Mise en œuvre de la CDN : Le Sénégal à la quête de ressources de financement

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Comment opérationnaliser l’article 6 de l’Accord de Paris sur le climat au Sénégal ? Quelle stratégie adopter pour atteindre cet objectif ? C’est au tour de ces interrogations que les experts se sont penchés à l’occasion de l’Atelier de validation de la stratégie de mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris dans notre pays le 21 février 2023 à Dakar.                        

Cet atelier de validation de la stratégie de mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris « s’inscrit dans le cadre des réflexions en cours visant la mise en place de sources de financement approprié aux fins de la lutte contre le changement climatique et d’exécution de la Contribution déterminée au niveau National (CDN) », a reconnu Antoine Faye, membre du Comité national changement climatique. M. s’occupe de la commission finance et mécanisme de marché carbone au ministère sénégalais de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique.

« Les ressources nationales ne suffiront pas pour financer la CDN. D’autres sources de financement devront être explorées à travers notamment la finance carbone. L’expérience a montré que les mécanismes de marché peuvent devenir l’un des outils majeurs de la finance climatique basée sur les résultats », a renchéri celui qui est venu représenter la cheffe de Division changement climatique à la Direction de l’environnement et des établissements classes (DEEC) lors de cette rencontre de haute porté.

Cependant, a relevé Antoine Faye, beaucoup de pays en voie de développement ont faiblement bénéficié des opportunités offertes par le Mécanisme de développement propre (MDP) sous le Protocole de Kyoto. Cet accès réduit peut être attribué au retard accusé dans l’établissement des cadres institutionnels nécessaires à la participation et à la promotion de l’utilisation du MDP au niveau national mais également à un déficit d’informations et de sensibilisation à l’égard des porteurs de projet, notamment du secteur privé.

De l’avis du membre du Comité national changement climatique, « ces insuffisances devront être corrigées dans le cadre de l’article 6 de l’Accord de Paris pour renforcer la prise en compte du marché carbone en vue de l’exécution des CDN ».               

« C’est dans ce cadre que le ministère de l’Environnement, du développement durable et de la Transition écologique avec l’appui de Global Green Growth Institute (GGGI, en français Institut mondial de croissance verte) s’est lancé dans le processus de formulation d’une stratégie de mise en œuvre de l’article 6, en vue de mettre en place un cadre favorable au développement de la finance carbone dans l’optique de mobiliser des ressources additionnelles facilitant la mise en œuvre de la CDN », a relevé le responsable Sénégalais.

A l’en croire, la mise en place de cette stratégie vient à son heure au regard des avancées notées dans la prise en charge de cette question avec notamment la politique de renforcement de capacités des acteurs sur les mécanismes de marché, la signature d’accord de coopération bilatérale avec la Suisse et le Japon sur les transferts de réduction des émissions, l’identification d’activités pilotes dans certains secteurs clés ainsi que la préparation d’un texte juridique sur la gestion de l’article 6.

Concluant son speech, il a laissé entendre que la définition de cette stratégie permettra d’assurer une meilleure cohérence et coordination des activités sur le marché carbone et de répondre aux exigences de l’article 6 en vue de tirer pleinement profit des opportunités offertes.

Pour sa part, Assana Magagi- Alio, Directrice Pays pour le Sénégal à l’institut mondial pour la croissance verte a fait valoir qu’« après les COP de Glasgow et de Sharm El Sheikh, l’opérationnalisation de l’Article 6 devient une réalité et l’ensemble des acteurs travaillent maintenant à mettre en place des outils et procédures opérationnels de mise œuvre des méthodologies, d’une infrastructure robuste, d’un cadre de transparence ou encore de programmes de renforcement des capacités ».

Le GGGI accorde une importance capitale à une mise en œuvre équitable de l’Article 6 au niveau global.  Opérant dans pas moins de 12 pays dans le cadre de 3 programmes phares dont le DAPA, le GGGI travaille à la mise place d’un environnement propices aux transactions carbone à travers des outils comme la plateforme de transaction carbone qui doit faciliter les interactions entre les acheteurs et les vendeurs et renforcer les capacités des acteurs de la phase de conception à la mise en œuvre des transactions en passant par les aspects techniques, fudiciaires et juridiques, a ajouté la Représentante résidente de GGGI au Sénégal.

Avec l’objectif stratégique de l’adoption de politiques en faveur de l’augmentation de l’investissement et l’accès à la finance climat, GGGI entend aux cotés des partenaires, participer à la mise en place d’un cadre de gouvernance facilitant les transactions carbones notamment à travers des outils opérationnels que le pays pourra s’approprier directement.

Assana Magagi- Alio a également rassuré les experts sur l’entière disponibilité de son Institut à soutenir les initiatives du Sénégal pour atteindre les objectifs de développement sobre en carbone et résilient au changement climatique.

Selon elle, le leadership du Sénégal en matière de lutte contre le changement climatique matérialisé par une représentation très forte dans les instances de décision lui vaut une attractivité remarquable pour la mise en œuvre de projets pilotes se rapportant à lArticles 6 dans tous les secteurs (énergie durable, assainissement, déchets, etc…)

« L’élaboration d’une stratégie claire de mise en œuvre devient dès lors une nécessité, pour non seulement disposer d’une feuille de route claire et budgétisée, mais aussi pour optimiser les interventions des différents partenaires. Le GGGI avec le mandat qui est le sien, et qui est d’accompagner ses pays membres dans leur stratégie de croissance verte ne pouvait qu’accompagner ce processus », a rassuré la Représentante résidente de GGGI au Sénégal.

L’article 6 de l’Accord de paris parle de la coopération internationale qui inclut le transfert de réduction d’émission pour respecter les CDN des différents pays, a d’emblée précisé El Hadji Mbaye Diagne, membre du Comité national changement climatique du Sénégal par ailleurs directeur de la Société Afrique-énergie-environnement et négociateur en chef du groupe Afrique pour tout ce qui concerne les marchés carbone.

A ses yeux, c’est une opportunité de bénéficier de financements importants dans le cadre de transfert de réduction d’émission d’un pays à un autre. Ce processus concerne aussi bien l’Etat, les agences de l’Etats à travers les grands projets que le secteur privé, les Organisations non gouvernementales (ONG), ou même les collectivités locales et les petites organisations de femmes.

Certains projets qui n’auraient pas pu être mis en œuvre sur le plan financier pourraient, dans le cadre d’un marché carbone, bénéficier de revenus complémentaires qui leurs permettent d’être viables, a expliqué l’expert Sénégal, ajoutant qu’au niveau de Sharm El Sheikh, les règles pour la mise en œuvre de l’article 6 de l’Accord de Paris qui concernent ces transactions carbone ont été précisées.

Cela nécessite, selon lui, « d’avoir, au niveau du pays, un dispositif institutionnel légal, des connaissances techniques, très solides pour bénéficier efficacement de ce mécanisme ».

« Il y avait un autre mécanisme dans le cadre du Protocole de Kyoto mais les pays africains n’en ont pas bénéficiés tout simplement parce qu’ils considéraient que c’était complexe, qu’ils n’avaient pas tous les dispositifs et les infrastructures nécessaires pour permettre à leurs populations, à leurs sociétés, à leurs ONG de bénéficier de ce mécanisme », a rappelé Hadji Mbaye Diagne qui accueille, avec beaucoup de joie le fait que le Sénégal s’oriente vers la mise en œuvre d’« une stratégie sans reproche ».

Moctar FICOU / VivAfrik

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