tenu récemment à Abuja que le processus de création de la banque et la coopération entre l’APPO et Afreximbank avaient atteint un niveau avancé. Il a également déclaré qu’une décision sur le site de son siège et une date de lancement seront prises prochainement.
« Cela va se concentrer essentiellement sur le financement de projets pétroliers et gaziers sur le continent africain car les fonds se sont taris », a dit Dr Omar Farouk Ibrahim.
Ecofin a indiqué qu’en Afrique, les financements étrangers orientés vers le développement des champs pétroliers et gaziers tarissent, en raison des exigences de la transition énergétique. Or, la demande et la consommation d’énergie n’ont jamais été aussi élevées sur un continent, où 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité.
En effet, la banque est en train d’être créée pour financer les opérations pétrolières et gazières en Afrique afin de freiner les financements externes qui ont généralement leurs limites.
La banque africaine de l’énergie servira à combler le manque de financements qui découlera du retrait des investisseurs étrangers dans les énergies fossiles, en raison des exigences liées à la lutte contre le changement climatique et à la transition énergétique, a insisté M. Ibrahim.
A l’en croire, la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales qui financent généralement des projets pétroliers et gaziers en Afrique ferment leurs canaux de financement en plus d’avoir « des conditions strictes, ce qui n’a pas beaucoup de sens » par rapport à 20 ou il y a 30 ans.
L’organisation espère attirer des investissements de pays ayant des intérêts importants dans le développement du pétrole et du gaz, tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït.
« Cette banque se concentrera essentiellement sur le financement de projets pétroliers et gaziers sur le continent africain, car les fonds provenant de l’étranger se tarissent », a-t-il encore dit.
Rappelons que l’idée de la banque a été mentionnée en 2022 à Luanda, en Angola, lors du neuvième Congrès et exposition africains sur le pétrole. Le plan résoudrait les problèmes rencontrés par les entreprises pétrolières nationales, selon le président angolais, Joâo Manuel Lourenço.
Ainsi, la décision a été prise à un moment où des militants écologistes font pression sur plusieurs banques multinationales pour qu’elles cessent de financer des projets pétroliers en raison de leurs fortes émissions de carbone et de la transition vers une énergie durable.
À la lumière de la campagne net zéro, un certain nombre de grandes banques, dont HSBC, Standard Chartered et Standard Bank, ont déclaré qu’elles examinaient les prêts qu’elles accordent pour des projets pétroliers et gaziers.
Aussi, durant la COP 26 à Glasgow, plusieurs pays développés et institutions financières internationales avaient décidé de ne plus financer des projets d’énergies fossiles en Afrique pour contribuer à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique, relatifs à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais de nombreux dirigeants et experts africains ont plaidé pour une transition énergétique s’étalant sur 20 ou 30 ans sur le continent, au nom de la justice climatique. D’autant plus que le continent ne produit qu’environ 3% des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
En Afrique, plus de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité et 900 millions n’ont pas encore accès à des solutions de cuisson propres.
L’APPO et Afreximbank avaient signé un accord portant sur la création d’une banque africaine de l’énergie en mai 2022, se souvient-on.
Moctar FICOU / VivAfrik