Qualité fruits Sénégal (QFS), une ferme agricole dont les installations s’étendent sur 400 ha à Mont-Rolland, dans la région de Thiès (ouest), est présentée par ses promoteurs comme un modèle à dupliquer partout au Sénégal dans le cadre de la lutte contre l’exode rural.
Cette ferme spécialisée dans l’arboriculture, les cultures maraîchères et l’élevage, a démarré ses activités en 2018 dans ce village jusque-là fortement marqué par l’exode rural.
En accord avec la mairie et les populations locales, la société exploite une assiette foncière de 400 ha sur la base d’un partenariat suivant lequel ces terres ne sont ni achetées ni vendues, selon Souleymane Bassoum, ingénieur agronome et directeur général de QFS.
Les terres sont simplement « mises à contribution », ce qui veut dire que le projet appuie chaque paysan à identifier son champ et à le cartographier. Ensuite seulement, le projet lui donne 500.000 francs CFA comme cadeau de bienvenue, ainsi qu’un emploi salarié « minimum pendant 12 mois », explique-t-il.
Le problème du foncier étant « crucial au Sénégal », il a fallu discuter avec les propriétaires, avant que la mairie ne signe avec le promoteur une convention à durée déterminée aux termes de laquelle les paysans ne sont pas « dépossédés » de leurs terres, précise le maire, Yves Lamine Ciss.
Le conseil municipal, avec l’accord des propriétaires, a voté une convention de 35 ans, fait savoir l’édile, ajoutant que la priorité de la politique d’embauche revient à la commune de Mont-Rolland. Si le profil d’employé recherché n’est pas disponible parmi les propriétaires de terre, « on cherche ailleurs dans Mont-Rolland », mais les propriétaires des champs demeurent « prioritaires » pour les embauches, indique le maire.
« C’est un projet d’envergure qui impacte sur plusieurs communes du Sénégal. Il y a des gens qui viennent de Khombole, Ngaye, Rufisque et de partout pour travailler dans ce projet » qui constitue une réponse à « la crise de l’emploi », souligne Yves Lamine Ciss.
Il est aussi adapté à la situation de Mont-Rolland où « on avait beaucoup de difficultés, surtout pendant la période de soudure. Depuis 1972-1973 avec la sécheresse, nous avons toujours eu des difficultés avec la saison des pluies pour nourrir les familles si bien que l’exode était devenu normal » dans ce village confronté il y a peu à « un exode rural massif », selon le maire.
« Aujourd’hui, celui qui ne travaille pas à Mont-Rolland, c’est parce que tu ne veux pas travailler », si l’on sait qu’avant, « il y a des familles pour lesquelles il fallait acheter des sacs de riz pour [leur ravitaillement] », renseigne-t-il.
« Sur chaque tonne de légumes que nous exportons, il y a 6500 francs CFA qui reviennent à la commune, et sur chaque tonne que nous vendons sur le marché local, elle encaisse 3500 francs CFA », signale le directeur général de QFS, une entreprise agricole spécialisée dans les cultures maraîchères et fruitières (mangues et bananes).
« Pour la culture maraîchère, nous avons le haricot, ensuite les tomates, le piment, la carotte, les choux, les navets, la laitue. Nous travaillons 12 mois sur 12. Nous ne sommes pas une société qui ferme », détaille l’ingénieur agronome.
« Nous avons progressivement mis notre option sur le Sénégal. Nous exportons 48 pour cent de notre production, et 52 pour cent de cette exportation va vers le marché local et sous-régional », a relevé Souleymane Bassoum. Il ajoute : « en pleine saison, nous avons 2000 emplois et en moyenne saison, nous en avons 400. Nous payons 1 milliard en salaires par an et avons versé 72 millions à la mairie depuis le démarrage du projet ».
La première année, note-t-il, ce montant était de « 13 millions, la deuxième année, 27 millions et cette année, 30 millions ». Il s’y ajoute que « 95 pour cent des employés sont de la commune de Mont-Rollant, 85 pour cent sont des femmes et 65 pour cent sont des jeunes ».
Avec APS