Installée devant sa maison, Esther Kinsou Gnissegnon remplit à tour de bras, des bidons et bassines d’eau entreposés à côté de sa fontaine. Chaque jour, ses voisins ainsi que de nombreux autres habitants des Aguégués (Sud-Est du Bénin) viennent s’approvisionner en eau potable chez cette ménagère.
Ainsi, Esther Gnissegnon, une mère de quatre enfants s’est réjouie en ces termes. « Je ne sais pas comment remercier la Banque africaine de développement (BAD). Car, grâce aux réalisations de son projet, il n’y a vraiment plus de coupure d’eau dans la ville, comme par le passé. Le débit produit aujourd’hui est même stable et la qualité de l’eau fait qu’elle est agréable à boire ».
Avec la vente de l’eau de fontaine, elle réalise une marge bénéficiaire qui lui permet de dégager des ressources pour les réparations et l’entretien du robinet et du compteur en cas de panne. « Je suis très satisfaite, mais je souhaite aussi une révision du coût du mètre cube d’eau, a-t-elle plaidé dans le site officiel de la BAD. Car parfois je me retrouve dans la catégorie supérieure des consommateurs, en fonction des ventes effectuées. Du coup, j’ai souvent des factures élevées ».
Rappelons que Esther Gnissegnon est une des bénéficiaires du Projet de réduction des pertes d’eau et d’amélioration de la viabilité des systèmes d’alimentation en eau potable des villes de Cotonou, Porto-Novo et leurs agglomérations. Mis en œuvre depuis 2016, le projet a reçu un financement de 8,87 millions de dollars américains du Fonds spécial du Nigeria, une des trois entités du Groupe de la Banque africaine de développement, avec la Banque africaine de développement et le Fonds africain de développement.
Le but du projet est de fournir de l’eau potable à un million d’habitants des villes de Cotonou, de Porto-Novo et de leurs agglomérations et de faciliter une croissance inclusive et verte. Le projet vise aussi à réduire le niveau des pertes d’eau dans le réseau national – fuites et non-facturation – de 26 % en 2014 à 20 % au terme de l’exécution du projet dont le délai de clôture a été finalement repoussé à la fin de l’année 2023. La survenue de la pandémie de coronavirus a retardé la clôture du projet initialement prévue en 2020.
Pour la Banque africaine de développement qui s’exprimait via son site internet, jusqu’au début du mois de mars 2023, le taux d’exécution des différentes composantes du projet se situait entre 83 % et 100 %. Le projet a notamment permis d’acquérir des équipements et des installations hydrauliques, électromécaniques et des compteurs clients (42 500 dont 15 354 compteurs ordinaires ont été installés) et de poser des conduites et des accessoires. Il a également permis d’acquérir des robinets d’équerre inviolables – type de robinets fabriqués à l’étranger. En outre, 2 300 mètres linéaires de conduites vétustes ont été remplacées et des équipes de recherche de fuite d’eau ont été mises en place ainsi qu’un système de gestion de la maintenance assistée par ordinateur. Le projet a également renforcé le système de suivi et de l’information y compris la numérisation des réseaux d’eau et l’introduction d’un système « intelligent » d’aide à la décision.
D’après Marc Gandonou, le maire de la commune des Aguégués, « l’impact du projet commence à se ressentir depuis le remplacement des conduites d’eau, objet de fréquentes casses. Avant le projet, la Société nationale des eaux du Bénin était obligée d’isoler le réseau qui dessert toute la ville avant de procéder à la réparation de la fuite d’eau. Maintenant avec les équipements hydrauliques installés par le projet, nous constatons une réduction du temps d’interruption de la fourniture de l’eau ». Selon lui, le projet a surtout permis à la population de sa ville d’avoir un accès durable à l’eau potable.
« La réalisation du projet a contribué aussi bien à l’amélioration progressive du rendement du réseau d’eau de la société nationale dans la zone du projet qu’à la qualité du service d’eau potable offerte aux populations », a fait valoir le coordonnateur du projet, David Kodjo également directeur du développement de la planification et des études à la Société nationale des eaux du Bénin.
Moctar FICOU / VivAfrik