La production agricole est en baisse en Europe et inquiétante en Afrique où les importations de céréales ont également fortement diminué, ont constaté les professionnels qui ont fait le bilan de cette production.
La consommation d’engrais chimique a chuté de 25% sur le continent africain en un an. Les pays de l’Union africaine (UA) aimeraient développer la production, mais il faut avant toute chose pouvoir importer, a expliqué le président de la branche française de Yara, le leader mondial des engrais, également présent au Ghana ou en Côte d’Ivoire.
A cet effet, Nicolas Broutin a laissé entendre que « clairement aujourd’hui, l’Afrique est potentiellement dans une situation dramatique. Il y a d’abord la question d’acheminer des céréales parce que la question du blocage des céréales a beaucoup joué en défaveur d’un continent comme l’Afrique et puis [celle] de pouvoir envoyer des engrais à des prix qui soient acceptables localement ».
Des engrais trop chers, les prix de l’énergie qui augmentent, les aléas climatiques qui font des dégâts… Dans certains pays, les récoltes 2023 s’annoncent encore plus difficiles.
De son côté, le président du comité Relations internationales de la filière céréalière française, Philippe Heusèle a illustré qu’on « on voit des producteurs qui se demandent si semer vaut le coup s’ils ne parviennent pas à couvrir leurs coûts de production. On le voit par exemple au Maroc en ce moment. D’après les sources que j’ai pu entendre, les pluies ne sont pas au rendez-vous suffisamment, la semence n’est pas forcément disponible et les engrais ont augmenté ».
Rappelons que l’année dernière, le Maroc n’avait collecté que 85 000 tonnes de blé tendre et a été contraint d’importer plusieurs millions de tonnes de céréales. En Afrique, depuis quelque temps, le mot d’ordre est donc à la souveraineté alimentaire et au développement d’une agriculture capable de fournir son marché intérieur. L’objectif de la souveraineté alimentaire est l’un des enjeux fixé au nouveau ministre de l’Agriculture du Sénégal qui était de passage à Paris à l’occasion du Salon.
« Nous avons mis en place cette stratégie alimentaire avec un budget prévisionnel d’environ 5 000 milliards [de francs CFA] sur les cinq prochaines années pour être pratiquement auto-suffisant sur l’essentiel des produits de consommation. Nous consommons beaucoup de riz, beaucoup de maïs. Nous avons fait des bonds importants. Nous sommes passés de 1,5 million de tonnes de céréales en 2010 à 3,5 millions de tonnes. Mais nous avons besoin d’en produire davantage », a détaillé Aly Ngouille Ndiaye.
Moctar FICOU / VivAfrik