Les experts de l’Organisation des Nations unies (ONU) espèrent qu’avec l’élimination des gaz qui détruisent la couche d’ozone celle-ci pourrait se résorber au cours des 40 prochaines années. Mais des projets de géo-ingénierie solaire menacent cette perspective.
En termes clairs, la couche d’ozone devrait se rétablir dans les quatre décennies à venir si les États maintiennent les politiques actuellement en vigueur. C’est la conclusion d’un groupe d’experts mandatés par les Nations unies présentée lundi 9 janvier 2022 à l’occasion de la réunion annuelle de la société américaine de météorologie.
Cette annonce sonne comme une bonne nouvelle pour l’avenir de la planète. En effet, l’élimination progressive des substances chimiques qui la détruisent contribue à limiter le dérèglement climatique, selon le rapport publié le 9 janvier par ce groupe d’experts. De potentiels projets de géo-ingénierie solaire pourraient toutefois avoir des effets indésirables, préviennent ces mêmes scientifiques.
Dans les années 1980, l’épaisseur de la couche d’ozone a fortement diminué à certains endroits du globe, à cause des émissions, par l’homme, de produits chimiques de synthèse. Mais depuis les choses se sont améliorées. Le protocole de Montréal, un accord mondial conclu en 1989, pour éliminer progressivement l’utilisation de ces produits chimiques, porte ses fruits.
Rappelons que le trou de la couche d’ozone a été créé par la pollution d’origine humaine, particulièrement par les chlorofluorocarbures (CFC) autrefois émis par de nombreux réfrigérateurs.
« L’élimination progressive de près de 99% des substances interdites qui détruisent l’ozone a permis de préserver la couche d’ozone et contribué de façon notable à sa reconstitution dans la haute stratosphère et à une diminution de l’exposition humaine aux rayons ultraviolets nocifs du soleil », notent ces experts, qui publient leur estimation quadriennale sous l’égide de l’ONU.
Si les politiques actuelles restent en place, le trou de la couche d’ozone pourrait se résorber « d’ici à environ 2066 au-dessus de l’Antarctique, 2045 au-dessus de l’Arctique et 2040 dans le reste du monde », ont-ils ajouté.
La protection des êtres vivants contre les rayons ultraviolets
Les scientifiques observent que la taille et la profondeur du trou d’ozone au-dessus de l’Antarctique notamment diminuent lentement depuis l’an 2000. C’est une bonne nouvelle, car la couche d’ozone située très haut dans l’atmosphère sert de bouclier contre les rayons solaires nocifs.
Plus ce bouclier est épais et plus les êtres vivants sont protégés de ces rayons ultraviolets. Et parmi eux, les plantes, qui peuvent alors encore mieux jouer leur rôle de puits de carbone et donc aider à lutter contre le réchauffement climatique.
Les chercheurs estiment que la reconstitution de la couche d’ozone pourrait permettre d’éviter un réchauffement supplémentaire de +0,5 °C d’ici à la fin du siècle. Cela montre que lorsque les États se mettent d’accord entre eux et agissent de concert, cela fonctionne.
Les potentiels effets indésirables des projets de géo-ingénierie
En 2016, l’accord de Kigali a prévu aussi l’élimination progressive des hydrofluorocarbones (HFC), gaz extrêmement nocifs pour le climat utilisés dans les réfrigérateurs et climatiseurs. Si l’accord est respecté, il pourrait réduire de 0,5 °C le réchauffement mondial d’ici à 2100, ont déjà estimé les experts.
Toutefois, ces chercheurs se sont aussi penchés pour la première fois sur les potentiels effets sur l’ozone de projets de géo-ingénierie destinés à limiter le réchauffement climatique, mettant en garde contre leurs effets indésirables. L’idée serait d’ajouter intentionnellement des aérosols dans la stratosphère pour ainsi renvoyer une partie des rayons du soleil. Un de ces projets consisterait à injecter des milliards de particules de soufre dans la couche supérieure de l’atmosphère.
Une injection de particules dans l’atmosphère « pourrait avoir pour conséquence une grave baisse du niveau de l’ozone », met en garde John Pyle, co-président du panel scientifique qui travaille sur l’ozone pour le compte de l’ONU. « Il y a beaucoup d’incertitudes », selon lui.
Moctar FICOU / VivAfrik